Elle ne se présente pas sous les meilleurs auspices, la marche prévue dimanche 21 janvier par le Cardinal Archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo et son Comité Laïc de Coordination. L’homme et ses affidés ne sont nullement suivis par la Conférence Episcopale du Congo (CENCO), seul organe habilité à engager l’ensemble de l’église catholique romaine en RD Congo.
Sur les saillies politiques de leur collègue de la capitale, justement, la CENCO s’est prononcé le 15 janvier dernier. Mais, aussi curieux et très très politique que cela paraisse chez des calottes pourtant sacrées, l’information semble avoir été tue. Comme pour laisser se répandre l’autre, celle du Cardinal-archevêque de Kinshasa, qui appelle les fidèles catholiques au Jihad.
Marcel Uthembi Tapa, l’archevêque de Kisangani et président en exercice de la CENCO a pourtant adressé une circulaire en bonne et due forme … au Cardinal lui-même, aux archevêques et évêques de la RD Congo, à qui il transmet des « directives relatives à la marche annoncé par le Comité Laïc de Coordination ». « Je vous exhorte à rester dans la ligne des deux derniers communiqués de la CENCO ainsi que celui du Nonce apostolique à ce sujet », dit tout en finesse le patron de l’église catholique rd congolaise, qui ajoute que « Les laïcs peuvent s’organiser à leur niveau sans vous impliquer directement dans l’action ». Mais aussi, que chaque diocèse est appelé à apprécier « comment accompagner les laïcs qui souscrivent librement à cette initiative pour qu’ils restent dans la dynamique de l’appel de la CENCO ».
En deux mots comme en mille : l’appel à marcher du 21 janvier 2018 n’est pas parole d’Evangile, avertit Marcel Uthembi qui, en renvoyant au communiqué du Nonce Apostolique sur cette question de l’engagement social des fidèles catholiques, rappelle que les évêques sont pleinement responsables des conduites autorisées aux fidèles. On ne peut pas trouver meilleur rappel à l’ordre, qui semble avoir été gelé durant quelques jours.
Du côté des organisateurs de la manifestation s’observe aussi quelques hésitations. Dans un communiqué dont les réseaux sociaux se sont aussitôt emparés, jeudi 18 janvier 2018, le Comité Laïc de Coordination jetait du bémol à son appel à marcher en conviant les fidèles à ne guère brûler des pneus sur la voie publique ! « Comme si des manifestants étaient capables de raison et de tempérance dans le feu de l’action », raille ce professeur de droit à l’Unikin, fidèle catholique invétéré de son état.
Une chose est claire : l’exécutif de l’église catholique romaine n’est pas disposé à suivre le Cardinal-archevêque kinois dans sa croisade jihadiste.
J.N.