En plus de l’absence stratégique d’itinéraire et de point de chute de la marche du 21 janvier dernier, les leaders de l’opposition radicale se sont réparti les paroisses pour y drainer leurs combattants. Objectif : attirer les forces de l’ordre et de sécurité pour dégarnir les sites stratégiques et ainsi faciliter leur assaut. Le coup a malheureusement échoué en raison, non seulement du peu d’engouement des vrais fidèles dû à la tension d’avant le dimanche, mais aussi de l’incapacité, depuis un moment, de l’opposition à mobiliser ses propres militants.
Présentée comme décisive par ses organisateurs réels et apparents, la marche du dimanche 21 janvier 2018 a finalement fait « flop ». A la grande mobilisation attendue pour faire mieux que le 31 décembre et en finir avec Joseph Kabila, les organisateurs n’ont pas réussi à convaincre les Congolais pour les embarquer dans cette équipée politique dont l’évidence ne pouvait tromper que les naïfs.
Diversion : distraire les forces de sécurité pour dégarnir les sites stratégiques
Des stratégies avaient pourtant été mises en place pour une mobilisation plus conséquente que le 31 décembre 2017 en vue de réussir le plan d’insurrection qui se cachait (et se cache encore ?) derrière ce programme des marches généralisées. En effet, en plus de l’absence voulue d’un itinéraire et d’un point de chute comme l’exige la loi, les leaders de l’opposition avaient prévu de drainer leurs militants derrière eux en se répartissant les paroisses à travers la ville. Et pour renforcer cette mobilisation, il a été usé de l’intox dans les réseaux sociaux, non seulement en exploitant et dévoyant le message du Révérend Ekofo de l’église protestante lors du culte commémoratif de la mort de M’zee Kabila ainsi que celui tardif d’un Imam musulman, mais aussi en diffusant de faux appels à l’adhésion des laïcs protestants et même des Kimbaguistes à la marche, jusqu’à attribuer au chef spirituel de cette dernière église une lettre qu’il n’a jamais signée.
L’objectif était de dégarnir les sites stratégiques en drainant des foules çà et là pour disperser les forces de l’ordre et de sécurité et ainsi laisser la voie libre aux commandos qui devaient les prendre d’assaut. C’est certainement pour déjouer cette diversion que des fouilles et des contrôles d’identité avaient été opérés dans la ville grâce aux barrières érigées sur les artères de la capitale le samedi 20 janvier à la veille de la date fatidique.
L’opération aura finalement fait « flop » pour une double raison : d’une part le peu d’engouement des vrais fidèles aux différentes paroisses (la police parle d’activités dans 16 paroisses seulement sur les 147 que compte la ville) en raison de la vive tension qui a prévalu dans la ville jusqu’à la veille de la date fatidique et, d’autre part, l’incapacité de l’opposition qui, depuis un moment, n’arrive plus à mobiliser ses propres militants. Pour preuve, cette lettre du G7 Pierre Lumbi à Félix Tshilombo, Président du Rassop/Limete, à qui il a demandé de convoquer dans les plus brefs délais une réunion d’évaluation au regard de tous les ratés constatés.
Et consciente de cette réalité qui s’imposait au fur à mesure qu’évoluaient les messes, les opposants ont tenté en vain de faire venir d’autres militants de l’extérieur pour sauver la face. Dimanche dans la mi-journée, RFI a, d’ailleurs, diffusé le témoignage d’un prêtre de la paroisse St Joseph au cœur de Matonge, faisant savoir que c’est au sortir de la messe qu’un groupe de personnes sont parties de l’extérieur de la paroisse pour en ressortir et engager la marche vite contenue par les forces de l’ordre. Un témoignage qui recoupe le compte-rendu de la journée fait par la police nationale.
Plan « B » de la marche : discréditer le régime
Pour faire court, il est clair que l’engouement de ce dimanche 21 janvier 2018 aura été très largement en deçà aussi bien des attentes, vu les moyens et les stratégies déployées, que des manifs du 31 décembre 2017. Mais certainement consciente de cette réalité, les opposants en sont arrivés (ou avaient prévu), avec l’appui décisif des médias périphériques, à user de leur plan « B » visant à discréditer le pouvoir en amplifiant les quelques incidents observés çà et là tout en tentant de donner à la journée l’ampleur qu’elle n’a pas connue.
C’est ainsi que ces médias se focalisent, sans détails sur leurs circonstances, sur le drame de la mort d’une fille de 16 ans à la paroisse St François de Kintambo et d’une autre personne à Lemba, dans la paroisse St Augustin. C’est ainsi aussi que l’on se focalise sur le bilan de la Monusco pourtant provisoire et formellement présenté au conditionnel. C’est ainsi également que l’on tente de conférer une ampleur indue aux autres manifestations qui se seraient produites à l’intérieur du pays, toujours avec ce ciblage des cas d’incidents, du reste non encore élucidés ni confirmés.
Pascal Debré Mpoko avec Le Maximum