10 mois après la mise en œuvre de l’Accord politique du 31 décembre 2017 à travers la nomination de Bruno Tshibala Nzenzhe aux fonctions de Premier ministre et de Joseph OlenghaNkoy à celles de président du Comité National de Suivi dudit accord, une sorte de crise de leadership mine les rapports entre les deux tshisekedistes. Au Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/Kasavubu, tout se passe comme chacun de ces deux leaders politiques s’estimait le patron, tant l’un et l’autre versent dans des déclarations publiques unilatérales engageant pourtant l’ensemble de la plateforme.
Les joutes verbales Tshibala-Olenghankoy remontent à la tenue de la tripartite CENI-Gouvernement-CNSA pour l’évaluation du processus électoral, dont le 1er ministre, Bruno Tshibala donc, avait donné le coup d’envoi et la clôture en sa qualité de chef du gouvernement. Le protocole n’a manifestement pas plu à son compère du Rassop qui estimait qu’il lui revenait de jouer ce rôle.
Depuis lors, les rapports entre les deux hommes rythmées d’esclandres médiatiques. La dernière en date, qui remonte à la semaine dernière, tourne autour de l’organisation le 21 janvier courant d’une marche par le Rassop/Kasavubu. La manifestation qui coïncidera avec celle de l’archidiocèse de Kinshasa a été annoncée par Roger Lumbala et Tharcisse Loseke, entre autres, au nom de la plateforme sans quérir l’assentiment de l’ancien « Enfant terrible de l’opposition », apparemment. Objectif de l’opération : soutenir un processus électoral menacé par les catholiques kinois. « Depuis 2016 il n’existe aucune légitimité en RDC, c’est pourquoi le peuple congolais doit aller aux élections pour redonner la légitimité aux institutions », s’est justifié Roger Lumbala.
Ce contre quoi la réaction de Joseph Olenghankoy n’a pas tardé. Pour le président des FONUS, qui néanmoins préside un Comité National de Suivi de l’Accord du 31 décembre 2017 chargé notamment d’assurer la décrispation du climat politique, la manifestation du Rassop/Kasavubu n’a pas lieu d’être. « Le Rassemblement n’est pas organisateur d’une manifestation le 21 janvier. Evitons d’affronter les congolais, de monter les uns contre les autres. Privilégions la voie de la sagesse et de la paix. Je demande au peuple de rejeter toute action qui a pour but de torpiller l’accord du 31 décembre 2016 » a déclaré Olenghankoy. L’homme confond manifestement son rôle à la tête du CNSA et celui du Rassop, qui n’est pas un comité de conciliation et de modération, estiment certains observateurs.
La réaction du président Rassop du CNSA a attiré celle du président délégué de l’UDPS/Tshibala, Tharcisse Loseke, qui a appelé à la tenue d’un conclave pour accorder ces violons en vadrouille dans les meilleurs délais. « Avec ses activités du CNSA, il n’a plus le temps d’organiser régulièrement les réunions du Rassemblement. Même quand il les organise, il le fait à son siège avec ses partisans. Il a été informé qui y aurait une réunion qui va décider d’une action importante qui est la marche verte. Nous regrettons cette déclaration, elle est contre-productive. Certainement dans le meilleur délai, un conclave sera organisé pour faire le point et éviter ce genre de déclaration » a pesté T. Loseke. Un limogeage en l’air ? Affaire à suivre.
Roberto TSHAHE