Alors qu’une crise intercommunautaire attisée par des politiciens locaux depuis Kinshasa couve dans la région, de grandes intelligences africaines, au niveau du Nepad, mûrissent des réflexions sur Ilebo et sa périphérie.
La bourgade au centre de la RD Congo est appelée à devenir la future plate-tournante des activités mercantiles en Afrique centrale. Le port d’Ilebo est de nouveau opérationnel depuis mi-février 2018.
D’après le directeur du Département de la région Nord de la Société Nationale des Chemins de fer du Congo, SNCC SA, Alfred Mato, la centrale thermique du port a également été réhabilitée et un collecteur géant empêche désormais et pour toujours l’avancée d’une tête d’érosion vers le port d’Ilebo. La SNCC gestionnaire du port envisage dorénavant de l’exploiter à fonds. Ilebo relie, en effet, Kinshasa à Lubumbashi, par eau et par chemin de fer.
L’an dernier, de janvier à décembre 2017, la SNCC n’a acheminé que 30.000 t des marchandises dont 25.000 t de maïs à Kananga parchemin de fer à partir de Lubumbashi. Or Ilebo ouvre également le pays Kasaï à l’ouest, Kinshasa, Matadi et bien au-delà, à Pointe-Noire.
Ferroutage
Pour le NEPAD, Nouveau partenariat pour le Développement de l’Afrique, Ilebo sera l’une des futures plaque-tournantes du business sur le continent. Son port et son chemin de fer figurent, en effet, dans un projet de ferroutage du NEPAD. Ce projet consiste en la construction du pont de chemin de fer Brazzaville – Kinshasa, la connexion au chemin de fer Kinshasa – Ilebo et la construction d’une route, d’un pont de chemin de fer combiné et d’un poste d’arrêt unique à la frontière dont la ligne ferroviaire sera connectée à Lumbumbashi – Ilebo.
Ce projet a, en effet, pour objectif la création d’une liaison ferroviaire entre l’Afrique centrale et l’Afrique du Sud à partir de la RD Congo (Ilebo), le budget de son exécution se chiffre à 1,65 milliards de dollars. Les gouvernements de la République du Congo et de la République Démocratique du Congo en sont les sponsors, d’après un récent rapport du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique.
Partenariat public-privé.
En janvier 2017, la Communauté Economique des Etats d’Afrique Centrale, CEEAC, évoquait un montant de 400 millions d’euros pour la réalisation de la section du projet Pont route – rails, y compris le poste frontalier unique. Et ce, en annonçant l’intention de la Banque Africaine de Développement, BAD, de débloquer 250 millions d’Euros alors que les deux Gouvernements s’apprêtaient à mobiliser 110 millions d’Euros. Les 40 millions restants devaient provenir d’autres bailleurs surtout que le mode de financement est le Partenariat Public – Privé.
Mais des voix s’élèvent de plus en plus pour que la RD Congo garde le leadership de ce projet qui a, en effet, été placé sous la direction du Congo d’en face. Fin décembre 2017, lors de l’examen critique de la loi des finances 2018 sous la direction du REGED, Réseau gouvernance économique et démocratie, les organisations de la société civile ont recommandé au gouvernement de prévoir des prévisions budgétaires pour la construction à moyen terme de la ligne de chemin de fer Ilebo – Kinshasa afin d’orienter tout le transport des exportations des produits extractives vers l’embouchure du fleuve Congo (port de Matadi) et d’éviter les énormes frais de transit.
Il sied également de rappeler que la RD Congo et l’Afrique du Sud ont conclu des accords de coopération fiscale et maritime-négociés du temps du régime de la transition « 1+4 » et ratifiés en 2011. Par ces accords, les navires marchands sud-africains devraient formellement avoir libre accès dans les ports maritimes de la RD Congo dont Matadi et Boma. L’accord de coopération maritime prévoit également la collaboration entre les flottes de deux pays. Voilà qui, non seulement relancer la flotte rd congolaise sur la voie de la modernisation, mais aussi ouvrir aux Sud-africains la voie de l’arrière-pays, Kisangani, Bumba, Ilebo, etc., via notamment des contrats de sous-traitance. La concurrence s’annonce rude pour l’armement national public et privé.
POLD LEVI