Quelques jours après l’offensive lancée le week-end dernier contre les rebelles ougandais de l’ADF et d’autres groupes armés dans la région de Beni, les Fardc ont annoncé la prise d’au moins 3 bastions ADF dans les localités de Mbau, Kamango et dans la commune rurale d’Oïcha. Les localités de Sesele, Mambaiko et Silimbamba sont passés sous le contrôle des troupes loyalistes, selon des sources militaires qui rapportent que l’objectif suivant consiste en la prise de contrôle de la zone appelée All spice, dans les profondeurs de la forêt alentour du territoire de Beni dans la province du Nord-Kivu.
Les bastions repris aux rebelles ADF étaient utilisés pour attaquer les axes Mbau-Kamango sur lesquelles les populations civiles ont récemment payé de leurs vies les exactions de ces forces négatives.
Néanmoins, il ne semble pas que les opérations d’envergure entreprises par les Fardc (elles avaient nécessité le déplacement à Beni du Général Didier Etumba, le Chef d’Etat-Major Général), ne semblent pas du goût de tout le monde. Dans la région de Beni-Butembo, l’identité des agresseurs demeure sujette à polémique et est extrêmement politisée. Au cours d’une réunion des chefs des forces de défense et des renseignements militaires des pays membres de la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) à laquelle la RD Congo et l’Afrique du Sud étaient associées, le Chef de l’Etat Ougandais, Yoweri Kaguta Museveni, a signalé la présence des islamistes Alshabab et Isis dans les rangs des Adf. Le communiqué rendu public à cet effet par la présidence ougandaise, dimanche 14 janvier dernier, assure que ce pays frontalier de la RD Congo dont sont originaires les rebelles Adf contribuent aux opérations en cours dans la région de Beni, notamment, par le renforcement de l’échange des renseignements.
Ce que n’évoquent nullement des sources locales dans la région de Beni, qui ont dénoncé la présence d’éléments s’exprimant en lingala et en swahili parmi les ravisseurs d’un groupe de civils, dont le directeur d’une radio- télévision de Beni, au début du week-end dernier. Deux des douze personnes kidnappées qui ont réussi à s’échapper ont rapporté que les ravisseurs étaient vêtus de treillis Fardc et s’exprimaient dans ces deux langues de communication. Des insinuations répercutées dans un passé récent par des rapports d’un ancien expert onusien converti en expert ès questions politiques rd congolaises. Qui soutient que des éléments Fardc se seraient rendus coupables d’exactions contre les populations civiles de la région attribuées aux rebelles ADF. Des confrères en ligne de la région de Beni-Butembo (Beni-Luberoonline) multiplient des informations qui présentent l’offensive en cours comme une offensive contre le peuple Nande. Ils ne sont pas les seuls. Dans un message rendu public le 6 octobre dernier, Mgr Melchisédech Sikuli, l’évêque catholique de Beni-Butembo, reprochait déjà aux militaires Fardc déployés dans la région de considérer toute personne rencontrée à priori comme mai-mai en vertu du slogan « tous les Wanande sont des mai-mai. C’est tout dire de l’état d’esprit d’une frange de l’opinion dans cette région où se concentrent les opérations militaires Fardc depuis quelques jours.
C’est probablement ce qui explique l’appel lancé par le Centre pour la Promotion de la Paix, la Démocratie et les Droits de l’Homme (CEPADHO) au lendemain du lancement de l’offensive Fardc à Beni. Me Omar Kavota, son directeur, estime que c’est l’occasion pour les députés élus de la région et les notables d’appeler les populations à se désolidariser des groupes armés, surtout des ADF. « Depuis les événements malheureux des massacres (…) je n’ai jamais entendu un seul notable ou député appeler la population à ne pas collaborer avec l’ennemi. A part condamner et critiquer l’action de l’armée », a-t-il déploré. « Les procès contre les ADF ont démontré noir sur blanc que les égorgeurs vivent dans les agglomérations. Donc, sans la collaboration sincère de la population, je crains que l’action militaire n’apporte aucune solution à l’insécurité dans cette région », estime Omar Kavota.
J.N.