Dimanche 25 février 2018, une troisième « marche chrétienne », une de plus, une de trop, a été organisée à Kinshasa et dans certaines villes de la RD Congo à l’appel du Comité Laïc Chrétien. La structure pirate sortie de nulle part a été quasi officiellement imposée à la Conférence Episcopale Nationale du Congo par le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya. L’ancien président de la Conférence Nationale Souveraine sous le défunt Maréchal Mobutu, plusieurs fois N°1 de l’épiscopat catholique congolais, s’est lancé dans une guerre ouverte contre le pouvoir en place à Kinshasa dont il a publiquement juré la perte. Entraînant derrière lui quelques princes de l’église catholique romaine, des membres du clergé kinois et une cohorte composée autant de fidèles que d’athées et d’animistes anti-kabilistes d’une capitale qui compte au bas mot 12 millions d’âmes.
Depuis décembre 2017, les marches dites « des chrétiens » organisées par les hommes de paille du cardinal kinois ont entraîné la mort d’une bonne dizaine de personne. Mais il s’agit bien plus de tentatives insurrectionnelles que de marches pacifiques. Pour la bonne et simple raison que les organisateurs refusent systématiquement de les laisser encadrer par les forces de l’ordre en s’abstenant délibérément de communiquer préalablement les itinéraires de manifestations qui partent de dizaines de paroisses de la capitale rd congolaise à la fois. Et aussi parce que, c’est connu depuis les révélations tonitruantes du N°2 de l’UDPS/Limete, Jean-Marc Kabund, affirmant que les « chrétiens » de Monsengwo et CLC n’étaient en réalité que des « combattants » de cette formation politique radicalisée.
La nouvelle « guerre sainte » dans laquelle le cardinal-archevêque engage allègrement ses concitoyens est en réalité une nouvelle guerre économique comme seule l’Occident sait en provoquer sur la planète terre depuis l’aube des indépendances africaines dans les années ‘60. Le nœud du problème réside dans le contrôle des matières premières dont dépendent l’économie du continent européen, selon nombre d’études spécialisées sur la question. Elle vise la déstabilisation du continent noir afin d’en contrôler les ressources, et ainsi empêcher les puissances émergentes asiatiques, la Chine particulièrement, d’en profiter pour damer le pion au vieux continent en phase de décadence.
Guerre hybride
Andrew Korybko, un spécialiste de ce genre de guerre hybride dans lequel les Etats-Unis d’Amérique se sont spécialisés à un moment donné, a récemment publié une intéressante étude dans Oriental Review, que le lecteur lira ci-après. Elle révèle que la RD Congo fait l’objet de trois scénarios de déstabilisation à l’interne qui visent les intérêts chinois sur le continent. Le pays de Mao Tse Toung semble avoir commis plus qu’un péché en se plaçant en pole-position dans la commercialisation du cobalt dont dépendent les véhicules électriques du futur. La Chine a indéniablement pris une avance irrattrapable dans le contrôle des transports de l’avenir, qui vont de la voiture pour Monsieur et Madame tout le monde aux moyens de transports plus stratégiques, et pour tout dire… militaires.
C’est plus que de notoriété publique, le cobalt chinois (60 % de la production mondiale) est à 93 % (99 % selon d’autres sources) rd congolais. La seule façon de faire échec au monopole de ce pays asiatique sur la commercialisation des véhicules du futur dont les batteries sont fabriquées à base du sous-produit du cuivre semble être de compromettre ses approvisionnements en déstabilisant la RD Congo : en plaçant une marionnette au pouvoir à Kinshasa, en l’occurrence Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga ; en provoquant la sécession de l’ex. Katanga où est extrait le cobalt (avec le même Katumbi) ; ou encore en relançant les affrontements et les rébellions de l’Est du territoire de ce vaste pays. Ou encore en mettant en branle les trois scénarios à la fois.
Rien de chrétien dans les marches du CLC
Les prétendues « marches des chrétiens » convoquées à l’instigation du cardinal-archevêque de Kinshasa n’ont donc rien de chrétien ni de pacifique. Elles s’inscrivent dans un plan de déstabilisation de l’ensemble du pays pour s’assurer le contrôle de ses richesses minières, particulièrement le cobalt. On peut noter à cet égard que ce n’est pas par hasard si, le 24 février 2018, à 24 heures d’une manifestation interdite par le Gouverneur de la capitale faute d’itinéraires connus, les ambassades de l’Union Européenne, de la Suisse, du Canada et des Etats-Unis d’Amérique se soient bruyamment manifesté. En publiant un communiqué conjoint rappelant « … le droit constitutionnel des Congolais de se réunir pacifiquement pour la mise en œuvre de l’Accord ». Du jamais vu !
Le scénario d’une sécession de l’ex. province du Katanga n’est pas une simple vue d’esprit. Et l’ancien gouverneur de cette région riche en minerais ne s’en est que très maladroitement caché. Celui que les médias occidentaux qualifiaient il y a quelques années encore de « roi du Katanga » ne s’était-il pas déjà payé le luxe narquois de se pavaner sur les artères de Lubumbashi à bord d’une vieille limousine ayant appartenu au leader sécessionniste Moïse Tshombé alors qu’il dirigeait l’ex Katanga ? Ce à quoi il sied d’ajouter cette affaire de mercenaires américains introduits dans la région sous le couvert d’agences de gardiennage, que Kinshasa avait dénoncé et réprimé en son temps.
Quant au dernier scénario, il paraît aussi avancé que le scénario kinois, puisque dans la région de Beni sévissent des rebelles ADF de mieux en mieux armés qui n’hésitent même plus à s’attaquer aux casques bleus de onusiens de la très efficace brigade internationale (Afrique du Sud, Tanzanie, Malawi) déployés dans la région. L’insécurité chronique dans cette partie du pays semble s’étendre à la province de l’Ituri voisine où un mouvement rebelle non encore identifié s’en est pris aux populations civiles en territoire de Djugu dans le dessein manifeste de relancer les affrontements interethnique Hema-Lendu. Même Goma n’est pas épargné par ses soubresauts guerriers. Samedi 24 février, des quartiers de la ville volcanique ont subi l’assaut de groupes d’individus non encore identifiés qui ont entrepris de tuer à l’arme blanche avant d’être mis en déroute les éléments des forces de sécurité.
A Kinshasa, Monsengwo et ses hommes de paille exécutent donc un plan machiavélique initiés par des tireurs de ficelles qui devrait replonger la RD Congo dans une période de troubles encore plus déplorables que ceux des années ‘2000.
J.N.