La date du 9 juin 2018 restera marquée dans les annales de l’opposition politique katumbiste. A Ndjili Ste Thérèse, par un bel après-midi plutôt ensoleillé a marqué la fin du mythe de la prétendue popularité du chairman du TP Mazembe de Lubumbashi et ancien gouverneur de la riche ex province du Katanga. Les billets verts de l’homme d’affaires réputé pour son extrême prodigalité n’ont pas suffi pour faire le plein des trois ou quatre terrains de football de Ndjili, une commune périphérique de l’immense capitale rd congolaise, connue pour l’extraordinaire densité de sa population. Rien à redire. Une bonne trentaine de partis politiques associations proches de « Ensemble pour le changement » n’ont pas réussi à rameuter plus de 5000 personnes, selon les estimations les plus optimistes, malgré les renforts en espèces sonnantes et trébuchantes. Seulement un seul des terrains de football était partiellement occupé, c’est tout dire. Samedi 9 juin à Ndjili, les participants ont meeting des Katumbistes ont poussé le cynisme et l’outrecuidance jusqu’à entonner des chants hostiles aux organisateurs, aussitôt le pactole d’encouragement empoché : “ces gars-là n’étaient venus écouter personne”, même pas Moïse Katumbi, qui s’est adressé à la foule clairsemée aussitôt dépassé une dizaine de mètres après le podium où plastronnaient les leaders de la plateforme montée à la hâte en Afrique du Sud.
Pourtant, tous ou presque étaient là. Même l’inénarrable Gabriel Kyungu wa Kumwanza, qui passe le plus clair de son temps à clamer une multitude d’entraves à ses libertés. « Baba wa Katanga », comme on surnomme cet acteur politique dont l’exploit le plus remarquable réside en sa capacité à épouser toutes les causes politiques suicidaires depuis la dictature mobutiste, avait gagné sa place à la tribune érigée pour la circonstance dès les premières heures de l’après-midi. Attendant patiemment l’arrivée de Pierre Lumbi et Delly Sessanga, les véritables « maîtres après Dieu » des écuries katumbistes de l’Ouest rd congolais. Mais, plus encore sans doute, les fameux « combattants » : jusque 13 h 30, samedi dernier, il y avait plus de banderoles et de drapeaux que de participants au rassemblement tant vanté, pourtant attendu depuis 11 h 30, selon le programme de la manifestation. Les plus que discrètes arrivées des Christophe Lutundula, José Endundo, Adam Bombole, Moïse Moni Della, Vano Kiboko, Jean-Bertrand Ewanga, Christian Mwando sur les lieux n’ont rien changé à l’atmosphère très affairiste ci et là sur les vastes terrains vagues de Ndjili Ste Thérèse. « On ne pouvait voir que des groupuscules d’individus concentrés aux listes de présence pour le partage d’argent que de suivre le discours de Katumbi. Lequel discours n’avait aucun message nouveau, que du déjà entendu », écrivait, dépité et manifestement enragé, un confrère en ligne qui avait effectué le déplacement. Le secrétaire général des écuries katumbistes, l’ex MLC Delly Sessanga, a même été hué par la foule impatiente de toucher ses sous, rapporte un autre confrère. Dans ces conditions, impossible d’accorder la parole à quiconque, contrairement au programme lu par Jean-Bertand Ewanga, et aux usages lors de ces meetings « pour casser du sucre sur le dos du pouvoir en place ». L’assistance ne voulait entendre aucun des quidams rangés au podium, les sourires jaunes. Il ne restait plus qu’à laisser passer le message du « pourvoyeur en billets verts », Moïse Katumbi Chapwe, intervenant en vidéo-conférence. L’ancien gouverneur de l’ex. Katanga s’est révélé égal à lui-même, et donc manifestement persuadé qu’il était un peu plus intelligent que le Congolais lambda. L’homme a annoncé son retour imminent, sans convaincre grand’monde puisque c’est la énième fois qu’il raconte que ses valises sont déjà bouclées ; mais aussi, que les consultations pour une candidature unique de l’opposition progressent autour de trois leaders que sont Vital Kamerhe, Félix Tshisekedi et lui-même ; pour tout couronner, Moïse Katumbi a opportunément salué l’acquittement de Jean-Pierre Bemba par la Cour Pénale Internationale de la Haye, et promis de mettre fin à la misère du peuple Congolais en résolvant les problèmes de chômage, de fournitures en eau potable, en énergie électrique.
Ainsi s’est terminé le meeting de la fin du mythe de « Ensemble pour le changement » : « en immenses eaux de boudins », selon le commentaire d’un combattant de l’UDPS, venu à ses frais (selon ses dires) pour comparer la performance réussie par son parti politique il y a quelques mois et celle des Katumbistes. « Plus de 30 partis politiques ont mobilisé moins bien que nous », a-t-il tranché, ajoutant que « nous attendons maintenant Vital Kamerhe et Adolphe Muzito au même endroit ».
Le flop retentissant des katumbistes était pourtant prévisible, selon les observateurs avertis. A Kinshasa, les lieutenants katumbistes, pour la plupart des députés élus avec moins de 4000 voix à Kinshasa, « ne valent pas grand’chose au-delà des caméras de télévision et des micros des radios périphériques », estime-t-on. « En s’abstenant d’interdire le meeting du 9 juin 2018 à la Place Ste Thérèse de Ndjili, l’Hôtel de Ville de Kinshasa a réussi l’exploit de ramener tous ces braillards à leurs dimensions réelles », commente ce militant du PPRD, le parti présidentiel. Pas tout à fait faux.
J.N.