Le comité laïc de coordination (CLC) veut toujours exister même en marge de la loi et toujours seulement sur papier. A l’instar de la multitude d’organisations dites citoyennes disséminées à travers la RD Congo. Faute d’avoir réussi à embraser Kinshasa en s’appuyant sur des fidèles de l’Eglise catholique romaine peu enclins à le suivre dans ses errements le cardinal archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo et sa bande d’agitateurs politiques du CLC en sont réduits à se marquer un « territoire » par des brûlots anarchistes. C’est le sens du communiqué en forme d’ultimatum daté du 14 juin 2018, rendu public par le fameux comité contre… le processus électoral. Qui, selon ses auteurs menacerait de ne pas réaliser. Les signataires du document truffé de contradictions qui cachent maladroitement le désarroi de ces catholiques opposés au processus électoral et de démocratisation en cours ne font plus dans la dentelle.
Les progrès évidents réalisés par la Commission électorale nationale indépendante (CENI) sur la voie des scrutins fixés au 23 décembre prochain n’en sont rien, selon le groupe coaché le vieux cardinal kinois. Ni le strict respect jusqu’à ce jour du calendrier électoral qui prévoit, ce 23 juin 2018, la convocation de l’électorat, après les étapes réussies de l’audit du fichier électoral et de l’identification et de l’enrôlement des électeurs sur toute l’étendue du territoire national et de la promulgation de la loi sur la répartition des sièges électoraux.
Publié tard dans la journée du 14 juin 2018, le communiqué s’alarme plutôt du fait que rien n’indiquerait que le président de la République ait « libéré » un processus électoral qui a pourtant manifestement atteint le point de non-retour, de l’avis général. La démarche à contre-courant de Monsengwo et ses affidés ne trompe plus grand monde à Kinshasa et en RD Congo. En réalité, « ces fameux chrétiens catholiques tentent avec l’énergie du désespoir de contrecarrer la course vers des élections dans laquelle les Congolais dans leur très grande majorité se sont déjà résolument engagée en s’enrôlant massivement et en adoptant la machine à voter, malgré les multiples incantations en sens contraire », commentent une des sources du Maximum, par ailleurs fidèle d’une paroisse catholique de Kinshasa.
Le CLC aligne une litanie de griefs qui semblent tirés par les cheveux. Ainsi, il remet en exergue le cas de l’UDPS, un parti politique (donc un fait privé) dont au moins 4 tendances ont été déclarés officiellement reconnues par les pouvoir publics. Mais en RD Congo, tout le monde sait que c’est depuis longtemps avant même 2006 qu’il existe officiellement au moins deux tendances du parti des 13 parlementaires de l’ère mobutiste tshisekediste, dont l’UDPS/Tshisekedi et l’UDPS/Kibassa, agréés par les autorités de l’époque faute de consensus entre les fondateurs rivaux de la « fille aînée de l’opposition à Mobutu ». Et pour ne pas exposer le gouvernement à un parti pris qui aurait été interprété en sens divers s’il privilégiait un des groupuscules qui se disputent la paternité de ce parti politique de l’opposition. C’est ce qui explique la présence à la chambre basse de députés issus des deux UDPS.
Comme la plupart de ces mouvements qui n’ont de citoyen que leur signature, le CLC met également en cause la fiabilité du fichier électoral audité pourtant en bonne et due forme par les soins de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) en s’appuyant sur le pourcentage d’électeurs inscrits sans empreintes digitales (16,6%). Sur cette question aussi les mousquetaires de Monsengwo se placent assez loin à côté de la plaque puisque les empreintes digitales comptent parmi une dizaine d’autres critères d’identification des électeurs, parmi lesquels la plus importante, au regard de la loi reste sans doute la photographie de chaque inscrit sur les listes électorales. Douter de la fiabilité des listes établies sur la base d’un seul de ces 10 critères relève de la mauvaise foi la plus grossière. D’autant qu’il porte sur une proportion assez négligeable d’électeurs.
Mais le meilleur, ou le pire, dans la mauvaise foi du dernier communiqué du CLC, c’est sans doute l’évocation de « l’absence de consensus sur la machine à voter et de la question de la décrispation du climat politique », en fait l’affaire de M. Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien gouverneur de l’ex. Katanga. Les deux préoccupations, qui ne prennent pas compte de la réaction des Congolais qui se sont massivement enrôlés (près de 40 millions d’électeurs se sont inscrits sur les listes électorales) sont extrêmement politiciennes et trahissent un parti pris d’autant plus contestable qu’en plus d’être motivé par des raisons qui sont tout sauf « catholiques » (Moïse Katumbi est réputé pour sa prodigalité envers quiconque prend sa défense) il est de ceux qui pourront fort aisément être réglé de manière claire dans les urnes.
Derrière le prétexte du choix opéré par la CENI d’utiliser la machine à voter se cache, on le sait désormais, le funeste projet de reporter les élections prévues le 23 décembre prochain à « une autre date ultérieure ». Parce que les scrutins ne sont possibles à cette date que si l’ingénierie congolo- sud coréenne est mise à profit. De même que la question du retour ou non de Moïse Katumbi, le généreux candidat de Monsengwo et compagnie à la prochaine présidentielle ne changera pas grand-chose au verdict des urnes. Car si tant est que les électeurs rd congolais ne veulent plus de la majorité au pouvoir en place en RD Congo, ils l’exprimeront sans ambages dans leurs bulletins de vote.
En lançant, le 14 juin 2018 un ultimatum (de plus) au pouvoir en place, les agitateurs du CLC tentent, en réalité, de substituer aux échéances électorales en cours un agenda connu d’une minorité à laquelle appartient le grand manitou de Lindonge (siège de l’archidiocèse catholique de Kinshasa).
J.N.