Un important débat sur le renouvellement du mandat de la Mission des Nations-Unies pour la Stabilisation de la RD Congo s’est tenu mercredi 7 mars 2018 au siège des Nations-Unies, sous la présidence des Pays-Bas.
Le Vice-premier ministre et ministre des Affaires Etrangères, Léonard She Okitundu, y a porté haut le point de vue de la RD Congo en fixant les esprits sur la situation politique de l’heure.
Élections : sur la bonne voie
Le Vice-Premier Ministre et Ministre des affaires étrangères a indiqué qu’après la clôture, le 31 janvier 2018, des opérations de révision du fichier électoral, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) allait s’atteler, dans les mois qui viennent, à l’identification et à l’enrôlement des Congolais de l’étranger. Entre-temps, dans le but de renforcer la confiance, la CENI a entrepris une campagne de sensibilisation et d’éducation autour des questions technico-opérationnelles des élections, notamment pour la machine à voter. Elle a aussi, depuis le 1er février, entrepris le nettoyage du fichier électoral qui, a expliqué le Vice-Premier Ministre, permettra au Parlement d’adopter la loi sur la répartition des sièges à sa session du mois de mars en cours. Cette étape sera la dernière contrainte institutionnelle à être levée pour la tenue des échéances électorales, a-t-il ajouté.
Décrispation politique doit concerner tous les acteurs pas seulement le Gouvernement
Léonard She Okitundu s’est ensuite prononcé sur l’usage abusif du concept de « décrispation politique », dans un contexte politique dominé, selon lui, par une « logique insurrectionnelle » visant le renversement de l’ordre légal établi porté par des forces politiques d’opposition. La décrispation politique ne doit pas être considérée comme une exigence unilatérale à charge du Gouvernement, a-t-il soutenu, mais doit concerner tous les acteurs, de la majorité, de l’opposition et de la société civile (dont l’Église catholique), ainsi que les partenaires internationaux.
Pas d’impunité en RD Congo
M. Okitundu a évoqué les évènements du 31 décembre 2017 et du 21 janvier 2018, précisant que le Gouvernement avait mis sur pied, le 1er février 2018, une commission d’enquête mixte qui a pour mission d’évaluer les pertes en vies humaines. Celle-ci est aussi chargée d’enquêter sur les événements du 25 février 2018, a-t-il ajouté, avant de souligner que pour ce cas particulier, les auteurs présumés d’homicides à Mbandaka et à Kinshasa avaient été mis aux arrêts. Le Vice-Premier Ministre a ensuite parlé du procès sur l’affaire du meurtre de deux experts des Nations Unies, qui se tient depuis le 5 juin 2017, et indiqué que le nommé Tshidima Constantin Bula, dénoncé comme l’un des commanditaires de ce meurtre, subissait actuellement un interrogatoire à l’auditorat général en vue de le mettre à la disposition du tribunal compétent. Il a ensuite affirmé que contrairement à ce que véhicule une « certaine opinion », c’est pour coopérer pleinement avec le mécanisme de suivi sur la RD Congo, négocié avec le Secrétaire général, que le procès en cours a connu un ralentissement, dans l’attente d’éléments nouveaux que produiraient éventuellement les enquêteurs de l’équipe du Procureur spécial.
Les Fardc seules face aux groupes rebelles
Sur le plan sécuritaire, le Vice-Premier Ministre a indiqué que les ADF constituent une grande source d’inquiétude et que depuis le 13 janvier 2018, les FARDC ont lancé une vaste offensive militaire pour neutraliser cette force négative, qui « malheureusement se fait sans la MONUSCO ». Il a indiqué que cette opération avait résulté en la mort, le 22 févier dernier, d’un des leaders « senior » des ADF, Mohamed Kayira. Quant aux FLDR, les FARDC continuent à mener les opérations commencées dans le cadre de l’opération Sukola 2. Sur ce point, M. Okitundu a réclamé l’implication du Conseil de sécurité pour le rapatriement sans conditions dans leurs pays d’origine, au plus tard le 20 octobre 2018, des ex-combattants désarmés des FDLR qui se trouvent encore dans les camps de transit de Kisangani, dans la province de la Tshopo, et de Kanyabayonga et Walungu, dans les provinces du Nord et Sud-Kivu. Ce rapatriement sans conditions concerne également les ex-combattants de l’ex-M23, a-t-il ajouté.
