6 milliards USD d’aide humanitaire pour la Syrie et 30 milliards USD pour l’Irak, mais seulement 1,7 visés pour la RD Congo. Les 3 pays sont pourtant classés L3 par les Nations-Unies. Discrimination ?
Des 1,7 ou plutôt des 2,2 milliards de dollars escomptés, les organisateurs de la Conférence de Genève sur la crise humanitaire en RD Congo tenue vendredi 13 avril dernier à Genève en Suisse n’ont réuni que moins du tiers ou du quart, et encore essentiellement sous forme de promesses et non d’engagements fermes. Terrible désaveu pour certains acteurs politiques et sociaux rd congolais qui se sont empressés de tourner en dérision la décision des autorités gouvernementales de ne pas participer à cette collecte de la honte. Dans l’opinion, beaucoup en viennent à se demander comment ces personnalités rd congolaises, généralement promptes à vanter des carnets d’adresses en Amérique et en Europe, n’ont pu mobiliser leurs clients pour atteindre ne serait-ce que le milliard de dollars. Et doutent désormais des programmes électoraux exprimés en dizaine, voire en centaine de milliards de dollars américains à investir au pays aussitôt qu’ils auront ravi le top job. « On voit mal comment des prétentieux incapables de mobiliser le minimum pour aider les populations électrices rassembleraient miraculeusement le maximum pour paradiser notre pays », commente ce militant d’un parti politique de la majorité.
«…L’ONU a demandé 2,2 milliards de dollars aux donateurs pour répondre à la crise humanitaire en RDC», montant comprenant «1,7 milliards de dollars pour financer le Plan d’intervention humanitaire à l’intérieur de la RDC ainsi que plus de 504 millions de dollars pour soutenir les 807.000 congolais réfugiés dans les pays voisins et subvenir aux besoins des plus de 540.000 réfugiés d’autres pays actuellement sur le territoire congolais», rapporte une dépêche de la radio … onusienne Okapi datée du 13 avril 2018. La conférence de Genève aurait rassemblé ce montant que l’opposition radicale et la société civile qui lui est proche seraient montées sur leurs grands chevaux pour tirer, avec raison, sur le gouvernement Kabila qui a décliné l’invitation des organisateurs.
Seulement voilà, la conférence de ces « amis du Congo » n’a réussi à collecter que quelque 528 millions USD ou d’Euros. Certes, cette somme théorique peut apparaître comme une manne non négligeable pour un pays classé (unilatéralement) L3. Mais, comme le note nos confrères de Le Monde Afrique du 13 avril 2018, l’Onu a échoué «à mobiliser des fonds pour la crise humanitaire en RDC». Les Nations-Unies elles-mêmes se montrent plus que déçues lorsqu’elles déclarent, le 14 avril 2018 que le montant collecté et salué par les anti-Kabila représente «moins de 50 centimes par jour pour chacune des personnes dont nous essayons de protéger et sauver la vie» (Marck Lowcock).
Union européenne, Belgique et Etats-Unis
Au fait, la conférence de Genève sur la crise humanitaire en RD Congo ressemble comme deux gouttes d’eau à la conférence des Amis du Congo sur la crise économique organisée à Bruxelles les 3 et 4 décembre 1997. Alors que l’opinion et la classe politique plaidaient et attendaient une sorte de Plan Marshall pour un pays sorti exsangue de la gestion calamiteuse de la 1ère République (1960-1965), de la 2ème République (1965-1990) et de la 1ère Transition (1990-1997), la conférence de Bruxelles accoucha d’une souris. Elle se clôtura par la création d’un trust found avec des contributions suivantes :
– Union européenne pour 87 millions de dollars (sur une somme bloquée depuis 1992 estimée à 265 millions) destinés au secteur de la santé et à la reconstruction de deux routes reliant Kinshasa à Kikwit et au port de Matadi. Les deux routes étaient essentielles au ravitaillement des 4 millions d’habitants de Kinshasa» et 33 millions de dollars pour « un recensement des électeurs pour des élections nationales qui doivent se tenir en 1999».
– Belgique pour 20 millions de dollars «pour la santé, l’éducation et la sécurité alimentaire» et
– Etats-Unis pour 10 millions de dollars «au Fonds d’affectation». Soit au total environ 150 millions de dollars US, selon les informations de Carole J.L. Collins. Encore faut-il préciser qu’il s’agissait, ici aussi, de promesses et non d’engagements fermes.
