L’opinion nationale et internationale attendait, non sans quelque confusion, la traditionnelle adresse à la nation du président de la République du 30 juin 2018, annoncée par le président de l’Assemblée nationale à la séance d’ouverture de la session extraordinaire de la chambre basse du parlement, quelques jours plus tôt. Joseph Kabila s’est bien adressé aux Congolais, mais pas devant les deux chambres du parlement réunis en congrès, comme attendu, ni le 30 juin, date anniversaire de l’indépendance du pays. C’est le 29 juin, un jour plus tôt, que le discours du Chef de l’Etat a été diffusé sur les antennes de la télévision publique. Une allocution qui a surpris par sa sobriété et sa brièveté, et qui tranche nettement par rapport à la prose, rendue publique pour la circonstance par les évêques catholiques, extrêmement confuse, partisane et somme toute maladroite.
Pour le 58ème anniversaire de l’accession du pays à la souveraineté nationale et internationale, Joseph Kabila a essentiellement mis en garde ses concitoyens « contre le révisionnisme » en les appelant à « garder allumée la flamme du combat pour préserver la liberté et la dignité humaine conquises de haute lutte ». Il a également émis le vœu que les efforts engagés dans différents secteurs de la vie nationale permettent l’amélioration des conditions sociales et économiques sur lesquelles certaines calottes sacrées de l’église catholique romaine ne cessent de surfer pour promouvoir des projets de (re)mise du pays sous une tutelle à peine déguisée de l’ancienne puissance coloniale.
Pas de propos polémistes ou partisans. Le Chef de l’Etat s’est plus concentré sur ce qui est susceptible de conforter l’unité et la dignité des rd congolais. Comme cette relation établie entre l’anniversaire de la libération nationale et les prochaines élections. Organisées pour la troisième fois au cours des dix-huit dernières années, celles-ci confortent en effet la souveraineté du peuple de la RD Congo. De manière beaucoup plus légitime que les brûlots cléricaux du centre interdiocésain de la Gombe assaisonnés de passages bibliques qui n’ont jamais rien changé à la vie sociale d’un peuple réduit en esclavage et colonisés que furent les compatriotes de l’inoubliable Patrice-Emery Lumumba, dont Kabila a ramené la mémoire à la surface, durant des siècles.
Ci-après, le discours prononcé par le président de la République à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance de la RD Congo.
J.N.
Discours du Chef de l’Etat à l’occasion du 58ème anniversaire de l’indépendance
Mes chers compatriotes,
A l’aube du 58ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, je viens saluer l’ardeur des millions des Congolaises et des Congolais et de ceux ayant choisi la terre de nos ancêtres comme leur seconde patrie, à garder allumée la flamme du combat pour l’émancipation de la dignité humaine par nos pères de l’indépendance. Oui, la préservation de la liberté et de la dignité humaine conquises de haute lutte par les pionniers de notre indépendance, à qui je rends un hommage, demeure un combat permanent pour notre génération comme pour celle à venir, tant il reste vrai que les pesanteurs de tous ordres exercées chaque jour sur notre peuple à l’autodétermination nous invitent à la vigilance et à l’autodétermination à y apporter ; tout semble mis en œuvre, en effet, pour promouvoir le révisionnisme et maintenir notre pays dans l’asservissement au mépris de l’évidence qu’implique notre indépendance. Le 30 juin de chaque année, loin d’être uniquement une fête nationale à célébrer et à enseigner à nos enfants et à nos petits-enfants, doit être aussi un moment de renouvellement de notre foi commune dans le Congo souverain et indépendant prôné par Patrice Emery Lumumba. Un moment d’engagement commun à protéger et à valoriser l’héritage nous légué par nos héros et martyrs pour le grand bonheur auquel aspire légitimement notre peuple. Cela implique que nous demeurions rassemblés, unis et mobilisés autour de cet impératif.
Mes chers compatriotes,
Je me réjouis du fait que la célébration de la fête nationale intervient cette année en plein processus électoral et particulièrement au lendemain de la convocation des électeurs au 3ème scrutin libre, démocratique et pluraliste prévu par la CENI au mois de décembre de cette année.
Ce processus, vous vous en êtes approprié à différentes étapes de son parcours, depuis votre enrôlement massif en 2016 et en 2017 jusqu’au parachèvement des listes électorales. Je vous exhorte à vous y accrocher et à démontrer, s’il en était encore besoin, que c’est bien vous le souverain et c’est à vous de décider du sort de l’avenir de notre cher et beau pays. Personne d’autre et nulle part ailleurs.
J’invite pour ce faire toute la classe politique et toutes les forces sociales à s’impliquer sans réserve dans la matérialisation de ce rendez-vous historique en vue de consolider notre jeune démocratie, laquelle ne souffre du reste d’aucun complexe.
A vous tous qui défendez notre pays et spécialement à nos forces armées, la police nationale et aux services de sécurité qui, nuit et jour, consentent des sacrifices incommensurables en vue d’assurer la paix, la tranquillité publique et la défense de l’intégrité du territoire national, je rends un vibrant hommage. Par votre engagement, vous garantissez également la stabilité de la région.
Mes chers compatriotes,
Je reste convaincu que les efforts en cours engagés dans plusieurs domaines et spécialement au plan économique, nous permettront de poursuivre l’accomplissement de notre devoir quotidien, celui d’améliorer votre bien-être social et votre cadre général d’épanouissement. En renouvelant mon appel à la paix et à l’unité nationale, je souhaite à chacun et à tous, bonne fête de l’indépendance.