La firme Vodacom s’est lancée dans une campagne publicitaire précoce sur la publication des résultats de l’Examen 2018, alors que l’ACP, Agence congolaise de presse, a initié auprès du ministre de l’EPSP une procédure pour reprendre, comme du temps de l’AZAP, la publication des résultats du « bac » rd congolais.
Pour le directeur-général de l’ACP, Lambert Kaboyi, la prérogative de la publication des résultats du « baccalauréat » national revient exclusivement au média public. « J’étais désagréablement surpris de voir que l’ACP ne publie plus les résultats de l’examen d’Etat alors que c’est dans ses attributions. Au jour d’aujourd’hui, il n’y a que l’Agence congolaise de presse et le Journal Officiel qui ont la prérogative de publier les textes officiels », a soutenu le nouveau patron de l’ex-AZAP. « L’ACP est donc une maison officielle et tout ce qui passe par le support de l’Agence congolaise de presse, tant au niveau du bulletin quotidien que sur le site web est crédible, respectable et respecté par tout le monde », a-t-il renchéri. Jusqu’à la fin des années 80, élèves et parents venaient en masse consulter les résultats de l’Examen d’Etat à l’ACP tant à Kinshasa que dans les bureaux provinciaux à l’intérieur du pays. Certains pays limitrophes comme le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie où fonctionnaient les écoles autrefois appelées « zaïroises », des délégations d’enseignants, des préfets, d’élèves, etc., se rendaient à Bukavu pour consulter les planches de l’alors Agence zaïroise de presse sur télex qui publiaient les résultats en temps réel avant les journaux locaux. «Nous ne pouvons pas accepter de laisser la publication des résultats de l’Examen d’Etat entre les mains inexpertes », fonce le DG de l’ACP.
Mais de l’avis des analystes, derrière la prérogative dont se prévaut ACP, la publication de résultats de l’Examen d’Etat est aussi une affaire de gros sous. Le partenariat conclu en 2008 entre le gouvernement à travers son ministre de l’EPSP et la firme Vodacom n’a jamais été rendu public. Selon des inspecteurs de l’EPSP, l’Etat n’aurait guère prévu de mécanisme de contre-vérification sur les recettes réalisées par la firme GSM. L’an dernier, Vodacom avait chiffré à 740.000 dollars les recettes générées par la publication de l’examen d’État pour le compte du gouvernement congolais à partir des services de messagerie SMS sur les 5 dernières années. Curieusement, ces fonds ont été directement gérés par l’entreprise de télécommunication.
Selon le ministre de l’EPSP, Gaston Musemena, le contrat signé entre Vodacom et son prédécesseur faisait mention d’un partage équitable des revenus, soit 50 % pour chaque partie. Mais des limiers de l’EPSP ont découvert, a-t-on appris, que Vodacom tournait l’Inspection générale en bourrique et réalisait en réalité des bénéfices de 400% à chaque publication des résultats de l’Examen d’Etat. Alors qu’un SMS revient à moins de 5 unités. Et Vodacom aurait perçu dans cette transaction 25 unités par SMS.
Avril 2017, le ministre de l’EPSP a décidé d’ouvrir le marché de publication des résultats de l’Examen d’Etat aux autres entreprises de télécommunications. Vodacom aurait posé un chapelet des conditions, notamment, que les autres concessionnaires GSM se greffent à elle en vue d’une exploitation commune. Quant à la démarche de l’ACP, il nous revient que le ministre de l’EPSP n’a pas encore donné suite à la lettre du DG.
POLD LEVI.