L’information a été livrée par le Cardinal Laurent Monsengwo en personne, au début de la semaine comme pour en atténuer les effets sur une communauté catholique plutôt désorientée par les événements des derniers mois. Mgr Fridolin Ambongo, l’archevêque de Mbandaka-Bikoro dans l’ex province de l’Equateur, a été nommé co-adjuteur de l’archevêché de Kinshasa par le Pape François mardi 6 février 2018. Le missionnaire de l’ordre des Capucins âgé de 58 ans est ainsi appelé à succéder à l’archevêque de Kinshasa qui a dépassé de 4 ans l’âge de le retraite fixé le Vatican à 75 ans. Laurent Monsengwo Pasinya est, assurent les milieux catholiques à Kinshasa, désigné parmi les 9 cardinaux qui servent de conseillers au Pape François et devrait prendre ses nouvelles fonctions en mars prochain.
La nomination du désormais ancien archevêque métropolitain de Mbandaka-Bikoro intervient à un moment où les relations entre certains membres de l’épiscopat rd congolais et le pouvoir politique en place à Kinshasa sont au plus mal. Deux mois avant la nomination intervenue mardi dernier, le Cardinal Monsengwo s’est lancée dans une guerre ouverte contre Joseph Kabila et sa majorité au pouvoir en organisant des marches insurrectionnelles sous le couvert d’une organisation laïque pirate, le Comité Laïc de Coordination (CLC). Si la montée au front de la politique politicienne du troisième cardinal congolais a été suivie sur ses terres dans la capitale, dans les diocèses de l’intérieur du pays il n’a reçu qu’un faible écho, dans un seul diocèse de l’ex province du Katanga. Révélant ainsi une sorte de désavœu des princes de l’église catholique romaine rd congolaise contre un engagement politicien à l’évidence poussé un peu trop loin.
Samedi 6 janvier dernier à Kinshasa, Mgr Fridolin Ambongo, également vice-président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), a volé au secours du Cardinal Monsengwo en lui apportant le soutien de ses collègues évêques. En marge de la célébration des 25 ans de vie sacerdotale de l’Abbé Donatien Nshole, neveu et protégé du cardinal, Fridolin Ambongo a déclaré devant un parterre de calottes sacrées, de prêtres de l’archidiocèse de Kinshasa et d’acteurs politiques de l’opposition que « tous les évêques de la CENCO m’envoient témoigner leur solidarité affective et effective à l’endroit de Son Eminence le Cardinal ». Ajoutant même que « Ceux qui distillent des messages de division viennent du camp des mauvais ». Sa nomination en préparation de la succession du Cardinal Monsengwo, à la tête de l’archidiocèse de Kinshasa, suggérée manifestement par son prédécesseur frustré d’être ainsi éloigné du « front » en pleine bataille, a donc largement été perçue dans l’opinion des proches du « cardinal-afande » comme un signe de continuité de l’action politique engagée par Laurent Monsengwo Pasinya.
Fridolin Ambongo est, en effet, connu pour être politiquement très engagé, lui aussi contre le pouvoir en place à Kinshasa, responsable à ses yeux des malheurs de son cousin Jean-Pierre Bemba, ancien seigneur de guerre jugé et lourdement condamné par la Cour pénale internationale de La Haye pour crimes de guerre commis par ses troupes en République Centrafricaine. Néanmoins, le vice-président de la CENCO n’avait jugé utile de lancer les chrétiens des 33 paroisses de Mbandaka-Bikoro à l’assaut du pouvoir en place les 31 décembre 2017 et 21 janvier 2018, à l’appel du fameux Comité Laïc de Coordination kinois. Il reste donc difficile de deviner ce que sera l’attitude du futur archevêque de Kinshasa vis-à-vis de l’organisation pirate que lui lèguera son prédécesseur.
J.N.