Les derniers événements politiques en RD Congo, le meeting politique de Félix Tshilombo Tshisekedi, le séjour de Moïse Katumbi à Kigali (Rwanda), ainsi que les pathétiques contorsions de ses partisans restés au pays sont sans équivoque : l’opposition politique est divisée désormais entre les partisans de l’accession au pouvoir par les élections démocratiques et ceux qui s’opposent catégoriquement à ces dernières, pour autant qu’elles restent programmées pour le mois de décembre prochain, particulièrement.
De Kigali où il a brièvement séjourné, officiellement dans le cadre de la remise du prix Mo Ibrahim 2017 décerné l’ex. chef de l’Etat libérien Ellen Johnson Sirleaf, Moïse Katumbi Chapwe n’a pas pu ne pas trahir sa hantise de ne pouvoir participer aux prochaines élections. En s’attaquant à la machine à voter qui les rend de plus en plus possibles au 23 décembre 2018 comme prévu. Ce faisant, l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga mêlait sa voix à celles d’un certain nombre d’acteurs politiques de l’opposition qui, eux aussi, tentent de se faire entendre en vouant aux mille diables l’ingénierie sud-coréenne affublée de tous les qualificatifs négatifs possibles. Sans trop convaincre puisque sur le terrain, à Kinshasa et àl’intérieur du pays, l’expérimentation de cet outil destiné à choisir son élu puis à imprimer son choix se révèle plus rassurante qu’inquiétante et poursuit sans coup férir son bonhomme de chemin.
Tout se passe comme si au sujet de la machine à voter comme en ce qui concerne l’enregistrement au rôle des électeursavant elle, les Congolais ont décidé contre vents et marrées de se passer d’une agitation incongrue provoquée délibérément par des opposants radicalisés et manipulateurs en panne chronique de crédibilité.
Pro et anti élections
Dans les rangs des extrémistes de l’opposition, quelques uns, convertis à plus de prudence et de réalisme face à cette évidence, se préparent aux prochaines échéances électorales pour ne pas se laisser surprendre. Tout au moins ceux parmi eux qui peuvent revendiquer quelque assise populaire. C’est le cas de Félix Tshilombo, fils d’Etienne Tshisekedi qui, manifestement, n’entend pas abandonner le vivier politique paternel au premier venu. « En 2006, nos voix sont allées vers d’autres acteurs politiques, notamment au MLC de Jean-Pierre Bemba. Gratuitement », se plaint ce combattant de l’UDPSrencontré par nos reporters sur le petit boulevard non loin du siège du parti du défunt ‘lider maximo’ à Limete. Qui n’est pas tout à fait à côté de la plaque puisqu’au terme des dernières législatives aussi, le label UDPS et alliés a constitué la plus grande plateforme de l’opposition à l’Assemblée nationale. Et ensuite fourni deux premiers ministres au gouvernement central avec Samy Badibanga Ntita et Bruno Tshibala Zenzhe. En organisant un meeting à la Place Ste Thérèse de la commune de Ndjili le 24 avril 2018, Tshilombo s’est en fait lancé dans une vaste offensive de reprise en main de la baseélectorale du parti cher à son géniteur. Pour ne pas l’abandonner à la fois aux diverses tendances qui lui disputent l’héritage politique du ce dernier et aux autres leaders de l’opposition. Comme Moïse Katumbi Chapwe, le candidat à une très improbable candidature à la prochaine présidentielle, à qui on reproche de plus en plus ouvertement ici une sorte d’arrivisme aussi arrogant qu’outrecuidant.
Félix Tshilombo s’aligne
A Ndjili Ste Thérèse devant quelques quatre mille partisans résolument engagés, Fatshi (surnom de Félix Tshilombo) n’a pas pu ne pas promettre de faire comme son géniteur en annonçant sans périphrases sa candidature à la présidentielle et partant, l’engagement de « son » UDPS à prendre part aux prochains scrutins tels que programmés par la CENI. Ce qui n’est pas le cas d’une autre frange radicalisée de l’opposition politique rd congolaise, rangée derrière le richissime ex gouverneur de l’ex Katanga, qui rabâche chaque jour qui passe de nouvelles conditionnalités préalables à sa participation aux scrutins de décembre 2018 auxquels son candidat poursuivi par de lourdes casseroles judiciaires a manifestement très peu de chances de participer.
