Nommé archevêque coadjuteur de l’archidiocèse de Kinshasa, le 2 février dernier, Mgr Fridolin Ambongo Besungu, jusque-là archevêque de Mbandaka-Bikoro devrait incessamment prendre possession de ses nouvelles fonctions, selon des sources parmi le clergé de la capitale de la RD Congo.
Un mois après cette nomination, c’est seulement le week-end dernier que le successeur désigné du très controversé Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya est arrivé à Kinshasa où il a été accueilli par les trois évêques auxiliaires du lieu. Après avoir quasiment parrainé, comme son mentor kinois, une manifestation politique interdite qui a fait au moins un mort à Mbandaka et des blessés. Fridolin Ambongo a fait sensation en se portant au chevet d’une fille blessée au sein par la déflagration d’une grenade lacrymogène, la semaine dernière. L’homme semble donc voguer dans les mêmes eaux contestatrices de l’ordre politique établi que son prédécesseur à la tête de l’archevêché de Kinshasa. Il n’a du reste pas hésité pas à confier aux médias son passé de jeune séminariste « révolutionnaire ». Tout comme il n’a eu de cesse d’affirmer tout haut son soutien à l’action politique du « cardinal-afande » dont il a été appelé à prendre la succession dans la province catholique de la capitale.
Néanmoins, l’arrivée du nouvel archevêque coadjuteur est bel et bien annonciatrice de la fin de l’ère Monsengwo, que beaucoup au sein du clergé de Kinshasa appellent de leurs vœux les plus secrets. Le « glissement » de mandat de l’irascible cardinal s’étalait depuis 4 longues années, et beaucoup parmi les prêtres de la capitale, voire, par ses collègues les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) rongeaient leurs freins et avaient hâte de voir s’en aller ce prélat un peu trop politicien à leur goût.
Dans un entretien accordé à l’agence Fides de la cité du Vatican, le cardinal Fernando Filoni, Préfet de la congrégation pour l’évangélisation des peuples, a en effet, expliqué que l’actuel archevêque de Kinshasa a « présenté sa démission du gouvernement pastoral de Kinshasa au moment de son 75ème anniversaire. Le Saint-Père, comme il le fait souvent, prolonge le mandat aux vues des conditions de santé et pour ne pas priver le diocèse de son pasteur jusqu’à la succession. Au cours de cette période, une étude a été conduite sur la situation de l’Archidiocèse, sur les attentes de ce dernier – de la part du clergé, des religieux et des laïcs – et des indications ont été demandées à de nombreux Prélats, ecclésiastiques et fidèles ».
Depuis la nomination de Mgr Fridolin Ambongo Besungu, une période transitoire devrait s’instaurer pour permettre que le passage des consignes entre le cardinal Laurent Monsengwo et Mgr Fridolin Ambongo intervienne « avec le calme qui convient et une connaissance approfondie de cette circonscription ecclésiastique complexe ». Une faon comme une autre d’indiquer que Rome aussi était passablement préoccupé par les outrances du désormais conseiller de Sa Sainteté le Pape François.
Le cardinal Fernando Filoni s’est gardé d’indiquer la durée temporelle de cette période transitoire, espérant simplement « que le cardinal Monsengwo sera content de laisser son Office dans des mains sûres et zélées ».
L’attente se prolongera encore un peu pour ceux qui attendent que Monsengwo s’éclipse, enfin. Et dont l’anxiété est plus que perceptible alors que le vieil homme semble toujours déterminé à ruer sur les brancards comme pour laisser le déluge après lui. Des sources parmi le clergé rapportent au Maximum que pour ne pas le gêner son impétueux prédécesseur, Fridolin Ambongo, prudent, se serait engagé à le laisser opérer la dernière mise en place de son long règne dans l’archidiocèse de Kinshasa. Elle interviendra, comme chaque année, au mois d’août 2018. « Des têtes vont bouger et d’autres tomber » assure-t-on. Laurent Monsengwo devrait en effet profiter de cette élégance du futur chef de l’église catholique de Kinshasa pour régler ses comptes avec tous les prêtres qui se sont révélés tièdes vis-à-vis de ses saillies politiciennes. « Certains devraient se voir éloignés, voire, relégués vers d’obscures paroisses dans la périphérie de la capitale », affirment des sources proches de l’archevêché. Quitte à ce que Fridolin Ambongo rétablisse quelques équilibres par la suite.
J.N.