L’initiative est plutôt maladroite et susceptible de se retourner contre ses auteurs, mais Olivier Kamitatu Etsu et ses alliés du Groupe d’Etudes sur le Congo (GEC) semblent y tenir comme à la prunelle de leurs yeux. Et se jettent à l’eau. Vendredi 29 mars 2018, son Bureau d’Etudes, de recherches et de Consulting International (BERCI) et le Groupe d’Experts du Congo (GEC) de l’Américain Jason Stearns, inconsolable depuis que les services d’immigration congolais l’ont déclaré indésirable en RDC il y a quelques années ont présenté ce qu’ils appellent une série de sondages d’opinions politiques représentatifs à l’échelle nationale à travers la RD Congo. Ces sondages « à distance » se seraient effectués en février, août, et novembre 2017, puis en janvier-février 2018, « par téléphone auprès de plus 1.000 personnes », ce qui, même si cela s’avérait exact, serait insignifiant pour un électorat de plus de 45 millions de votants attendus en décembre prochain !
Les conclusions du sondage, ainsi réalisé depuis Bruxelles et New York, paraissent pour le moins tirées par les cheveux. Probablement parce qu’en réalité, il en irait tout autrement si les tendances exprimées se rapprochaient tant soit peu des avis généralement connus du plus grand nombre des rd congolais. Mais tel n’est pas le cas. Tout se passe comme si c’est la volonté politique des « sondeurs à distance » qui est médiatisée sous le couvert de ce pseudo-sondage d’opinions.
Selon Olivier Kamitatu et Stearns, en cas d’une élection à laquelle il est pourtant de notoriété publique qu’il ne pourra pas participer, la constitution excluant cette possibilité, Joseph Kabila Kabange récolterait tout de même 6 % des votes (Dans un précédent sondage, Berci avait déjà avancé que Moïse Katumbi raflerait près de 90 % des votes au Maniema, le fief de Joseph Kabila). Contre 17 % pour un autre candidat de la majorité présidentielle.
Pour ces katumbistes purs et durs, leur mentor obtiendrait 24 % à la prochaine présidentielle, contre 13 % pour Félix Tshilombo Tshisekedi. Jean-Pierre Bemba Gombo, le précédent patron de Kamitatu actuellement embastillé pour des années dans une prison de la CPI à la Haye pour crimes contre l’humanité, s’en tirerait avec… 10 % des voix. Cette hiérarchisation audacieuse établie, les sondeurs passent aux choses plus sérieuses, qui révèlent des contradictions qui finissent par les trahir.
Ainsi, les résultats des sondages attestent de la volonté des rd congolais d’aller aux urnes. 97 % des sondés déclarent s’être enrôlés selon BERCI et GEC, mais curieusement, 69 % de la population n’a pas confiance au processus électoral en cours, selon le même sondage. Dont les conclusions attesteraient du soutien de 68 % des personnes interrogées aux marches dites des « catholiques » organisées le 31 décembre 2017 et le 21 janvier 2018 par le CLC de Monsengwo pour obtenir le départ de Joseph Kabila avant les élections…
Difficile de ne pas voir dans la publication de ce prétendu sondage le week-end dernier une transposition chiffrée des fantasmes de Moïse Katumbi que son porte-parole, Olivier Kamitatu et Jason Stearns, l’ancien onusien converti en « expert ès RD Congo » tentent ainsi de vendre à l’opinion. Non seulement l’ancien gouverneur du Katanga est carrément préféré à Félix Tshilombo Tshisekedi et aux UDPS, mais pire, des candidats qui ont déjà fait leurs preuves aux mêmes élections, Vital Kamerhe de l’UNC et Antoine Gizenga Fundji du PALU sont ignorés aussi bien par les sondeurs que par les sondés. Révélateur.
J.N.