La SNEL SA envisage une révision à la hausse des tarifs haute tension singulièrement pour les entreprises minières. Selon le DGA Lusinde – qui n’avance cependant aucun chiffre -, la Société nationale d’électricité a longtemps appliqué le taux le plus bas du monde.
Voilà qui n’est pas pour rétablir des rapports harmonieux entre les deux parties. Les miniers du Katanga ont besoin de quelque 1500 MW alors que l’offre locale selon des sources SNEL, se situe à 850MW dont 350 provenant des centrales hydroélectriques de Nzilo, Nseke et Mwadinigusha et les 500 autres mégawatts proviennent de la ligne très haute tension courant continu, THCC, Inga-Kolwezi..
Les opérateurs miniers du grand Katanga ont énormément investi ces derniers mois sur la ligne très haute tension courant continu, THCC, Inga-Kolwezi. Anvil Mining a notamment installé une centrale à Lubumbashi pour la fourniture d’énergie à Kinsevere. Ivanhoé a financé la réhabilitation des turbines de la centrale de Mwadingusha. Les barrages hydroélectriques de Nzilo et Nseke ont également été remis à l’état par les miniers même si la SNEL SA en reste
Propriétaire.
Toutefois l’entreprise d’Etat doit rembourser tous les frais engagés par des minings. Voilà qui justifierait l’augmentation des tarifs haute tension appliqués aux opérateurs miniers. En Zambie, indique-t-on à la SNEL, le prix du kilowattheure revient au double de celui appliqué en RDC, or la SNEL SA importe du courant de ce pays via l’entreprise ZESCO pour assouvir les besoins énergétiques des miniers du Katanga.
Autre point d’achoppement entre la SNEL et les minings, l’importation du courant sud-africain. Voilà une année jour pour jour que le dossier ne connaît aucun avancement alors que la compagnie publique sud-africaine d’électricité, Eskom, a mis quelque 200 MW à la disposition de la RDC. L’ironie de l’affaire est que celui qui négociait au nom des minings avec la SNEL a été nommé DG de la société nationale d’électricité, fin 2017.
Jean Bosco Kayombo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, était, en effet, directeur chargé de la gestion d’énergie électrique dans l’entreprise minière MMG et membre de la commission énergie de la Chambre de mines de la RDC, qui travaille en partenariat avec la SNEL. Naturellement, l’homme a fait girouette. Mais peu avant de passer à la SNEL, il avait confié à la presse que le déficit actuel est de 600 à 700 MW. Que la SNEL n’est plus en mesure de fournir l’électricité en quantité suffisante, les sociétés minières sont obligées de se chercher des sources alternatives. Que certains miniers se sont donc tournés vers les groupes diesel, d’autres ont choisi carrément d’importer de l’énergie des pays voisins.
Jean Bosco Kayombo pense que la solution d’importer de l’énergie électrique peut être une « bonne chose », à condition que le prix fixé par le vendeur soit « acceptable ». En effet, les miniers ne sont pas maîtres de leur destin en matière de prix du cuivre et du cobalt sur les marchés internationaux des matières premières. Les cours des métaux obéissent donc à la loi de l’offre et de la demande. « Dans ce cas, explique Kayombo, si l’électricité coûte cher, les miniers ne pourront pas vendre de manière concurrentielle sur ces marchés face aux produits provenant d’autres pays. »
D’après le directeur général de la SNEL, Eskom a présenté un surplus de 1 000 MW. Malheureusement, les contraintes de transfert, notamment le transit par le Zimbabwe et la Zambie, ne permettent pas que tout cet excédent arrive au Katanga. Seulement 200 MW peuvent, pour le moment, traverser ces deux pays et arriver au Katanga. Ces 200 MW permettront cependant aux miniers d’avoir un peu plus d’électricité que d’habitude, c’est-à-dire en plus de ce que certaines sociétés produisent elles-mêmes ou de ce que d’autres importent de la Zambie ou d’autres pays de l’Afrique australe, en collaboration avec la SNEL.
POLD LEVI