Les manifestations estudiantines des 23 et 24 janvier dernier à l’Université de Kinshasa ont bien fait des victimes, des blessés essentiellement. Un étudiant en polytechnique, Aristote Kapia, y a perdu sa main à la suite de l’explosion d’une grenade lacrymogène qu’il tentait de renvoyer à son expéditeur au cours de heurts avec les forces de police. L’image insoutenable du jeune blessé, la main arrachée par l’explosion, avait fait le tour de la toile. Suivie de l’annonce de sa mort par des réseaux d’intoxication proches des partis politiques de l’opposition. Mais il s’avère que l’information était totalement fausse, et que plutôt, le blessé et sa famille faisaient face au coût élevé des interventions chirurgicales indispensables pour sauver ce qui peut encore l’être de son membre abimé. Sur ces besoins, aucune information des mêmes réseaux qui se sont contentées d’exploiter anticipativement les conséquences fâcheuses de l’accident sur la vie de l’étudiant.
Alerté, c’est plutôt le ministre de l’Enseignement Supérieur, Stève Mbikayi, qui a accouru au chevet du malheureux au début de la semaine, et offert à la famille l’argent nécessaire à la seconde intervention chirurgicale que doit subir Aristote Kapia Odia. « Nous déplorons ce qui lui est arrivé. J’ai appris qu’on devait faire une deuxième opération, mais il manquait 1.500 USD c’est ainsi qu’au nom du Chef de l’Etat et à celui du Chef du Gouvernement, j’ai couru pour donner les moyens nécessaires à la famille pour qu’on fasse cette opération le plus tôt possible avant de faire rapport à la hiérarchie », a expliqué le ministre interrogé au chevet du blessé.
Aristote Kapia n’est pas la première victime de manifestations publiques « assassinée » prématurément par l’intoxication systématiquement distillée dans l’intention de tenir l’image des forces de l’ordre. Lundi 22 janvier dernier au lendemain de la manifestation organisée par l’archevêché de Kinshasa et son Comité Laïc de Coordination (CLC), des organes de presse en ligne proches de l’opposition radicale ont fait état de « bébés gazés » par les forces de police à la maternité de la paroisse du Saint Sacrement de Binza Delvaux à Kinshasa. « A peine nés, ces pauvres êtres fragiles se frottent, sans rien comprendre, à une barbarie sans nom ! C’est ce terrible tableau qui fait que rencontrer un courtisan de ce pouvoir ici ou ailleurs, requiert qu’on le soumette à une évaluation mentale », écrit un confrère en ligne dont on peut se demander si ce n’est pas lui qui devait se soumettre au plus vite à un examen psychiatrique dans les normes. Parce que l’information s’est avérée plus que fausse. Ce fut une opération d’intoxication, une de plus, sans doute inspirée des accusations portées dans un passé assez proche contre l’Empereur Centrafricains Jean-Bedel Bokassa lorsque le besoin s’était senti de s’en débarrasser. Une fois n’est pas coutume, c’est le bureau conjoint des Nations-Unies aux droits de l’homme qui a rétabli les faits, jeudi 25 janvier dernier, après une enquête sur les lieux. Qui a révélé qu’aucun agent de police n’avait largué la moindre grenade lacrymogène contre l’institution hospitalière ni pénétré à l’endroit. Ce sont des personnes fuyant les forces de police venues rétablir l’ordre qui avaient envahi les lieux. Les auteurs des gros titres « Bébés gazés » n’ont pas publié le moindre démenti ni rectificatif. Parce que n’était pas une information à proprement dire.
J.N.
UNE GRENADE LACRYMOGENE LUI A EXPLOSE A LA MAIN : Aristote Kapia n’en est pas mort
