Machine à voter, électeurs sans empreintes digitales, etc. ; le patron de la centrale électorale nationale en a marre de la politisation de ces questions et l’a fait savoir au cours de son intervention le 11 juillet 2018 à la tripartite CNSA-Gouvernement-Ceni. Ceux qui ne veulent pas de la machine à voter devront choisir entre son maintien permettant la tenue des élections à date échue et son rejet qui les renverrait sine die.
C’est un Corneille Nangaa quelque peu inquiet mais toujours déterminé qui s’est présenté mercredi 11 juillet 2018 à la tripartite CNSA-Gouvernement– Ceni sur l’évaluation du processus électoral. Le Président de la centrale électorale nationale s’est dit quelque peu préoccupé par la forte tendance à la politisation du processus technique vers les élections et plus particulièrement de la machine à voter.
Sans détour, il a exprimé son étonnement face à l’hostilité de l’opposition sur cette machine à voter. Etonné d’autant plus, a-t-il estimé, que cette frange de l’opposition dit parler au nom de la population que personne n’a consulté. Insistant, tout de même, sur la nécessité d’un consensus de la classe politique sur cette question, Corneille Nangaa a fait remarquer que « jusque-là, il n’y a pas eu référendum pour savoir si les gens sont contre la machine à voter ou pas ».
Et de faire encore remarquer : «C’est bon de dire qu’il n’y a pas consensus sur la machine à voter parce que tel a dit à la radio que je suis contre. Mais tenez aussi compte de la majorité silencieuse qui ne passe pas à la radio. Et qui a évalué pour dire que c’est la majorité qui est contre. Avez-vous fait un référendum là-dessus? Non ! Qu’on dépolitise cette question ».
Réaffirmant sa détermination à organiser les élections à la date du 23 décembre prochain, le Président de la CENI a exhorté les acteurs politiques à privilégier le plus important pour le peuple, estimant pour sa part que c’est de permettre d’exaucer la volonté de l’alternance à la tête des institutions nationales. « Avançons et tenons compte de ce qui est important pour le peuple congolais », a-t-il déclaré avant d’ajouter : « Pas pour les partis politiques et les acteurs politiques. Que le 23 décembre le peuple vote. On veut avoir un nouveau président de la République. On veut avoir de nouveaux Députés, mais aussi un nouveau Sénat ».
Genèse de la machine à voter
Corneille Nangaa a profité de la tribune de la tripartite pour rappeler le contexte qui a prévalu pour la levée de l’option de la machine à voter. Il a ainsi rappelé que « la CENI avait levé l’option de recourir à un dispositif technique permettant l’impression instantanée du bulletin de vote par l’électeur au bureau de vote et de dépouillement pour relever le défi de la tenue simultanée et en une seule journée de trois scrutins directs ». « La machine à voter n’introduit nullement le vote électronique qui, suivant les standards internationaux, fusionne les étapes de vote et du dépouillement en privant l’électeur du contrôle du choix qu’il aura effectué », a-t-il expliqué.
Quant au volet légal qui cristallise également l’hostilité contre la machine à voter, le patron de la centrale électorale a rappelé que « c’est conformément à la législation congolaise organisant le vote à bulletin papier que ce matériel de vote sera utilisé, pour remplacer les bulletins pré-imprimés par des bulletins miniaturisés, faciles à manier ». Pour lui, «ce dispositif participe à la simplification des opérations de vote et de dépouillement, sans remettre en cause la procédure traditionnelle du vote à bulletins-papiers ».
En un mot, a-t-il résumé, « la machine à voter permet l’allègement de la logistique, la réduction du nombre des bulletins invalides et un gain considérable de temps dans le circuit de vote par rapport aux bulletins de taille surdimensionnée utilisés jusqu’alors ».
« La problématique de la gestion du temps de vote de chaque électeur est particulièrement délicate dans le contexte de trois scrutins combinés », a encore fait remarquer Nangaa qui a aussi relevé que « la taille du bulletin de vote a aussi un effet pervers dans le dépouillement et la compilation des résultats en ce qu’elle peut favoriser le chaos en ralentissant le comptage des voix et en exposant les bulletins à des manipulations illégales». Et de souligner aussi que la taille du traditionnel bulletin de vote « contribue également à la dégradation de l’environnement de la compilation, les centres étant confrontés à des piles de bulletins difficiles à gérer ».
Conclusion de Corneille Nangaa : « Loin de favoriser la tricherie, la machine à voter contribue par contre à l’accroissement de la transparence du vote et des opérations y relatives, et participe, de ce fait, à la consolidation de la démocratie ». A la classe politique donc de choisir, selon le Président de la CENI, entre la machine à voter qui permettra que les élections se tiennent à date échue et le rejet de cette machine qui renverrait les élections sine die.
Pas de panique pour les électeurs sans empreintes
Autre sujet de contestation politique : les 16,6% d’électeurs enrôlés sans empreintes digitales. Ici également, Corneille Nangaa a tenu à rassurer que « la polémique autour de cette question procède d’une récupération politique aux antipodes des termes mêmes du rapport final d’audit (Ndlr : du fichier électoral) ». Rappelant les termes du rapport de cet audit de l’OIF, il a fait remarquer que « ce phénomène s’explique, en partie, par la possibilité offerte au président du centre d’inscription de valider l’enrôlement sans l’enregistrement des empreintes. Cette disposition a été introduite dans les mesures d’application de la loi portant identification et enrôlement des électeurs dans un souci d’exclusivité pour permettre aux électeurs sans mains, aux doigts amputés ou aux empreintes illisibles de s’enrôler ».
De ce fait, a poursuivi Corneille Nangaa, « ces électeurs inscrits sans empreintes digitales, conformément à la règlementation en vigueur, ne peuvent faire l’objet d’aucune radiation. Faire suite à une telle demande constituerait une violation flagrante des dispositions légales ». Les électeurs sans empreintes digitales ne sont donc pas des fictifs, a-t-il conclu.
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