Hier jeudi 12 février 2018 au siège des Nations-Unies à Washington, s’est tenue une importante réunion du Conseil de sécurité sur la RD Congo et son processus électoral. Une séance qui, comme on peut s’en rendre compte au vu des échanges entre les différentes représentations nationales, tranche nettement avec l’affolement auquel la hiérarchie de l’église catholique romaine et les radicaux de l’opposition politique tentent d’entraîner les rd congolais. En deux mots comme en mille, l’alternance au sommet de l’Etat, c’est par les élections et rien que par les élections.
La réunion du Conseil de sécurité de jeudi a été convoquée à l’initiative des Etats-Unis d’Amérique et présidée par la Grande-Bretagne. Dès l’entame, Nikki Haley, la Représentante Permanente de Donald Trump qui a séjourné en RD Congo il y a quelques mois, a invité les membres de l’instance suprême de décision de l’ONU à réfléchir à ce qu’il conviendrait de faire pour « s’assurer que l’alternance au sommet de l’Etat prévue d’ici décembre 2018 ait lieu en obligeant les acteurs politiques en respecter la constitution, l’Accord dit de la Saint Sylvestre et le calendrier électoral rendu public par la CENI le 5 novembre dernier ».
Dans les échanges qui ont suivi cette sorte de mise en bouche du pays de Donald Trump, le représentant russe a noté que l’adoption de la loi électorale, de la loi financière et du calendrier électoral « attestent de la bonne foi du Gouvernement » et a invité l’opposition à participer au processus électoral en cours. La Russie déclare ne pas croire aux « solutions toutes faites » pour régler la question rd congolaise.
La Chine, est un des partenaires privilégiés de la RD Congo, a pour sa part estimé que les acteurs de la région ainsi que l’Union Africaine doivent jouer un rôle important en RD Congo, tout en se déclarant prête à aider le pays de Patrice-Emery Lumumba et Mzee Laurent-Désiré Kabila.
Parmi les Etats occidentaux présents à cette réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies, la Suède a estimé qu’était important que les rd congolais aient confiance en leur Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et appelé à la mise sur pied d’un groupe international de sensibilisation des populations à cet effet.
La Grande-Bretagne a pour sa part indiqué qu’il était essentiel qu’il y ait « une alternance pacifique en décembre 2018 ». Le représentant du Royaume Uni a invité le Conseil de sécurité à demeurer vigilant sur les étapes clés du processus incluses dans le calendrier électoral. Le Royaume d’Elisabeth II plaide pour l’adoption des termes de référence quant à ce.
Le Koweït a invité les Nations-Unies et l’Union Africaine à apporter toute assistance susceptible de permettre au gouvernement de la RD Congo de tenir ses engagements. « Nous espérons que cette réunion va donner un élan au processus », a déclaré en substance le représentant koweïtien. Qui a estimé que la situation humanitaire rd congolaise ne peut pas s’améliorer sans respect du calendrier et la tenue des élections. Le Koweït a néanmoins estimé qu’il faut être prudent avec le vote électronique, et tout préparer pour éviter un report.
Pour leur part, les Etats africains présents à la réunion du Conseil de sécurité se sont exprimés à l’unisson ou presque. L’Ethiopie a soutenu qu’il ne fallait surtout « pas diaboliser le gouvernement congolais, même s’il a de sérieuses responsabilités et doit rendre le processus transparent. Le soutien de la communauté internationale est crucial ». Selon ce pays qui abrite le siège de l’Union Africaine, il faut des mesures de confiance et « éviter la mort d’innocents, qui doit être condamnée ».Avant d’ajouter : «Tous les acteurs doivent faire preuve de retenue et s’engager à respecter l’accord ».
La Bolivie a quant à elle estimé que les élections à elles seules ne suffiront pas à régler les problèmes de sécurité en RD Congo. La crise humanitaire de niveau 3 exige que l’Accord de la Saint Sylvestre soir respecté. D’où la nécessité de la mise en œuvre des mesures de confiance appelant au respect du calendrier électoral.
