Alors qu’il veut se forger un leadership à coups de billets de banque et avec une valse de plates-formes qui naissent et disparaissent au jour le jour autour de lui, l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga subit l’extrémisme – quoique condamnable – des « combattants » de la diaspora qui, comme récemment en Afrique du Sud, lui ont vertement signifié sans détour leur rejet de sa personne comme leader de l’opposition. A Jo’burg, le milliardaire-opposant a été sauvé de justesse grâce à la police.
Une scène qui fait le buzz sur la toile malgré les dollars que son porte-monnaie a crachés pour faire taire la dizaine de confrères (européens comme congolais) à sa solde montre l’allocution laborieuse de Moïse Katumbi à Johannesburg brutalement interrompue par une bande furieuse de congolais vivant en Afrique du Sud.
Certes, aucun esprit bien-pensant et épris de paix et de tolérance démocratique ne peut soutenir la violence dont font usage une certaine catégorie de nos compatriotes de la diaspora congolaise depuis maintenant une décennie. Le fait est, cependant, qu’il s’agit-là d’une forme d’expression qui, par ces temps de tournants décisifs pour les positionnements en vue des élections, chaque attitude et comportement sur la scène politique, vaut son pesant d’or. Et ceci est d’autant plus vrai que l’extrémisme de cette catégorie de la diaspora congolaise passe, depuis longtemps, comme une sorte de jauge de l’estime des Congolais sur leurs acteurs politiques.
En cette période donc, et alors que les acteurs politiques de la majorité étaient donnés pour être les plus rejetés par la fameuse diaspora, il se produit, cependant, des phénomènes qui, sauf à se prêter à une honteuse manipulation, devrait faire réfléchir ceux qui, pendant un certain temps, se sont adonnés justement à nourrir cette manipulation. Au nombre de ceux-ci figure, en bonne place, Moïse Katumbi Chapwe.
Grâce à son portefeuille et aux services de ses avoués comme Francis Kalombo et autres se prévalant de leur qualité d’«anciens» de la diaspora, l’ancien Gouverneur de l’ex-Katanga semblait se servir de l’estime qu’il s’achetait auprès de cette catégorie de la diaspora pour attester de la sympathie dont il jouit outre-mer, à l’instar de sa sympathie populeuse auprès des supporters de son équipe TP Mazembe de Lubumbashi.
Katumbi « mutakalisé »
Ce qui s’est passé la semaine dernière en Afrique du Sud lors du conclave de la plate-forme politique qu’il venait de s’offrir (« Forces du changement» puis « Ensemble » ?) est, cependant, le témoignage de ce mensonge dans lequel il a toujours évolué, floué en cela par ses collaborateurs qui n’ont d’yeux et de souci que pour les billets verts dont on le dit si prolixe. Sans plus. En effet, malgré le black-out imposé à la meute des journalistes qu’il a drainés à Johannesburg – même les médias internationaux comme RFI, La libre Belgique ou BBC -, l’opinion a découvert, depuis le week-end dernier, cette vidéo désormais virale de l’incident qui s’est produit dans la salle du conclave au moment même où Katumbi prononçait les premiers mots de son discours. On entend, d’abord, un bourdonnement s’élever dans la salle comme une ruche. De petits cris de désapprobation se font sentir pendant que l’assistance se met progressivement debout.
Loin d’être un « standing ovation » à la gloire du riche orateur, l’on assiste plutôt à un soulèvement d’une bonne partie de la salle. Derrière le pupitre où il se trouve, Katumbi se fait rejoindre par un quidam en costume qui le contourne, l’agrippe et tente de le déshabiller carrément par derrière. Le milliardaire-candidat-Président parvient à se soustraire de justesse de la poigne du forcené juste en même temps que ses gros bras, surpris par la rapidité de l’attaque ne se ressaisissent puis l’entourent pour le protéger loin du podium qui est pris d’assaut par des jeunes gens plutôt en colère en attendant que des éléments de la South African Police Forces interviennent pour calmer la situation.
L’un des assaillants ramasse, sur le pupitre, le discours abandonné par Katumbi et, de ses deux mains, le taille en petits morceaux. Quelques secondes plus loin, on aperçoit Olivier Kamitatu au bord du même pupitre ramassant les quelques bouts de papier qu’il pouvait glaner çà et là dans une cohue de plus en plus indescriptible. Sur ces mêmes entrefaites, on aperçoit Katumbi encadré par des éléments de la police qui l’évacuent de la salle par une porte dérobée. A l’extérieur, l’ambiance est plus qu’électrisée. Des jeunes gens ont, en l’air, leurs smartphones pour immortaliser ces instants, se livrant de temps en temps à des commentaires, les uns en face des autres, avant de balancer le tout sur la toile.
En sorte qu’au moment où RFI, lalibre.be et d’autres médias « invités » livraient leurs reportages dithyrambiques sur l’événement, les internautes découvraient une toute autre réalité sur la toile. Un scandale, au passage, que cette amnésie collective des « journalistes » stipendiés. Pour un événement qui s’est pourtant produit sous leurs yeux et sur lequel ils avaient tous, sans exception, leurs caméras, micros, dictaphones et appareils photos braqués. Bref, passons…
Remember Bruxelles
Moïse Katumbi n’en est pas au premier désaveu de son leadership par les « combattants » de la diaspora. Pas plus tard qu’en janvier dernier à Bruxelles lors de la messe dite en l’église Notre-Dame de Lourdes à Jette en mémoire des victimes des manifestations manquées du 31 décembre 2017 à Kinshasa, il avait dû quitter l’office avant la fin pour fuir la furie des jeunes « combattants » qui s’échauffaient à l’extérieur pour en découdre avec lui.
A l’extérieur, et malgré sa garde personnelle, il n’avait eu la vie sauve grâce à l’intervention de la police de Jette. Mais sa limousine en a pris un sacré coup en essuyant la colère de la foule en furie contre celui que les agresseurs accusaient de vouloir « usurper le leadership de l’opposition ».
Bien longtemps avant, et toujours à Bruxelles lors de l’hommage à feu Etienne Tshisekedi au Palais 2 du Heysel à Bruxelles, Katumbi était aussi passé à côté de la colère de certains membres de l’assistance. Ceux-ci n’avaient pas apprécié la solennité de l’accueil que le modérateur, un prêtre catholique, lui avait réservé en lui donnant du « Son excellence » jusqu’à le désigner comme « leader principal » de l’opposition.
Comme quoi, l’opportunisme ne paie pas toujours…
PDM
Titre original : « Fatwa généralisée contre Katumbi dans la diaspora ! »