Chacune des trois marches dites des chrétiens organisées par le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa et son Comité Laïc de Coordination (CLC) a occasionné mort d’hommes. Certes, il n’y a pas encore eu autant de pertes en vies humaines que le souhaiteraient manifestement les organisateurs de ces tentatives insurrectionnelles brouillonnes qui ont secoué la capitale Kinshasa et certaines agglomérations de l’arrière-pays. Grâce, notamment, au professionnalisme des forces de l’ordre qui ont, chaque fois, réussi à limiter les dégâts face aux provocations de plus en plus téméraires de casseurs abusivement affublés de l’attribut de « chrétiens ». Mais la course aux morts, et donc aux « martyrs » est plus évidente que jamais : les organisateurs de ces véritables messes basses destinées à faire couler le sang de Congolais pour déstabiliser un pouvoir détesté ont instauré une sorte de jeu macabre de « qui meurt gagne » dans lequel les assassins ne se recrutent pas toujours du côté que l’on croit, loin s’en faut.
La première marche dite des chrétiens organisée le 31 décembre 2017 à Kinshasa a été marquée par des accrochages entre la police nationale et des hordes de hooligans sur la route de l’aéroport international de Ndjili, dans les quartiers populaires de Kingasani et Masina. Recrutés essentiellement parmi des combattants fanatisés et radicalisés de partis politiques hostiles à l’organisation des élections en RD Congo à la fin de 2018, ces mousquetaires s’étaient carrément attaqués aux policiers. Et il en est résulté des morts et des blessés de part et d’autres, selon le rapport non contesté par personne jusqu’à ce jour, établi par la police nationale. Aussi bien les civils qui ont trouvé la mort au cours de ces accrochages que les éléments de la police nationale sont décédés « au nom de Dieu ». C’est en effet une sorte de djihad qui a été lancé par une structure laïque de l’archidiocèse de Kinshasa. Ces morts sont donc ceux du cardinal qui a embouché des trompettes tonitruantes pour les attribuer, contre toute évidence aux forces de l’ordre ou de l’armée rd congolaises pour les besoins de sa cause et de celle de ses affidés de l’intérieur et leurs « clients » en Europe…
Le même 31 décembre 2017, dans les paroisses St Pierre et Saint Théophile des communes de Kinshasa et de Lemba, deux victimes avaient été littéralement achevées par des « manifestants » plus soucieux de servir la martyrologie de leurs mentors que de porter secours à leurs semblables. A la paroisse de St Pierre, un jeune homme grièvement blessé a été retenu dans l’enceinte de la paroisse pour permettre aux journalistes et autres observateurs de la MONUSCO de venir constater ‘de visu’ la « barbarie » du régime alors que son état nécessitait qu’il soit acheminé urgemment dans un hôpital, selon le témoignage d’un député national de l’opposition présent sur les lieux qui a eu le toupet de se vanter de cet « exploit » sur les réseaux sociaux. Instruction avait, en effet, été donnée aux manifestants de s’opposer à tout prix à la récupération des blessés par la Croix-Rouge car « cela risquait de brouiller les pistes » (sic !). Un deuxième Congolais s’est vidé de son sang aux alentours de cette paroisse et a succombé à sa blessure, faute d’avoir été emmené aux soins à temps aussi, et pour satisfaire la demande en statistiques macabres du fameux Comité laïc de coordination…
Même scénario si non pire à Lemba, où un homme, atteint par une balle perdue et grièvement blessé à la hauteur de la place dite de la Sous-région, située à moins de 1.500 mètres de l’hôpital St Joseph de Limete, avait été conduit par un groupe de forcené vers… la paroisse St Théophile, en dépit des supplications des brancardiers de la Croix-Rouge du Congo présents sur les lieux et qui échappèrent de justesse eux-mêmes à un lynchage en règle. Difficile d’affirmer en toute objectivité que la mort de cette personne soit intervenue sur les lieux où il venait d’être atteint par une balle tirée par on ne sait qui, en chemin lorsqu’il était transporté vers l’église (pas par des personnes se faisant passer pour des fidèles catholiques manifestants), ou encore dans l’enceinte de la paroisse St Théophile où sa dépouille sera exhibée comme un trophée pour consolider les statistiques du « cardinal-afande » et ses séides.
A la paroisse St Alphonse de Matete, des dépositions sous procès-verbal du curé en personne ont pu attester du fait que les corps d’au moins deux personnes, décédées quelques heures plus tôt dans des conditions troubles (la police fait état d’échanges de tirs avec des vigiles lors du pillage d’une chambre froide non loin de là) y avaient été emmenés par une foule de « manifestants ».
Et s’il est attesté que la dernière victime de la paroisse St Benoît de Lemba a succombé à un tir à bout portant d’une balle en caoutchouc (selon le rapport de la police), le temps mis pour l’emmener à l’hôpital St Joseph de Limete à 2 ou 3 km plus loin de là serait pour beaucoup dans la suite dramatique de l’incident qui emmené de vie à trépas la vie de cet activiste égaré parmi les fidèles catholiques.
Le décès par balle le 19 janvier dernier dans une paroisse de la commune de Kintambo d’une aspirante religieuse, elle-même fille d’un agent de la police nationale, conforte encore mieux les doutes qui se font jour sur l’identité réelle des « assassins » de ces malheureuses victimes. Selon des sources crédibles interrogées par Le Maximum, la victime qui avait été atteinte d’une balle réelle alors que la manifestation tirait à sa fin avait été la cible d’un snipper que nul n’a réussi à identifier jusqu’à ce jour. « Il est étonnant que personne n’ait aperçu ce tireur et qu’il n’ait pas été formellement identifié jusqu’à présent », confie notre source. « Ça peut tout aussi être un tueur à la solde des organisateurs de la manifestation », avance-t-il. Et il n’y a pas que des raisons de ne pas le croire. Il suffit de s’interroger, sur toutes les victimes vantées par les organisateurs et l’église catholique de Kinshasa, « à qui profitent ces crimes ? ». Pas nécessairement au pouvoir en place.
J.N.