Intervenant lundi 16 juillet 2018 à la tripartite CNSA-Gouvernement-CENI sur le dossier de la décrispation politique, le ministre d’Etat chargé de la Justice et Garde des sceaux, Alexis Thambwe Mwamba, s’est prononcé sur l’état des lieux du processus de décrispation, assurant que le gouvernement avait accompli sa part du travail en libérant de nombreux prisonniers. Au sujet des cas dits emblématiques, en fait, des personnalités que l’opposition présente comme des prisonniers politiques (Moïse Katumbi Chapwe, Claude Muyambo, Eugène Diomi Ndongala, Frank Diongo), le ministre de la justice a indiqué que la nature des délits pour lesquels ils sont poursuivis ou condamnés, des délits de droit commun, ne lui permet pas de les libérer. Selon des médias, Thambwe Mwamba aurait critiqué ceux des médias qui se répandent en publications favorables au dernier gouverneur de l’ex Katanga, « des minables, misérables, des personnes qui écrivent n’importe quoi pour peu d’argent, 1.000 ou 1.500 dollars US de Moïse Katumbi et continuent à lui accorder la parole ». Les propos ont été très mal pris par certaines organisations des journalistes, qui se montrent vexées jusqu’à la moelle épinière. A commencer par l’Union de la Presse du Congo (UNPC) que dirige Jean-Boucard Kasonga Tshilunde. Dans un communiqué publié le 17 juillet 2018, le président de l’UNPC qualifie de « méprisants, irresponsables et irrespectueux » les propos du ministre de la justice et exige « le retrait, endéans 48 heures, de ces insultes, faute de quoi la profession prendra des mesures graves de rétorsion ».
En fait de rétorsion, l’UNPC et son président semblent s’y être déjà engagés avec la publication de ce communiqué qui « considère ces propos comme inacceptables et indignes d’un homme d’Etat qui, de par son passé, n’a aucune leçon de moralité à donner aux journalistes ». Dire d’un ministre du gouvernement qu’il manque de dignité et de moralité n’est pas propos moins « méprisant », moins « irresponsable » et moins « irrespectueux ». L’UNPC et son président se rendent coupables, ce faisant, des mêmes faits reprochés au ministre de la justice avant même de prendre les fameuses « mesures de rétorsion » contre un membre du gouvernement de la République.
Encore que dans les milieux de la presse, beaucoup s’étonnent de cette réaction de l’UNPC ou de l’une ou l’autre organisation apparentée, face à des affirmations ou des accusations qui n’ont rien de nouveau. Avant Alexis Thambwe Mwamba, des personnalités comme Abdulaye Yerodia Ndombasi avaient déjà traité les organes de publication du pays d’«organes de poubellication», pour déplorer la qualité d’informations de qualité discutable régulièrement livrées à l’opinion sans s’attirer les foudres de guerre de quiconque dans la profession. Des organisations non gouvernementales ayant pignon sur rue ont déjà étudié et tenté d’enrayer le phénomène de « coupage » (en fait d’achats des consciences des journalistes) qui est donc une réalité avérée en RD Congo. Dans ces conditions, plus tôt que de s’offusquer non sans clowneries des accusations d’Alexis Thambwe Mwamba, il serait plus indiqué de prouver que le ministre de la justice n’est pas plus exempt de corruption des médias que Moïse Katumbi Chapwe, estiment certains.
J.N.