A la tripartite CNSA-Gouvernement-CENI ouverte à l’immeuble de la territoriale, boulevard triomphal à Kinshasa, le Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral que dirige le Fonus Joseph Olenghankoy s’est fendu, mardi 10 juillet 2018, de sa propre évaluation de l’application de l’accord du 31 décembre 2016 et du processus électoral. Le CNSA assure que certains engagements en rapport avec le processus électoral et la décrispation politique ne sont pas respectés.
Même si le rapport lu en plénière fait état du strict respect des dispositions qui interdisent la révision de la constitution et le recours au referendum, conformément à l’accord du 31 décembre 2016. Mais aussi que « de plus en plus, certains acteurs politiques évoquent une possibilité d’un troisième mandat pour le président de la République, Joseph Kabila, chose interdite par l’accord ». Ce en quoi Joseph Olenghankoy et ses collaborateurs déraillent manifestement : « on se demande ce que viennent faire des opinions politiques dans l’appréciation du respect de l’accord », rouspétait mardi dans la mi-journée, un participant aux travaux. Qui soutient que « l’accord lui-même n’interdit nulle part la liberté d’expression, même de ceux qui évoquent la possibilité d’un troisième mandat pour Kabila », selon lui.
Au sujet de la machine à voter également, Joseph Olenghankoy et ses collaborateurs se révèlent plus royalistes que le roi en déclarant que la question ne fait pas l’unanimité dans la classe politique. Selon certains observateurs, le problème de l’unanimité sur la machine à voter ne se pose pas, simplement. Il s’agit d’une option de la CENI qui se fonde sur la possibilité que lui offre l’accord d’innover si cela s’avère avantageux pour le processus électoral. C’est ce qui a été fait parce que jusqu’à présent, nul n’a démontré que le choix sur la machine à voter est contraire à l’organisation de scrutins électoraux crédibles aux dates convenues.
Intervenant sur le sujet, mercredi 11 juillet 2018, le président de la CENI a proprement remis les pendules à l’heure en invitant à la dépolitisation des considérations sur l’ingénierie d’impression des choix des électeurs. Il est facile de dire qu’il n’y a pas consensus sur la machine à voter parce que tel acteur politique s’est prononcé à la radio, a soutenue Corneille Nangaa. Faisant observer que « tenez aussi compte de la majorité silencieuse qui ne passe pas à la radio. Qui a évalué pour dire que c’est la majorité qui est contre. Avez-vous fait un référendum là-dessus ? Non. Qu’on dépolitise cette question », a asséné Corneille Nangaa sans être contredit. « Avançons et tenons compte de ce qui est important pour le peuple congolais. Pas pour les partis politiques et les acteurs politiques. Que le 23 décembre, le peuple vote. On veut avoir un nouveau président de la République. On veut avoir des nouveaux députés mais aussi un nouveau sénat », a encore déclaré le patron de l’administration électorale congolaise.
Mercredi et jeudi, les ministres de la Communication et médias et son collègue des finances ont livré le point de vue gouvernemental sur la décrispation politique qui révèle que tous les médias pour des raisons administratives ont été rouverts et que la CENI reçoit régulièrement les financements qui lui sont dus. On s’attend au même son de cloche du ministère de la justice, dont l’intervention est attendue à la tripartite.
Mais un bémol, cependant, côté opposition, où aucune initiative de décrispation n’a jamais été prise depuis la signature de l’accord de la Saint Sylvestre le 31 décembre 2016. « Tout se passe comme si la décrispation ne concerne que pouvoir en place, alors que l’opposition brille par des actes qui crispent le climat politique », note ce participant aux travaux de la tripartite. Qui relève que les évêques de l’église catholique et le Comité Laïc de Coordination (CLC) appellent continuellement à l’insurrection populaire et l’application des sanctions ciblées contre les responsables étatiques du pays de la part de leurs patrons occidentaux sans que le CNSA ne lève le plus petit doigt pour les rappeler à l’ordre.
J.N.