Entre Moïse Katumbi Chapwe et son « Ensemble pour le changement », et Félix Tshilombo et son UDPS/Tshisekedi, les relations ont beau paraître « au beau fixe », comme on a tendance à l’affirmer pour des raisons cosmétiques, les chemins des deux acteurs politiques se séparent de manière inexorable. Leur récent séjour belge ne change rien à la situation et ressemble plutôt, selon les observateurs, à une « conjuration à demeurer ensemble », pour la forme.
La création d’une nouvelle plateforme électorale à Johannesburg en Afrique du Sud, suivie du récent séjour à Kigali à la rencontre des pourvoyeurs de chefs d’Etats pour ex. colonies sous influence occidentale, Moïse Katumbi ne cesse de confirmer ses extravagantes ambitions pour le ‘top job’ en RD Congo. Que convoite également l’héritier Etienne Tshisekedi, poussé par une base électorale qui le désavouerait sans aucun doute s’il se hasardait à revoir à la baisse les ambitions non assouvies de son géniteur décédé il y a un peu plus d’un an et de tous ceux qui croyaient encore en lui.
A Kinshasa, les lieutenants du richissime ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga s’affairent à l’organisation d’un meeting populaire, le 2 juin 2018, place Ste Thérèse à Ndjili dans le Tshangu populaire kinois. A la fois pour poursuivre la vulgarisation du mirobolant programme présidentiel de leur mentor et pour se jauger par rapport… au rival tshisekediste qui a déjà annoncé le sien. La place Ste Thérèse dans la commune de Ndjili, c’est la même qui réunissait en effet il y a quelques semaines quelques quatre milles partisans du candidat à la présidentielle Félix Tshilombo. Se rassembler au même endroit ressemble assurément à tout sauf à emprunter une voie commune vers les sommets politiques convoités.
Mais il n’y a pas que cela. Loin s’en faut. Si les katumbistes rapportent à qui veut les entendre qu’ils veulent les élections prévues décembre prochain en RD Congo, tout indique qu’ils se préparent plutôt à les compromettre ou à les boycotter. Sur ce point, les deux parties entretiennent encore quelques ententes communes, au cas où. Parce qu’à l’UDPS/Tshilombo aussi, on se répand encore en récriminations contre la machine à voter, c’est-à-dire, contre les scrutins du 23 décembre 2018, en fait. Parce que sans la machine Sud-Coréenne, point d’élections pour quelque 40 millions d’électeurs, 599 partis politiques, et un nombre sûrement plus qu’éléphantesque de candidats aux différents scrutins.
Néanmoins, Félix Tshilombo prend manifestement le soin de garder une seconde corde à son arc en se préparant aux futures compétitions électorales. Au cas où… Non seulement son UDPS/Tshisekedi joue des pieds et des mains pour arracher le poste jadis dédaigné de rapporteur de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), mais en plus, il prend une part active et intéressée à la révision du fichier électoral organisée sous les auspices de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). « Nous attendons un audit de l’Organisation Internationale de la Francophonie mais aussi de tous les experts, y compris les nôtres qui sont déjà prêts à cela. Ce n’est qu’après ça qu’on pourra avoir quelque chose de confiance dans le fichier », a expliqué l’héritier d’Etienne Tshisekedi à des confrères en ligne.
A Kinshasa, les médias font état d’une correspondance d’un certain nombre d’élus pour le compte de l’UDPS à l’Assemblée nationale, qui exigent le départ de celui qu’ils avaient délégué à la CENI pour occuper les fonctions de rapporteur, Jean-Pierre Kalamba. Ces anciens « radiés » de l’UDPS se conforment au principe du parallélisme des formes qui veut que celui qui a nommé ou désigné peut déposer le porteur d’un mandat. Même si conformément aux textes qui régissent le fonctionnement de la CENI, la volonté de l’intéressé est toute importante pour s’assurer de son remplacement. Il reste que sur cette question, Félix Tshisekedi a su se rallier de stratégiques soutiens en multipliant rencontres et initiatives de réintégration de ces députés élus en 2011 sur les listes du parti paternel avant de se voir radiés pour avoir refusé de renoncer aux mandats leurs confiés par … le peuple. Dimanche 13 mai 2018, le président de l’UDPS/Tshisekedi s’est entretenu, pour la seconde fois depuis son élection à la tête du parti avec plusieurs députés naguère radiés par son défunt père, les invitant à « … regarder dans la même direction (pour) aboutir à la conquête du pouvoir ».
De toute évidence, les moyens et les voies de conquête du pouvoir divergent de plus en plus, entre Moïse Katumbi et Félix Tshilombo.
J.N.