En séjour aux Etats-Unis d’Amérique à l’invitation du think tank Atlantic Council, Moïse Katumbi Chapwe et Félix Tshilombo Tshisekedi ont annoncé des discussions en vue d’une candidature unique de l’opposition à la prochaine présidentielle. L’information amplement répercutée dans les médias locaux est venue comme soulager un malaise qui perdurait parmi les partisans des deux acteurs de l’opposition dite radicale de la RD Congo. Katumbi et Tshilombo sont, en effet, tous deux candidats à la présidentielle et leurs ambitions ont suffisamment déteint sur des relations tissées un peu à la va-vite à la création du Rassemblement des Forces Politiques et Sociales Acquises au Changement (Rassop), mi-2016 à Genval en Belgique. L’approche des scrutins prévus en décembre prochain a jeté un froid manifeste entre les deux acteurs politiques qui ne s’étaient plus rencontrés depuis février 2018. Moïse Katumbi mettant sur pied une nouvelle plateforme dite électorale avec quelques partisans sans envergure électorale réelle, « Ensemble pour le Changement ». Et Félix Tshiesekedi annonçant officiellement sa candidature à la prochaine présidentielle à ses partisans rassemblés au cours d’un meeting populaire à Ndjili Ste Thérèse il y a peu. De toute, les routes des deux acteurs politiques se séparaient inexorablement jusqu’à ce périple américain qui semble avoir scellé le rapprochement dont se réjouissent, peut-être un peu tôt, les lieutenants des deux camps. Rien n’indique, en effet, que les vœux pieux émis des Etats-Unis d’Amérique se réalisent aussi facilement.
Même si dans un tweet, Olivier Kamitatu Etsu, qui donne de moins en moins de la voix, s’est empressé de louer « … la décision historique de travailler à un programme commun et une candidature unique (…) qui démontre à 80 millions de Congolais qu’il n’y a pas de fatalité », l’engagement pris par les deux compères à Washington DC reste bel et bien un « travail » qui attend d’être effectué … de produire des résultats à apprécier. Car il faut encore se mettre d’accord sur le profil de celui qui portera la candidature de l’opposition à la prochaine présidentielle, assure pour sa part Pierre Lumbi qui, il n’y a pas si longtemps, formait encore un tandem avec Félix Tshilombo Tshisekedi dans le cadre du Rassop/Limete. Cette association plutôt contre nature au sein de laquelle l’héritier politique d’Etienne Tshisekedi se trouvait confiné dans un rôle de candidat 1er ministre d’un gouvernement hypothétique, et Moïse Katumbi candidat à une présidence de la république sans élections appartient désormais au passé. Et la question de savoir qui de Katumbi ou de Tshilombo cèdera la place de candidat à l’autre pour la prochaine présidentielle, demeure et s’impose comme la condition sine qua non à tout rapprochement effectif.
Hier comme aujourd’hui, les données du problème Katumbi-Tshilombo demeurent plus ou moins identiques : si l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga s’accroche à ses ambitions à la présidentielle, il perd Tshilombo et l’électorat UDPS. Et si Tshilombo n’assouplit pas ses propres ambitions pour le même top jog, il perd le soutien des katumbistes qui, de toute évidence, ne seront jamais tous disposés à se ranger derrière l’héritier politique du sphinx de Limete. Quel que soit le choix à porter sur l’une ou l’autre de ces candidatures de cette frange de l’opposition radicale rd congolaise il divisera les troupes.
Les observateurs interrogés par Le Maximum font observer par ailleurs qu’une éventuelle entente entre Moïse Katumbi et Félix Tshilombo n’en règle pas pour autant la question de la candidature unique de l’opposition. Parce qu’elle est loin de se réduire à ses deux acteurs politiques. Compte devrait être tenu des ambitions d’un Vital Kamerhe, déjà candidat malheureux à la présidentielle en 2011, qui devrait logiquement rempiler en 2018. En plus de Kamerhe, il faut aussi compter avec Adolphe Muzito, l’ancien 1er ministre Palu qui récemment annoncé sa candidature à la prochaine présidentielle pour le compte de l’opposition dont il se réclame désormais. La liste est loin, très loin d’être close parce que pas plus tard que samedi 26 mai 2018, le sénateur CDC Florentin Mokonda Bonza s’est déclaré partant pour la même présidentielle de décembre prochain.
Une candidature unique, même d’une partie de l’opposition politique en RD Congo, c’est plus facile à dire qu’à réaliser.
J.N.