Ceux qui ont eu la chance de fréquenter l’école primaire et surtout de retenir l’essentiel de la sagesse qu’on y acquiert se souviennent de plusieurs fables de Jean de la Fontaine. Cet auteur Français du XVIIème siècle a marqué les esprits de plusieurs générations d’élèves des pays francophones et d’ailleurs. Nombreux sont ceux qui se rappellent du fameux : « le corbeau et le renard ». La leçon essentielle de ce bref récit est de nous apprendre à nous méfier des flatteurs.
Ceux qui ont bonne mémoire se rappellent une autre fable : « la grenouille qui veut se faire aussi grosse que le bœuf ». Dans ce texte, le fabuliste ne pointe plus la flatterie et la naïveté, il met le doigt sur la prétention à devenir ce pour quoi on ne dispose d’aucune qualité.
Comme beaucoup de jeunes officiers qui deviennent Capitaines rêvent de grimper jusqu’au rang de Général, dans l’Administration publique, énormément de chefs de bureau caressent le projet de terminer leur carrière dans le bureau du Secrétaire Général. Or, les qualités que l’armée exige du Capitaine sont bien éloignées de celles que doit montrer un Général. Il en est de même des aptitudes dont doit faire preuve le chef de bureau par rapport à celles d’un Secrétaire Général.
Presque tous ceux qui savent lire et écrire se souviennent de Jean de la Fontaine, mais bien peu de monde ont connaissance du « Principe de Peter ». Selon cette sagesse sortie de l’observation du comportement des humains par rapport à leurs compétences professionnelles, il s’avère bien souvent que les hommes ayant atteint un certain niveau de performance s’imaginent être bon pour le stade supérieur. En fait, il n’en est rien. Dit plus simplement, le principe de Peter établit que : « chaque employé tend à se lever à son niveau d’incompétence ».
En République Démocratique du Congo, un homme bien connu, nous a fait la démonstration de la pertinence de ce « Principe de Peter ». En effet, Adolphe Muzito, licencié en sciences économiques, inspecteur des finances de son état, fonction dans laquelle il n’a marqué l’esprit d’aucun de ses collègues et encore moins de ses supérieurs, avait su, usant des qualités du renard de Jean de la Fontaine, s’approcher du Patriarche Antoine Gizenga.
Et comme en politique, la rationalité ne caractérise pas toujours les parcours, l’obscur inspecteur des finances sera catapulté ministre de la République à la faveur de la désignation du Patriarche du Parti Lumumbiste Unifié (PALU) au poste de Premier Ministre. Les réalités internes au fonctionnement du PALU feront que c’est à lui que l’on confiera la Primature dès que le Patriarche sentira que son corps ne répondait plus aux exigences de cette fonction éprouvante. Et c’est à partir d’ici que fonctionnera le « Principe de Peter ». L’homme avait atteint son niveau d’incompétence.
Adolphe Muziro sera un Premier Ministre aussi obscur qu’il a été inspecteur des finances. La République Démocratique du Congo ne garde aucune infrastructure, aucune réforme, aucun succès d’envergure dû à son talent de manager. Les férues de l’actualité congolaise se rappellent avec quel toupet l’homme avait voulu s’attribuer les mérites de l’atteinte, par la RD Congo, du point d’achèvement de l’initiative PPTE en 2010. La réalité est que cette réussite fut le fruit d’un travail de longue haleine mené par les spécialistes tant de la Présidence de la République, de la Banque Centrale du Congo que des Ministères des Finances des gouvernements précédents.
Même les habitants de Kikwit, dont il est l’actuel élu, attendent toujours de savoir quel est le bilan que leur ancien Premier Ministre présentera d’ici quelques mois, lors de la campagne électorale. Ce n’est pas du bilan de l’enrichissement personnel dont il est question ici. Sur ce terrain, l’homme a bien réussi ! Mais, selon les canaux de quelle morale ? Etait-ce pour ça qu’il avait été élu ? La réussite d’un Premier Ministre se mesure au nombre d’écoles construites, au nombre de centres de santé et autres infrastructures d’utilité publique réalisés.
Ayant échoué sur le plan politique, Adolphe Muzito a tenté briller sur celui de la réflexion intellectuelle. Les lecteurs des journaux kinois se rappelleront les nombreuses tribunes dont il a gratifiées les politiciens et intellectuels de notre pays. Le but, semble-t-il, de ces publications était de susciter un débat autour d’un certain nombre de thèmes supposés intéresser nos compatriotes. La vacuité des textes et la prétention de l’auteur ont amené directement les fameuses tribunes dans les poubelles, voie royale vers les oubliettes. Le fiasco a été total.
Avant même de lire ces élucubrations, les Congolais, avec le bon sens qui leur est reconnu, se sont interrogés sur ce que pouvait être la crédibilité des écrits d’un homme qui n’a pas pu construire ne serait-ce que 10 salles de classe dans sa circonscription électorale. Comment pourrait-on apporter un quelconque crédit à un personnage imbu de lui-même pour avoir été porté par les courants du hasard des vents politiques à un poste qu’il ne méritait pas ? Voilà que, voulant user de son passage infructueux à la Primature, Monsieur proclame, toute honte bue, la mort politique de son mentor et la fin de celui qui décida en dernier ressort de sa montée vers les honneurs de la République. Quelle immodestie ? Après avoir échoué à la Primature, il veut la Présidence de la République tout en crachant sur ceux qui l’ont fabriqué.
Pour s’attirer les bonnes grâces des Occidentaux, Adolphe Muzito n’a pas hésité d’insulter, sur les ondes d’une radio internationale bien connue, les hommes qui l’ont, sur le plan politique, créés.
L’ancien Ministre du Budget et néanmoins ex-Premier Ministre, dont la popularité est actuellement limitée dans les communes dominées par son ethnie à Kikwit, est un parfait inconnu dans les autres villes et campagnes du pays. Les Congolais ne gardent aucun souvenir de son passage dans le bureau de la Primature, sauf peut-être le grand nombre de ses conseillers et le fait qu’ils disposaient, chacun, d’une voiture de luxe, drôle de socialisme ! Comme la grenouille de Jean de la Fontaine, l’ami Adolphe veut se faire aussi gros que le bœuf. Il ne demande rien de moins que la Présidence, la Magistrature suprême du pays. Se souvient-il, puisqu’il a fait des bonnes études primaires, du sort de la grenouille ? Monsieur Muzito finira-t-il peut être par éclater ? L’histoire un jour le dira.
K.M.AVEC LE MAXIMUM