Au 31 décembre 2017, l’Etat rd congolais devait à la REGIDESO SA quelque 103 milliards de FC, soit près de 100 millions de dollars cumulés depuis plusieurs années. Il s’agit ici des factures certifiées, approuvées et validées, précise-t-on à la REGIDESO SA.
Le DG de la REGIDESO, Clément Mubiayi, annonce une croisade contre les raccordements frauduleux qui privent sa société de la moitié de ses recettes ainsi que des clients insolvables. D’après lui, la police nationale et les officiers de police judicaire viendront à la rescousse de la brigade de la REGIDESO pour la réussite de cette mission.
Mais il se trouve que l’Etat et ses institutions publiques sont aux premières loges des insolvables que la REGIDESO SA devrait traduire en justice. Il sied de rappeler qu’à une certaine période les factures de consommation d’eau des institutions publiques étaient prises en charge par la BAD, Banque Africaine de Développement, dans l’espoir que l’Etat rd congolais en profiterait pour redresser ses finances et honorer par la suite ses factures. Bernique. Il y a près de 3 ans, le représentant de la Banque Mondiale en RD Congo, Almadou Moustapha Ndiaye, a déploré le manque de volonté politique pour redresser la REGIDESO SA. Pourtant, sur financement de la Banque Mondiale, la REGIDESO SA a entrepris non seulement de renforcer sa capacité de desserte en eau, dans un premier temps, dans 4 villes de la RD Congo (Kinshasa, Matadi, Lubumbashi et Kindu) à travers le projet PEMU, Projet Eau en Milieu Urbain. «Nous avons besoin aujourd’hui d’au moins vingt millions de dollars. Même si l’Etat accepte de nous payer les vingt millions de dollars en quatre tranches, ça permet à l’entreprise d’abord d’honorer ses engagements vis-à-vis des banques, de penser à commander les produits chimiques pour la couverture de juillet 2017 à juin 2018 », confie le syndicaliste Jean-Bosco Mwaka. La situation financière de l’entreprise a atteint un seuil critique à tel point que le conseil d’administration présidé par le MSR/MP Yoko Yakembe a sollicité et obtenu du gouvernement, courant janvier 2018, de revoir à la hausse son tarif moyen de 0.75 dollars à 0.89 dollars le m3, dans l’espoir de ramener la REGIDESO SA à un certain équilibre financier. En pratique, le m3 d’eau en RD Congo coûte désormais autant qu’au Sénégal ou au Burkina-Faso, des Etats aux ressources en eau plutôt limitées du fait de l’influence du climat sahélien. Selon des sources, le taux d’accès à l’eau dans la capitale est d’environ 35%, 18% à Matadi et 22% à Lubumbashi.
Pold Lévy