Le 12 mars 2017, les katumbistes avaient mis sur pied une nouvelle plateforme, « Ensemble pour le Changement », sensée soutenir leur généreux champion à la prochaine présidentielle. Mais la nouvelle coalition dont l’UDPS/Tshilombo a été exclue semble en réalité n’avoir été conçue que pour mobiliser contre les élections à venir plutôt que pour les préparer. « ‘Ensemble pour le changement’ est un conglomérat d’agitateurs politiques sans ancrage politique réel dans l’opinion qui mangent dans la main de Katumbi », fait observer un diplomate africain en place à Kinshasa depuis plusieurs années. Il ne croyait pas si bien dire : La plupart des nouveaux hommes du chairman du TP Mazembe, rangés dans un comité national créé il y a peu, ne pèsent guère chacun plus qu’un siège de député national ou provincial. Pas assez pour convoiter le ‘top job’ en RD Congo, estiment les observateurs les plus objectifs de la scène politique rd congolaise. Les prochaines élections ne sont donc pas leur tasse de thé.
Le candidat à la candidature hypothétique à la prochaine présidentielle n’est pas dupe et a pris la précaution d’élargir sa « base ». Il ne compte plus seulement sur ses affidés dans l’opposition radicale pour parvenir à ses fins.
Le CLC à la rescousse
Le Comité Laïc de Coordination (CLC), une nébuleuse créée fin 2017 par l’archevêque de Kinshasa, le cardinal Laurent Monsengwo qui apprécie particulièrement les juteuses oboles de Katumbi et de ses mentors européens s’est inexorablement rapproché de l’ex. roi du Katanga et des milieux mercantiles occidentaux qui le portent à bouts des bras. Après l’échec retentissant des tentatives insurrectionnelles organisées à Kinshasa et dans certaines agglomérations de la RD Congo en décembre 2017 et au premier trimestre 2018, le CLC est revenu à la charge le 1er mai. Pas pour exiger l’organisation desélections mais pour annoncer, par une bien curieuse anticipation, leur échec et de nouvelles tentatives insurrectionnelles au nom de cet échec qu’ils semblent être les seuls à voir venir ! C’est la substance du communiqué rendu public par le groupe de mousquetaires du cardinal kinois, qui pour la circonstance s’est enrichie d’une représentation nationale. « Il est peu probable qu’à la date critique du 19 septembre 2018, la CENI puisse être capable de rendre publiques, comme prévu par le calendrier électoral, les listes définitives des candidats à tous les niveaux en vue des scrutins présidentiels, législatifs nationaux et législatifs provinciaux, du 23 décembre 2018 », prédisent ces catholiques politisés à l’extrême comme s’ils lisaient les tablettes de Moïse. En réalité, le communiqué du CLC ne parvient pas à dissimuler sa préoccupation réelle qui se fonde sur l’inéligibilité du « généreux » Moïse Katumbi Chapwe, rd congolais né de père et d’origine italienne, qui a détenu la nationalité italienne de son géniteur à partir de 2000 à 2017 tout en déclarant le plus officiellement du monde « sur l’honneur » devant les instances de la centrale électorale rd congolaise être de nationalité congolaise alors que la nationalitérd congolaise est « une et exclusive » aux termes de la constitution de 2006, ce qui lui a permis de se faire élire député puis gouverneur de province. Une forfaiture flagrante qui lui vaut aujourd’hui des poursuites de la justice congolaise que ses affidés tentent maladroitement de balayer d’un revers de la main en s’appuyant sur les mesures de décrispation convenue par les parties (congolaises) à l’accord politique facilité par deux poulains de Monsengwo fin 2016 au centre interdiocésain de Kinshasa. « Aucune mesure de décrispation politique n’a été véritablement d’application. En effet, à ce jour, à trois mois d’ouverture des Bureaux de réception et traitement des candidatures pour l’inscription des candidatures présidentielles et des députés nationaux, aucun opposant politique emblématique n’a été libéré ; aucun exilé politique n’a pu retourner au pays ; le contentieux du dédoublement des partis politiques n’a pas été vidé ; les espaces démocratiques et médiatiques n’ont pas étélibéralisés ; les poursuites judiciaires contre les opposants n’ont pas été abandonnés ; les mesures d’interdiction des manifestations pacifiques n’ont pas été levées ; la liste des partis politiques autorisés à participer au processus électoral n’est toujours pas publiée » peut-on lire dans le communiqué des janissaires du cardinal-politicien.
Tissu d’inexactitudes anticipées
Un véritable tissu d’inexactitudes anticipées démenties par le récent meeting de l’UDPS aile Tshilombo à N’Djili Ste Thérèse, sollicité des autorités urbaines conformément à la loi, accordé et encadré par les forces de police selon les règles de l’art sans le moindre petit incident. La réalité est que le calendrier rendu public par la CENI n’a enregistré aucun retard notable, bien au contraire. Mais aussi que le contentieux du dédoublement des partis politique, en cours de résolution, connaît des progrès notables à l’avantage de certains leaders de l’opposition, y compris katumbiste. Il en est de même au sujet de la question de la décrispation politique, pour autant qu’elle ne heurte pas les dispositions de la constitution. C’est le cas de Moïse Katumbi Chapwe, au secours de qui les mousquetaires du belliqueux cardinal kinois volent manifestement.
J.N.