Le Cardinal Laurent Monsengwo et ses affidés de l’opposition radicale kinoise essuient une perte de taille. Le Nonce Apostolique en RD Congo, l’évêque argentin Luis Mariano Montemayor est rappelé à Rome et devra donc être bientôt remplacé par un autre représentant de Sa Sainteté le Pape François un peu moins versé dans les mascarades politiciennes. C’est le principal résultat de la visite express effectuée par le chef de la diplomatie Léonard She Okitundu au Vatican la semaine dernière. Le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères avait été reçu par Monseigneur Paul Richard Gallagher, le tout puissant secrétaire du Vatican chargé des relations avec les Etats le 19 janvier 2018. Au terme d’une heure entretiens qualifiés, selon les termes diplomatiques d’usage, de très cordiaux, les deux chefs diplomates avaient échangé « autour de l’Accord-cadre définissant les relations entre l’Etat du Vatican et la RD Congo », avait-on appris. En fait, il s’agissait des violations de cet accord par l’église catholique romaine locale manifestement soutenue par le Représentant du Pape en RD Congo, Mgr Luis Mariano Montemayor. Kinshasa s’en est plaint dans les termes les plus appropriés, et subséquemment demandé, et obtenu, le rappel de l’évêque argentin.
Au milieu de circonlocutions habituelles, She Okitundu a attiré l’attention de son interlocuteur sur la tendance à l’instrumentalisation de l’église catholique à des fins politiciennes par des forces politiques inscrites dans une logique insurrectionnelle. Mais également sur l’irréversibilité du processus électoral en cours depuis notamment la fin des opérations d’enrôlement des électeurs et la publication d’un calendrier électoral qui fixe la prochaine présidentielle et les législatives à décembre 2018.
Ce à quoi Mgr Gallagher a répliqué en arguant du principe de l’inviolabilité des lieux de culte stipulé par l’Accord-cadre signé entre les deux Etats. Donnant ainsi l’occasion au plénipotentiaire rd congolais de stigmatiser les actes de provocation délibérée des forces chargées du maintien de l’ordre public qui placent l’Etat rd congolais face à l’obligation de concilier l’exercice de libertés individuelles et la nécessité de préserver l’ordre et la sécurité publique conformément aux lois en vigueur.
Accord-cadre malmené
Les sources du Maximum assurent que Kinshasa reproche au Nonce Apostolique, outre un parti-pris manifeste en faveur des partis et acteurs extrémistes de l’opposition, de fouler aux pieds l’Accord-cadre signé entre le Vatican et la RD Congo. En officialisant l’existence d’une organisation informelle montée de toutes pièces par le Cardinal-Archevêque de Kinshasa à des fins politiciennes, le Comité Laïc de Coordination (CLC), Luis Mariano Montemayor avait enfreint les dispositions de l’Accord-cadre. Dans une correspondance, aux lendemains de la marche étouffée des fidèles catholiques le 31 décembre 2017, Luis Mariano Montemayor a carrément invité les évêques réticents à suivre le mot d’ordre d’une organisation informelle à suivre les pas de Kinshasa. «Tenant compte de la popularité de la marche du 31 décembre 2017, il est fort probable que d’autres initiatives seront organisées dans les prochains mois. Il faut se préparer à répondre aux éventuelles adhésions dans votre circonscription ecclésiastique », avait déclaré très imprudemment l’évêque argentin. Pire, le Nonce Apostolique accordait un statut juridique à une nouvelle organisation sans en informer au préalable les autorités de la RD Congo, conformément à l’Accord-cadre. Selon l’article 4, paragraphe 1 de ce document qui régit les rapports entre l’Etat du Vatican et la RD Congo reconnaissance : « Il appartient exclusivement à l’Autorité ecclésiastique de fixer librement les normes canoniques dans le domaine de sa compétence, ainsi que d’ériger, modifier ou supprimer des institutions ecclésiastiques, en général » (…) « Lors de la création de ces Institutions, excepté les circonscriptions ecclésiastiques, l’Evêque diocésain ou la personne à lui canoniquement assimilée informera par écrit les Autorités congolaises pour procéder à leur engagement au for civil ». En reconnaissant le CLC, Luis Mariano Montemayor l’a exonéré du quitus obligatoire de l’Etat rd congolais, en violation flagrante de l’accord cadre. Ce qui vient de lui coûter son mandat d’ambassadeur du Vatican à Kinshasa.
J.N.