La reconstruction de l’Irak et l’aide humanitaire pour la Syrie
A titre comparatif, pour la reconstruction de l’Irak, «Les alliés (…) se sont engagés, mercredi 14 février, à mobiliser 30 milliards de dollars pour reconstruire ce pays ravagé par trois ans d’une guerre dévastatrice contre l’organisation Etat islamique (EI)», rapporte rapportent nos confrères du quotidien français Le Monde (livraison du 14 février 2018).
Pour l’aide humanitaire en faveur de la population syrienne, «La Conférence des pays donateurs sur l’avenir de la Syrie a permis de réunir à Bruxelles, des promesses de dons atteignant 6 milliards de dollars destinés à financer l’aide humanitaire qui sera apportée en 2017» et «Selon le commissaire européen chargé de l’aide humanitaire et de la gestion des crises, Christos Stylianides, cette aide sera apportée à la population et aux réfugiés syriens», selon le HuffPost Algérie/APS du 6 avril 2017.
Or, l’Irak et la Syrie sont bel et bien dans la catégorie L3 !
Mukwege, Monsengwo et Katumbi…
Trois personnalités rd congolaises en vue se sont distinguées dans leur obsession à tourner en dérision le gouvernement congolais du fait de son refus de donner sa caution à la conférence des donateurs de Genève : le Dr Denis Mukwege, le cardinal Laurent Monsengwo et le candidat à la candidature à la prochaine présidentielle, Moïse Katumbi. « Nous sommes dirigés par des personnes qui ne nous aiment pas. Ils le prouvent, ils l’ont toujours prouvé, et là refuser que la population soit aidée, c’est une preuve supplémentaire », a, entre autres, clamé Denis Mukwege avec des accents d’un bon élève déclamant une récitation. « On ne peut refuser de l’aide quand on a les mains vides », a pour sa psalmodié le cardinal Monsengwo qui venait d’échouer dans une audacieuse tentative de « dégager » hors de toute procédure démocratique les autorités en place à Kinshasa avec son comité laïc de coordination. Le refus de l’aide « pour des millions d’innocents » relève « de la plus haute trahison face au devoir de tout être humain de porter assistance à son prochain », a cru pouvoir assurer l’ancien gouverneur des riches terres rd congolaises du Katanga qui rue sur les brancards pour capturer d’une façon ou d’une autre la présidence de la République grâce aux fonds qu’il a détournés pendant ses années de règne sans partage sur la riche province du Katanga et l’appui de puissants lobbies occidentaux.
Qui est Denis Mukwege ? C’est un médecin rendu célèbre par… les occidentaux qui l’ont affublé d’une multitude de prix et titres honorifiques, dont les prix «Sakharov» et des «Droits de l’homme des Nations Unies». L’homme dispose donc d’un vaste réseau de relations à travers le monde. Tandis que le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya passe pour le prélat catholique le plus politicien et le plus célèbre du pays. Il fait partie du Conseil des cardinaux, « également appelé C9 », « commission de neuf cardinaux nommés par le pape François pour ‘aider le Saint-Père dans le gouvernement de l’Église universelle et pour étudier un projet de révision de la constitution apostolique Pastor Bonus’ ». Il dispose, lui aussi, d’un gigantesque réseau de relations en Occident, notamment politiciennes, depuis qu’il a dirigé la Conférence Nationale Souveraine au début des années ’90. Quant à Moïse Katumbi Chapwe, ce n’est ni plus ni moins que le présidentiable
adoubé et présenté par des milieux mercantiles occidentaux comme le plus grand challenger de la prochaine présidentielle en RD Congo. Il se targue lui aussi d’un impressionnant réseau de relations d’affaires tissé alors qu’il écumait la riche province minière rd congolaise du Katanga. Ces trois personnalités réunies auraient pu, à elles seules, permettre à la conférence des donateurs organisée à Genève d’atteindre ou de dépasser le seuil de 2 milliards USD visé. Tel n’a pourtant pas été le cas, loin s’en faut.
Encore que par rapport aux montants visés pour l’Irak et la Syrie, le seuil proposé pour leur pays soit franchement ridicule, honteux et injuste pour des pays logés à la même enseigne catastrophique (L3).
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum