Mbuji-Mayi est au centre d’une guerre de tonnage de fret entre, d’une part, Congo Airways et Ethiopian Airlines et d’autre part la CAA, Compagnie africaine d’aviation des Blatter.
Fin décembre 2015, Congo Airways avait dû suspendre ses vols vers Mbuji-Mayi à la suite d’un atterrissage mouvementé de son A320. Des pierres se détachaient, en effet, de la piste et heurtaient violemment la carlingue de l’avion. La compagnie publique est depuis revenue sur la ville diamantifère mais avec des aéronefs de moins de 40 t, confie un cadre de Congo Airways. Ethiopian en ferait autant. Mais il appert que CAA opère avec son gros Airbus alors que la piste de l’aéroport de Bipemba est délabrée à plus de 60% et ne devrait pas accueillir des aéronefs de plus de 40 tonnes.
Question : les autorités ayant compétence dans le secteur de l’aviation civile, à savoir l’AAC, Autorité de l’aviation civile et la RVA, Régie de voies aériennes, ont-elles formellement interdit l’atterrissage des aéronefs de plus de 40 t sur l’aéroport de Mbuji-Mayi ?
A Congo Airways, l’on parle d’une directive donnée aux transporteurs aériens allant dans ce sens. Toutes les démarches du Maximum auprès de la RVA n’ont guère permis de faire nette lumière sur le sujet. Ici, tout est clivage ethnique, tribale, politique. Derrière un journaliste peut se camoufler un agent au service d’un tel ou d’un tel. Toutefois, Ethiopian Airlines déplore une concurrence déloyale et menace de ne plus desservir le chef-lieu du Kasaï Oriental, apprend-on de sources bien renseignées. Congo Airways aussi dit son ras-le-bol sur ce sauf-conduit – qui ne dit pas son nom- accordé à CAA. Réplique du berger à la bergère, Congo Airways jouirait plutôt de beaucoup de facilités (fisc, carburant, etc.,) qui ne sont guère de nature à promouvoir la libre concurrence.
Principale voie d’accès des provinces enclavées de l’espace kasaïen, Bipemba rapporte gros. Comme le secteur du diamant va, toutes les activités mercantiles suivent la tendance. Ici, tout ou presque, est acheminé par voie aérienne, produits manufacturiers, ciments et même du carburant. En une rotation, l’Airbus de CAA, peut apporter une quantité de fret qui nécessiterait au moins deux rotations aux autres compagnies de transport aérien qui utilisent des avions « adaptés » à l’état actuel de la piste de Bipemba, fait comprendre cet expert. Ancien des Lignes aériennes congolaises, il accuse de passivité sinon de complicité l’AAC, Autorité de l’Aviation civile et la RVA, Régie des voies aériennes, dans ce qu’il considère comme une concurrence déloyale. Et par ricochet, le ministère des Transports et des voies de communication se retrouve aussi mis à l’index. «Avec un gros porteur, le risque d’un crash est toujours imminent sur Bipemba. Rappelez-vous de cet Antonov bourré fret qui a manqué son décollage, dépassé la piste et foncé sur le marché Type K en janvier 1996 à Kinshasa… », redoute-t-il.
Selon de nombreux observateurs, CAA s’est retrouvée, ces dernières années, au centre de nombreuses brouilles avec les autorités rd congolaises et s’en est toujours tirée à bon compte. Il y a encore quelques mois, l’ex- ministre de l’Economie nationale, Modeste Bahati Lukwebo, avait déposé une plainte contre le patron de CAA, David Blattner, au Parquet général de la République pour imputations dommageables et calomnie dans une affaire de grille tarifaire des billets d’avion. Affaire à suivre.
POLD LEVI.