Qui l’aurait cru? Depuis quelques semaines, de nombreux Congolais se posaient la question de savoir avec quel passeport, Moïse Katumbi Chapwe, candidat déclaré de la plate-forme “Ensemble” à la présidentielle, parvient-il à effectuer ses nombreux déplacements en Europe, aux États-Unis et tout récemment, en Afrique du Sud, alors que le 20 février dernier, il s’était présenté à l’Ambassade de la RDC à Bruxelles, pour solliciter un nouveau passeport biométrique qui ne lui aurait pas été délivré à la suite de la polémique autour de sa vraie nationalité actuelle.
Alors qu’on s’y attendait le moins, la réponse est venue de lui-même, de sa propre bouche et avec ses propres mots.
En effet, en marge de son conclave politique de Johannesburg en Afrique du Sud, l’ex. gouverneur de l’ancien Katanga avait accordé sur place, une interview en lingala, à un animateur de télévision de Kinshasa, et dont l’extrait de la vidéo, fait le tour des différents réseaux sociaux. À la question de savoir, avec quel document de voyage il avait pu effectuer ce déplacement de l’Europe jusqu’au pays de Nelson Mandela, Moïse Katumbi a, le plus sérieusement du monde, extrait d’une poche de sa veste, un passeport semi-biométrique congolais et l’a brandi devant la caméra. Sans se rendre compte, l’homme de Kashobwe, venait-là, de commettre une de ces « erreurs politiques fatales » dont il est devenu coutumier à chacune de ses sorties médiatiques, pour lesquelles, il dépense pourtant, toute une fortune, selon les habitués.
En effet, à travers cette révélation publique, Moïse Katumbi, candidat de la plate-forme “Ensemble”, venait de confirmer à l’opinion tant nationale qu’internationale, qu’il utilisait un passeport congolais qui n’avait plus cours légal en République Démocratique du Congo, pour tous ses nombreux déplacements à l’étranger.
À titre de rappel, le gouvernement de la République Démocratique du Congo avait prolongé de trois mois , la validité des passeports semi-biométriques qui ne devaient plus avoir cours légal à partir du 16 octobre 2017.
La date de la mise en application de cette décision a donc été prolongée jusqu’au 14 janvier 2018, tout en maintenant l’obligation de se procurer le nouveau passeport biométrique.
« Les anciens passeports contenant un ou plusieurs visa en cours de validité restent valables à la condition que leurs détenteurs se soient se procurés un passeport biométrique afin de bénéficier d’un fêlé consulaire leur permettant de circuler librement jusqu’à l’expiation desdits visa. A l’embarquement comme au débarquement, le cachet des services de migration ne sera apposé que sur le passeport biométrique », avait déclaré à ce sujet le Vice-premier ministre et ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, devant la représentation nationale, au cours de la question orale avec débat, lui adressée par le député national UNC, élu de Walikale, juvénal Munobo, le lundi 2 octobre 2017, au sujet de la mesure gouvernementale invalidant les passeports semi-biométrique.
Comme on peut bien se rendre compte, au propre comme au figuré, le document présenté par le gouverneur honoraire de l’ex Katanga, n’est rien d’autre qu’un faux.
Pareille situation, suscite un certain nombre de questions pertinentes:
– Comment un citoyen congolais qui aspire à la magistrature suprême, peut-t-il bafouer ainsi les lois et règlements en vigueur dans son pays ?
– Au cas où son passeport semi-biométrique pourrait avoir des visas encore valides, mais comment peut-il continuer à voyager sans s’être procuré au préalable, un passeport biométrique, comme l’exige la réglementation annoncée par le gouvernement ?
– Cette sortie médiatique à propos de son passeport semi-biométrique, n’était destinée qu’à atténuer la polémique autour de sa nationalité actuelle ?
– Enfin, le candidat de la très controversée plateforme “Ensemble” à la présidentielle du 23 décembre 2018, a annoncé pour la énième fois, son retour en RD Congo « au mois de juin prochain », pour déposer sa candidature à l’élection présidentielle. Sur quel document la Direction générale de migration, va-t-elle apposer son cachet d’entrée, étant donné qu’elle ne peut légalement le faire que sur un passeport biométrique ?
Guy Momat
Analyste Politique.