La question de la nationalité, tout au moins celle de l’ancien gouverneur de l’ex province du Katanga qui semble trop prématurément clamé des prétentions au top job de la RD Congo, a trouvé une réponse définitive lundi 16 avril 2018. Au cours d’une rencontre avec les élus de sa majorité et du Palu, Joseph Kabila a livré des indications qui lèvent tous les doutes qui entouraient la question jusque-là. En deux mots comme en mille, une fois de plus, le président de la République a contourné le piège de la violation constitutionnelle qui le guettait. En réaffirmant sa volonté de défendre strictement la loi fondamentale rd congolaise. Face à ses interlocuteurs de la Cité de l’OUA, lundi dernier, le Chef de l’Etat a balayé du revers de la main le moratoire sur la nationalité décidé par l’Assemblée Nationale il y a quelques années. Ce fut une bêtise qui du reste ne devait durer que 3 mois, a-t-il martelé, replaçant les élus du peuple devant leurs responsabilités : ceux qui pensent qu’il faut introduire la double nationalité n’ont qu’à modifier la constitution, et le président de la République s’y soumettra. Point barre.
Sur cette question de la double nationalité d’un candidat-président de la République ça louvoyait plutôt ferme depuis la fin du dialogue modéré par les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) fin 2016. Les mesures de décrispation du climat politique prônées se sont réduites, au fil des jours, en mesure de violation de la constitution pour permettre à un candidat convaincu de nombreuses nationalités de se porter candidat à la prochaine présidentielle. Le 13 avril dernier encore, les évêques catholiques de la CENCO sont insidieusement revenus sur cette exigence manifestement anticonstitutionnelle en se déclarant préoccupés « … du fait que la mise en œuvre des préalables exigés par l’Accord de la Saint-Sylvestre pour l’organisation des élections libres, transparentes et apaisées se fait encore attendre ». « Il s’agit principalement du parachèvement des mesures de décrispation. Ne pas les mettre en pratique c’est compromettre le processus électoral et hypothéquer les élections, unique voie de sortie de la crise actuelle », écrivent-ils.
A l’évidence, les calottes sacrées font du dossier Katumbi une fixation qui comme toutes les fixations, est d’autant plus absurde que le très charitable ancien roi du Katanga n’est pas l’unique candidat de l’opposition à la prochaine présidentielle. Son absence de la prochaine compétition électorale ne saurait donc, à elle seule, hypothéquer les droits au vote de 40 millions d’électeurs rd congolais qui attendent décembre prochain pour dire leurs faits aux acteurs politiques de tous bords. Dans cette affaire, comme dans beaucoup d’autres, les prélats catholiques trahissent des attitudes cécitaires qui occultent une autre menace : celle qui pèse sur la constitution dont les dispositions relatives à la question de la nationalité seraient violées par la candidature de Moïse Katumbi. Un fâcheux précédent susceptible d’ouvrir grandement la porte à de nombreux abus. « Supposez un seul instant que tous ceux à qui la constitution interdit de se présenter aux prochaines élections pour détention de plusieurs nationalités se ruent aux prochaines législatives, par exemple, nous aurions un parlement totalement hybride », commente un élu de la majorité présidentielle originaire des territoires de l’est rd congolais. L’argument ne manque pas de poids, force est d’en convenir.
En fin de compte, le débat autour de la décrispation politique se réduit au choix entre charcuter la constitution et se passer de la candidature à la candidature de Moïse Katumbi Chapwe.
J.N.