Rien à faire. L’affaire de la double nationalité (ou multinationalité, selon les révélations in tempore non suspecto de Jean-Claude Muyambo) de Moïse Katumbi est suicidaire pour l’ex gouverneur de la défunte province du Katanga. Les lieutenants du candidat à la candidature à la prochaine présidentielle multiplient depuis quelques semaines des sorties médiatiques plus suicidaires que salvateurs pour leur très généreux patron. Les unes et les autres enfoncent davantage encore Katumbi, jusque-là.
De la lointaine France, précisément de Paris la capitale de l’Hexagone, Maître Eric-Dupont Moretti, le célèbre avocat de Moïse Katumbi, est sorti d’un silence prolongé lundi 16 avril 2018. Juste au moment où en RD Congo et dans l’opinion internationale, les révélations sur la nationalité italienne de son client défrayent la chronique dans la presse tant nationale qu’internationale. De 2000 à 2017, soit durant 17 ans, Moïse Katumbi Chapwe a détenu la nationalité italienne, en se faisant passer pour rd congolais, à en croire l’hebdomadaire français Jeune Afrique. Frauduleusement car aux termes de la constitution du Congo-Kinshasa, la nationalité est « une et exclusive ». Suffisant pour compromettre durablement les prétentions du principal client des milieux mercantiles occidentaux à la prochaine élection présidentielle en RD Congo.
Lundi 16 avril, Me Dupont-Moretti a trahi la nervosité qui sévit dans les rangs des défenseurs du dossier Katumbi en organisant une communication relative au rebondissement du dossier de son client. Au cours d’un mini-briefing en son cabinet du 8ème Arrondissement de Paris, l’avocat a annoncé une offensive imminente du camp Katumbi. Non pas en RD Congo où, pourtant, diverses instances judiciaires traitent du dossier de l’ancien « roi du Katanga », mais à l’international, au niveau des instances onusiennes de défense des droits de l’homme, précisément. Eric Dupont-Moretti s’est engagé devant les médias à ressaisir (parce qu’il était déjà saisie, en fait) le comité des droits de l’homme des Nations-Unies pour dénoncer « de nouvelles persécutions judiciaires » dont ferait l’objet son client.
Ce que l’avocat parisien présente comme des persécutions judiciaires, c’est notamment cette affaire de la double nationalité de son client, révélée par la presse (internationale !). Le juriste, qui a rejoint la défense de MCK en 2016 promet un complément d’éléments attestant de la « nationalité rd congolaise » de son richissime client. En juin 2016, Eric Dupont-Moretti avait déjà recouru à la commission au Haut-Commissariat des Nations-Unies pour les droits de l’homme qui l’avait assuré du droit de Moïse Katumbi de retourner dans son pays en toute sécurité, et invité les autorités rd congolaises de ne point l’incarcérer. En vain car cela n’avait pas suffi pour que l’ancien gouverneur, craignant de poursuites pénales dans le cadre de plusieurs affaires judiciaires, retourne en RD Congo.
Pressé par les charges qui s’accumulent contre son client, Dupont-Moretti a dit envisager de s’adresser également à la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’Union Africaine. Parce que selon lui, Moïse Katumbi « n’a jamais perdu la nationalité rd congolaise ». Interrogé par les rédactions du Maximum, un avocat kinois qui a requis l’anonymat assure qu’effectivement, nul ne peut perdre sa nationalité par principe. Pour ne pas être déclaré apatride. A ce titre, même s’il a acquis un moment donné la nationalité italienne, Moïse Katumbi ne peut pas avoir perdu la nationalité rd congolaise en renonçant à la nationalité acquise par la suite ou concomitamment. Mais le problème se pose en raison de ses prétentions à l’élection présidentielle, laquelle requiert que le postulant ne jouisse pas d’une autre nationalité que celle de son pays d’origine. C’est le cas de Moïse Katumbi. Que Dupont-Moretti croit pouvoir résoudre en plaçant la barre au niveau du droit international, enfonçant ainsi son client. Parce que selon nombre d’observateurs, c’est parce qu’en droit positif rd congolais, il n’y a plus rien à faire pour le candidat à la candidature à la prochaine présidentielle.
J.N.