La réfection et la gestion du péage de la route Kasindi-Beni-Butembo dans la province du Nord Kivu sera cédée à des privés. D’autres axes du réseau routier national le seront également à moyen terme.
Le 15 juin 2018, l’Office des routes devrait, sauf imprévu, rendre public le nom de l’entreprise qui reprendra la réfection et l’entretien de la route Kasindi-Beni-Butembo ainsi que le péage y afférent.
De manière compendieuse, l’Office des routes compte céder cet axe routier à « une personne morale ayant les capacités techniques, financières et managériales éprouvées pour concevoir, financer, exécuter ou faire exécuter progressivement. (…) Une expérience dans les projets routiers ces 10 dernières années». Le gouvernement explique, en effet, la modernisation des routes nationales RN 2 et 4, tronçon, Beni-Kasindi-Butembo, long de 134 Km, par sa volonté d’intégration africaine. Kasindi-Beni-Butembo constitue en effet « une route d’intégration régionale à travers laquelle transitent les marchandises en import-export de la RDC par le poste frontalier de Kasindi et le port maritime de Mombassa, au Kenya via l’Ouganda », lit-on dans l’appel d’offre de l’Office des routes. « Au regard de son importance, le gouvernement compte réaliser ce projet par la mise en concession de ce tronçon routier à une personne morale ayant les capacités techniques, financières et managériales éprouvées pour concevoir, financer, exécuter ou faire financer progressivement les travaux et exploiter ensuite l’ouvrage en vue d’assurer le recouvrement des fonds investis », poursuit le document qui porte le seing du DG de l’Office des Routes, Herman Mutima. « Le gouvernement a chargé l’Office des Routes d’inviter les personnes morales intéressées à présenter leurs candidatures et à indiquer les moyens financiers, logistiques et humains ainsi que le temps nécessaires qu’elles comptent mettre en œuvre pour exécuter ce projet », note-t-il. Le projet consistera au préalable, précise-t-on à l’Office des Routes, en études de faisabilité technico-économiques, environnementales et d’avant-projet détaillé de l’ouvrage et au bitumage progressif de ce tronçon routier en vue de sa modernisation ainsi qu’à son exploitation jusqu’au recouvrement intégral des fonds investis par le concessionnaire majorés des intérêts à convenir. Le projet comporte des enjeux stratégiques et ethno-politiques si délicats que le preneur doit obligatoirement, explique un élu local, collaborer avec les forces de sécurité et les communautés (Nande, Hutu, etc.,) de la région. Le tronçon Beni-Butembo-Kasindi est, en pratique, l’une des routes les plus dangereuses du monde du fait de l’activisme des groupes armés. Fin avril 2018, les autorités politiques et militaires de la province du Nord-Kivu ont convenu de limiter l’heure du trafic sur la route Beni-Kasindi suite aux attaques récurrentes des rebelles des Forces démocratiques alliées (ADF) qui visent notamment des opérateurs économiques. La circulation n’est, en effet, autorisée qu’entre 5 H 30 et 18 H 00 locales, ont fait comprendre, dans un communiqué conjoint daté du 24 avril 2018, le porte-parole de l’opération Sokola I, le capitaine Mak Hazukay et le maire de la ville de Beni, Nyonyi Bwanakawa. Il sied de rappeler qu’en dépit du soutien technique et managérial des chinois de China Railways Engineering Company, CREC 7 et de SOPECO (une société de péages qui opère notamment sur la RN1 Kinshasa-Matadi), la réhabilitation de la route Kasindi-Beni-Butembo piétine depuis 2015. Ce fut au mois d’avril 2018 que les travaux de réfection de la route ont été lancés tambours battant par la maire de la ville au rond-point du 30 juin devant les forces vives locales ainsi que des élus de la province venus de Kinshasa. Hélas, les travaux ont tourné court.
POLD LEVI