Pour la Guinée Equatoriale, il faut « soutenir le Gouvernement de la RDC et toutes les forces vives du pays frère ». L’ambassadeur de ce pays continent a souligné l’importance du respect de la date du 23 décembre 2018. Aucun effort ne doit être ménagé pour assurer des élections démocratiques ouvertes à tous.
La Côte d’Ivoire d’Alassane D. Ouattara estime que « le succès dépend de trois facteurs : l’exécution effective du chronogramme, l’implication de tous les congolais dans le processus (consolidation ou listes transparentes) ». Pour le représentant ivoirien, tous les acteurs, en particulier le gouvernement, doivent favoriser l’instauration d’un climat apaisé.
Léonard She Okitundu, chef de la diplomatie congolaise a pour sa part déclaré que son pays comptait d’abord sur ses propres forces. « Le Gouvernement congolais a décidé de donner à la CENI 30 à 40 millions USD mensuellement dans le cadre du plan de décaissement », a-t-il annoncé. Et de préciser que « l’application du compromis politique a atteint sa vitesse de croisière ». Pour les opposants repris sur la liste de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), She Okitundu explique qu’il s’agit d’une « surenchère politique ». Liberté de manifester ? La RD Congo n’est pas l’enfer des droits de l’homme comme on veut la présenter, a soutenu le délégué de Joseph Kabila à cette importante réunion.
Les Pays-Bas qui présideront le Conseil de sécurité des Nations-Unies au mois de mars 2018 lorsqu’il s’agira de prolonger le mandat de la Monusco, s’inquiètent du nettoyage du fichier électoral (doublons, inscriptions des mineurs) mais aussi de la quasi impossibilité de tenir un meeting pacifique, et aussi que les TDR des groupes d’experts électoraux ne soient pas signés.
La Chine estime pour sa part que la RD Congo fait face à de multiples défis. « La communauté internationale doit l’aider et la MONUSCO doit respecter la souveraineté du Gouvernement, premier responsable de la sécurité », a martelé le représentant chinois. Pour Pékin, « il faut respecter l’Accord de la Saint Sylvestre ».
Intervenant de nouveau, Léonard She Okitundu a appelé le Conseil de sécurité à « exiger la réciprocité des mesures de décrispation dans le chef des principaux acteurs politiques de l’opposition, comme l’a suggéré le secrétaire général de l’ONU ». Selon lui, aucun opposant n’est détenu au secret et aucune exécution extra-judiciaire n’a eu lieu dans le pays.
La Représentante des Etats-Unis aux Nations-Unies, Nikki Haley, est revenue à la charge pour remettre en cause l’utilisation du vote électronique. Une vue nuancée par le représentant de l’Union Africaine, pour qui « il faut plutôt rassurer sur la machine à voter, ainsi que sur la sensibilisation pour que la population congolaise puisse l’utiliser ». Au sujet de l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre, des actes ont été posés dans la bonne direction selon l’Union Africaine. Mais « il faut encore d’autres actes plus hardis ». Le manque de confiance entre acteurs politique est l’élément le plus préjudiciable au processus électoral en RD Congo. La seule voie de sortie de crise, c’est celle de l’organisation des élections.
Le Représentant Angolais (SADC) a évoqué l’existence de groupes terroristes en RD Congo et tient le même discours que la délégation de la RD Congo. « Le Président Joao Lourenço s’engage à promouvoir la paix et la stabilité dans la région avant, pendant et après les élections en RD Congo », a déclaré le représentant angolais pour le compte de la SADC.
Le représentant de Union Européenne (UE), a déclaré « avoir proposé 22 millions d’Euros de soutien », affirmant que le vieux continent pourrait « aller plus loin, mais il faut de la confiance et que pour cela, des signaux clairs sont attendus sur l’ouverture de l’espace politique ».
J.N. ET M.L.