Encore une victoire diplomatique d’importance à l’actif du gouvernement de la RD Congo. Le refus de participer à la réunion des donateurs sur la crise humanitaire rd congolaise dont les termes ont été unilatéralement définis par les partenaires internationaux porte ses fruits. Parce que l’ONU, sous la plume de Mark Lowcock son secrétaire général adjoint chargé des affaires humanitaires a adressé une lettre d’excuses en bonne et due forme au vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Léonard She Okitundu. Dans ce courrier daté du 3 avril 2018, le plénipotentiaire onusien promet de rendre publique une communication ramenant le niveau de gravité de la crise humanitaire rd congolaise à des proportions plus réalistes, et invite le gouvernement à revenir sur son refus de se rendre à la réunion des donateurs le 13 avril prochain à Genève. « Je vous écris en particulier pour vous faire savoir que nous avons écouté attentivement vos préoccupations au sujet de la désignation de la crise humanitaire en RDC », lit-on dans ce courrier qui explique que « les Nations-Unies désactiveront la qualification L3 plus tard ce mois-ci ».
Au cours d’une conférence de presse mardi 3 avril dernier à Kinshasa, Léonard She Okitundu avait réitéré les protestations gouvernementales sur cet arbitraire dans la désignation du niveau de la crise humanitaire rd congolaise, déjà exprimé par son collègue des Transports et Voies de communication quelques jours plus tôt. La classification de la RD Congo au niveau L3, le même que la Syrie par exemple, projette une image de catastrophe extrême assimilable à celle des pays où font rage des guerres de haute intensité, avec des bombardements massifs et récurrents depuis plusieurs années. Alors que la RD Congo fait plutôt face à des attaques non conventionnelles et asymétriques de groupuscules terroristes et de bandes armées criminelles. « Certes, la situation humanitaire (…) n’est pas pour autant moins préoccupante, mais l’exagération dans la description pour le moins excessive que l’on en fait ne correspond nullement à la réalité sur terrain», a martelé le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, stigmatisant ainsi une attitude contre-productive pour l’image de marque et l’attractivité du pays en agissant comme un repoussoir pour les investisseurs potentiels.
Avant de décider le boycott de la réunion des donateurs de Genève, Kinshasa avait interpellé l’équipe humanitaire-pays sur ses préoccupations légitimes au sujet de la discordance des statistiques sur les déplacés internes, par exemple, qui sont loin des réalités sur le terrain. Mais aussi sur la non implication préalable des autorités rd congolaise dans le processus de préparation et d’organisation de la réunion de Genève, ainsi que la définition concertée des termes de référence et du mécanisme de suivi et de mise en œuvre du programme qui en découle. Sans compter la définition du rôle du gouvernement de la RD Congo dans la résolution de la crise humanitaire.
Léonard She Okitundu n’a pas passé sous silence le non-respect des textes internationaux établissant la responsabilité première de chaque Etat dans la gestion des aides humanitaires par les organisateurs de la réunion de Genève. Il s’agit notamment de la Résolution 46/182 du 19 décembre 1991 de l’assemblée générale des Nations-Unies sur le renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence et de la Convention de l’Union Africaine sur la protection et l’assistance aux personnes déplacées en Afrique.
Ci-après, la lettre du secrétaire adjoint de l’ONU chargé des affaires humanitaires.
J.N.
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