Humanitaire: Disparité sur les chiffres et Fonds national
Le Vice-Premier ministre en charge des Affaires étrangères a par ailleurs estimé qu’il existait une grande disparité entre les statistiques présentées par « certains partenaires extérieurs » et celles des services publics rd congolais en charge des questions humanitaires. Il a jugé nécessaire de renforcer la collaboration dans l’action humanitaire afin de lever toute équivoque sur le nombre de personnes en besoin d’assistance. Il a évoqué la mise en place, par le Gouvernement, d’un « fonds national de solidarité humanitaire », et fait état d’« énormes progrès » réalisés dans la lutte contre les violences sexuelles. Il a réclamé le « délistage effectif des FARDC et de la Police nationale congolaise de la liste des forces de sécurité des pays indexés pour viols ». Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs estimé que pour éviter les contradictions dans les statistiques publiées par différentes agences onusiennes, il était nécessaire que ces dernières et la MONUSCO interagissent par l’entremise du Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP).
Redimensionmement qualitatif MONUSCO
M. Okitundu a ensuite plaidé pour un « redimensionnement qualitatif » de la force de la MONUSCO, avec moins de troupes mais plus spécialisées dans la traque de groupes armés et capables de faire face aux menaces asymétriques. Il a estimé que pour le nouveau mandat de la Mission, ces troupes devaient travailler en étroite collaboration avec les FARDC, jouir d’une plus grande agilité et mobilité et être dotées d’un équipement adapté pour plus d’efficacité.
S’agissant de la Brigade d’intervention, la RD Congo regrette notamment de n’avoir pas été consultée sur des questions aussi importantes que le retrait de l’artillerie tanzanienne et de l’aviation sud-africaine, ainsi que le déplacement du commandement de la Brigade du théâtre des opérations à une base fixe à Goma, « entraînant ainsi son inefficacité ».
“Dans ce contexte, les unités de la MONUSCO non essentielles aux opérations militaires de lutte contre les groupes armés, présentes dans les zones où la force de la MONUSCO n’est pas justifiée et dans celles où la concentration des forces est supérieure à la menace, doivent être retirées pour alléger les effectifs et certaines converties dans un mode plus adapté à la traque des groupes armés” a-t-il soutenu.
Le Vice-Premier Ministre a par ailleurs jugé souhaitable que le programme de DDRR (désarmement, démobilisation, rapatriement et réintégration) figure parmi les priorités dans le nouveau mandat de la MONUSCO.
Brigade, dernière à partir
Léonard She Okitundu a également jugé important de tracer « ensemble » la stratégie de sortie négociée de la MONUSCO dans un délai raisonnable. Pour la RD Congo, la Brigade d’intervention, les services civils et différents bureaux d’appui à la consolidation démocratique seront les derniers à quitter le pays. Le Vice-Premier Ministre a aussi souhaité que les termes de référence du nouveau mandat de la MONUSCO intègrent l’impératif d’éradication des groupes armés.
Avant dernier mandat de la MONUSCO
Pour le plénipotentiaire rd congolais, “les discussions sur le partenariat République Démocratique du Congo – MONUSCO doivent se poursuivre dans le cadre du dialogue et de la revue stratégique dont l’objectif est la réorganisation des ressources humaines, financières, logistiques et autres, en fonction du nouveau mandat que le Conseil de Sécurité va confier à la MONUSCO”. « Nous aurons réussi ensemble en République Démocratique du Congo quand il ne sera plus question de débat sur le renouvellement du mandat de la MONUSCO, ce qui est le souhait du peuple congolais et celui de mon Gouvernement qui espère que cette reconduction sera l’avant- dernière et qu’elle contribuera définitivement au retour de la paix pour les populations de l’Est de la RDC”, a-t-il déclaré quant à ce.
J.N. AVEC AGENCES