La troisième « marche pacifique » sans itinéraire organisée à l’appel du Comité Laïc de Coordination (CLC) a eu lieu dimanche 25 février 2018 à Kinshasa et dans certaines villes de l’arrière-pays. Elle a connu des fortunes diverses mais dans l’ensemble, elle aura, comme celles qui l’ont précédées, essuyé un échec cuisant. La manifestation a tourné carrément, et prématurément, à la routine ennuyeuse, comme en témoigne ce posting d’un internaute kinois : « Résumé de la journée du dimanche 25/02/2018 : 0h00 : coupure Internet ; 06h00: début des messes ; 09h00: fin des messes ; 09h15: début des marches ; 09h30: dispersion des marches, tirs, gaz ; 10h00: quelques disparus ; 11h00: arrestations des manifestants ; 12h00 : retour au calme ; 13h00: la vie reprend normalement. A 13h01: Okapi informe sur le bilan provisoire ; A 13h05: brouillage du signal de Radio Okapi ; 17h on sort faire un tour et prendre un bon verre bien tapé ; Et le rétablissement de l’internet le mercredi 28/02/2018 ». Des mots qui révèlent à quel point les appels révolutionnaires des hommes de paille du cardinal-archevêque de Kinshasa ne sont plus pris au sérieux en même temps qu’ils prêtent à sourire. Parce que son auteur s’est manifestement trompé d’époque et dans ses projections. En fait, pour cette troisième marche consécutive en trois mois, les pouvoirs publics n’ont même plus eu besoin d’interrompre les communications par internet. C’est seulement dimanche matin que quelques perturbations ont été observées, qui ont duré seulement jusqu’à 20 heures environ, à l’heure où l’auteur du posting devait encore siroter son « bon verre bien tapé ». Et il n’y a pas eu brouillage des émissions de la radio onusienne Okapi, ni de quelqu’autre radio captée à Kinshasa, non plus.
Le bilan de la journée, pourtant marquée par une extension des manifestations à Kisangani, Lubumbashi, Goma, Bukavu, s’avère plutôt « maigre » en pertes en vies humaines dont le nombre élevé semble être le premier objectif de Monsengwo et ses affidés. Le bilan le plus « lourd » a été prestement rendu public par les organisateurs de la marche qui revendiquaient presque fièrement… « 3 morts (dont 2 à Kinshasa) et de nombreux blessés ». Dans un communiqué publié dimanche soir, le CLC avait déclaré qu’un manifestant était décédé à Mbandaka. Mais on peine à croire à ces chiffres à l’évidence gonflés à dessein. Des sources indépendantes assurent que seulement un manifestant serait décédé de suites d’une blessure par balle dans une paroisse de Lemba, un activiste politique notoire, dont le corps a été acheminé à l’Hôpital Saint Joseph de Limete. Il reste encore à déterminer les circonstances exactes de ce décès, compte tenu du fait que dans un passé récent, des victimes qui n’avaient rien à voir avec la marche avaient été assimilées à des fidèles catholiques manifestants. Le même dimanche en fin de journée, le porte-parole de la Police Nationale Congolaise, le colonel Pierrot Mwanamputu, a déclaré que « quatre personnes ont été blessées à Kinshasa dont un policier » : deux délinquants blessés par des balles en caoutchouc ainsi qu’un agent de police à Ngaba. Selon cet officier supérieur, le curé de la paroisse Saint Benoit de Lemba avait témoigné sur procès-verbal que le blessé avait été acheminé à l’hôpital pour des soins. « A Mbandaka, dans la province de l’Equateur, les manifestants qui voulaient s’attaquer aux éléments de la police ont été dispersés de manière professionnelle. Huit personnes ont été blessées dont quatre policiers et quatre manifestants, tandis que dans la province du Nord-Kivu, la situation est restée relativement calme », a encore rapporté Mwanamputu. Un bilan qui peut donc être considéré comme un succès pour des forces de l’ordre dont le professionnalisme, mis à rude épreuve par les provocations des casseurs de Monsengwo, croît au fur et à mesure qu’elles se confrontent à ces drôles de manifestants éparpillés un peu partout à la travers les villes de la RD Congo. Et particulièrement si l’on tient compte de l’objectif « zéro mort » annoncé par le Général Sylvano Kasongo, le patron de la PNC de la capitale, samedi dernier.
Il reste que les croisades catholiques semblent subir le même sort que les manifestations organisées à l’appel d’acteurs politiques de l’opposition radicale compradores, qui ont quasiment toutes échoué avant elles. Faute de crédibilité dans l’opinion. A Kinshasa et dans les agglomérations de l’arrière-pays, de plus en plus nombreux sont ceux qui se demandent à quoi servent les appels à combattre un pouvoir qui s’emploie au vu et au su de tous à organiser les élections d’ici fin 2018. Une préoccupation qui divise jusqu’à l’Assemblée générale des évêques catholiques où certains n’apprécient que très modérément les envolées révolutionnaires et belliqueuses « contre nature » d’un groupe de leurs collègues de l’Ouest contre un pouvoir politique détenu par un originaire de l’Est du pays. Comme sont partagés les fidèles catholiques, depuis notamment qu’ils se savent supplantés par des combattants d’un parti politique de l’opposition, qui envahissent les lieux cultuels avant de s’ébranler, chapelets et missels à la main, dans les rues de la capitale et des villes du pays.
A cette allure-là, les marches organisées par le cardinal Laurent Monsengwo et son CLC finiront par entamer irrémédiablement ce qui reste de crédit et de foi en l’église catholique.
J.N.