Les frondeurs dénoncent l’irrégularité ayant entaché la direction du parti après le décès d’Etienne Tshisekedi et le déficit de représentativité du principal parti politique de l’Opposition.
Si Félix Tshilombo Tshiskedi a cru régler les problèmes liés à la succession de son défunt géniteur à la tête de l’UDPS, il s’est manifestement trompé. Des voix s’élèvent, quelques jours seulement après son élection par le congrès extraordinaire tenu dernièrement au siège du parti à Limete, pour dénoncer des irrégularités. Qui remontent à la direction des affaires du parti après le décès de son président début février 2017 dans une clinique bruxelloise. Au moins 70 cadres de l’UDPS, de l’intérieur du pays comme de l’étranger ont formellement pris position contre les assises de Limete et leurs conclusions en rejetant et la grand’messe qui a plébiscité Félix Tshilombo, et toutes ses conclusions, dont on sait qu’au moins une désignait le fils Tshisekedi candidat de l’UDPS à la prochaine présidentielle.
Les frondeurs de l’UDPS/Tshisekedi justifient leur position par ce qu’ils considèrent des violentes flagrantes des textes qui régissent l’intérim à la tête du parti et promettent des propositions concrètes dans les jours qui viennent.
Ci-dessous le communiqué des frondeurs de l’UDPS :
Rejet du « Congrès » organisé par le Secrétaire général les 30 et 31 mars 2018
Nous les soussignés, cadres de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS en sigle), faisons savoir à tous les membres du parti ainsi qu’à l’opinion nationale ce qui suit :
1. Notre parti politique totalise 36 ans d’âge depuis le 15 février 2018. Il a survécu, non sans entraves, aux turbulences de la dictature de Mobutu et de celle de la dynastie Kabila encore en cours en République Démocratique du Congo. Cette performance lui a permis de s’affirmer dans l’opinion politique congolaise en se renforçant au fil du temps comme ‘’fille ainée de l’opposition » tout en confirmant le leadership visionnaire et incontestable de son chef des deux dernières décennies, Etienne Tshisekedi wa Mulumba.
2. La mort du Président Etienne Tshisekedi le 1er février 2017 en Belgique dans des circonstances non encore élucidées, crée un vide difficile à combler dans la classe politique congolaise en général et au sein de notre parti en particulier. Un an après sa mort, sa famille biologique et le pouvoir de Kinshasa ne se mettent toujours pas d’accord sur les modalités de ses obsèques ; notre parti politique de son côté ne parvenait pas à organiser sa succession. Ce double désordre a profité au pouvoir en place qui récolte le fruit de l’affaiblissement du plus grand parti de l’opposition et donc d’un gigantesque concurrent électoral.
3. Dans l’entretemps, les ambitions légitimes de ses collaborateurs se transforment en rivalités qui mettent en péril l’avenir et la cohésion du parti dans une guerre de succession mal gérée par l’actuel Secrétariat National à la tête du parti. Il devient ainsi nécessaire de sauver l’héritage de ce parti politique dont l’histoire se confond étroitement avec la lutte de la démocratisation du pays ; la disparition de l’UDPS ferait le lit de la dictature à Kinshasa et ferait perdre au pays un capital politique et une expérience immense de lutte démocratique non violente, prélude à l’avènement d’un État de droit.
4. Pour parvenir à sauver le parti, il fallait restaurer son unité autour des valeurs qu’incarnait son charismatique président Etienne Tshisekedi à travers le rapprochement des deux pôles principaux qui s’affrontent : d’une part, celui conduit nominalement par le Secrétaire Général, et d’autre part celui représenté par Valentin Mubake, désigné par Tshisekedi, peu avant sa mort, Premier Ministre dans le cadre de l’Accord de la CENCO du 31 / 12 / 2016.
5. Des obstacles juridiques insurmontables se dressent sur le chemin d’une convocation d’un Congrès en vue de remplacer le Président Etienne Tshisekedi dont, essentiellement, l’obsolescence de l’article 26 des Statuts du Parti du 25 janvier 2013 qui prévoit le remplacement du président, lors du décès de ce dernier, par un triumvirat comprenant le Président de la Convention Démocratique du Parti (parlement du parti), le Président de la Commission Electorale Permanente du Parti et le Secrétaire Général pour assurer l’intérim du Président pour un délai ne dépassant pas 30 jours. Des trois organes, seul le Secrétaire Général est en place ; de plus le délai de prescription de 30 jours est très largement dépassé.
6. Pour procéder au rapprochement des deux pôles majeurs du parti, il y a eu une initiative le 30 Mars 2017 par des secrétaires généraux et secrétaires généraux adjoints honoraires, plaidant en faveur d’un pacte pour une gestion transitoire consensuelle et réconciliante du Parti, qui a amené à une pétition signée par près de 8000 cadres et membres du parti à travers le pays et dans la diaspora et qui a suggéré l’organisation d’un CONCLAVE de l’unité devant déboucher sur une direction transitoire représentative des 4 zones linguistiques/géopolitiques du pays pour remettre notre parti debout.
7. Plusieurs tentatives de négociations internes avec l’aide de personnalités neutres s’étalant sur plusieurs mois ont été organisées en vue d’harmoniser les points de vue pour l’organisation d’une rencontre de l’unité du parti devant déboucher à l’organisation d’une transition dans le parti et, in fine, d’un congrès vraiment représentatif des principales composantes linguistiques/géopolitiques du parti. Il convient ici de rappeler que, de son vivant, Mr. Etienne Tshisekedi en août 2016 instruit l’actuel Secrétaire Général de l’UDPS lors de sa nomination que sa principale mission était la réunification du parti.
8. A ce jour, force est de constater que le parti est morcelé, le camp du Secrétaire Général refusant une entente. Une délégation de la Commission Technique Préparatoire d’un Conclave de l’Unité de l’UDPS, formée sur la base des 8000 signatures récoltées, a été reçue à la Permanence Nationale du parti à Kinshasa/Limete par le Secrétaire Général et a constaté le refus du camp de ce dernier de faire marche arrière sur un congrès unilatéral organisé par ledit camp.
9. Nous dénonçons donc le passage en force emprunté par le Secrétaire Général et ses adjoints qui ont tenté de s’accaparer du label UDPS à travers un congrès non conforme aux dispositions statutaires (article 26) et dont les participants ont été recrutés en toute opacité pour un plébiscite programmé de certains cadres du parti. Aucun document préparatoire dudit congrès n’avait été largement circulé parmi les membres afin de récolter leurs avis et considérations.
10. En guise de conclusion, nous contestons et rejetons catégoriquement le congrès que le Secrétaire Général vient d’organiser ces 30 et 31 mars 2016 pour cause de son illégalité et son caractère opaque et non représentatif de la diversité du parti. Nous ferons suivre ce rejet par des dispositions concrètes appropriées. Notre proposition à notre grande base pour le futur vous sera communiquée par voie de presse dans les jours et semaines à venir.
Seule la lutte libère.
Tenons bon ! L’UDPS vaincra !
Kinshasa, le 31 mars, 2018
Ainsi fait au pays et dans la diaspora le 31 mars 2018