Normalement arrivé en fin carrière depuis 2014 – année où il a atteint ses 75 ans d’âge fixés par la loi canonique pour la retraite des évêques – le Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya a pleinement conscience du fait que toute initiative à caractère politique susceptible de l’engager aboutit à un succès ou à un échec devant rejaillir sur sa personne physique…
Au cours de ces 27 dernières années (1990-2017), le prélat est devenu, du fait des déficiences avérées de l’opposition radicale à laquelle il appartient, un des pions majeurs sur l’échiquier politique national. Si, entre 1990 et 1997, il avait réussi facilement à affaiblir le Maréchel Mobutu Sese Seko et Etienne Tshisekedi au profit de son ami Léon Kengo Wa Dondo, si également entre 1997 et 2001 il a également réussi à affaiblir Laurent-Désiré Kabila en jouant la carte Tshisekedi et Kengo, il semble avoir du mal à réaliser le même exploit face au taciturne Joseph Kabila Kabange contre qui il a successivement utilisé Etienne Tshisekedi jusqu’à la mort de ce dernier le 1er février 2017, mais aussi Moïse Katumbi Chapwe et maintenant Félix Antoine Tshilombo fils Tshisekedi. Aujourd’hui, le prélat a choisi d’abattre la carte du Comité laïc de coordination avec Isidore deux anciens apparatchiks kabilistes, l’ancien commissaire général à la francophonie Isidore N’Daywel candidat malheureux au poste de ministre des Affaires étrangères et le directeur général révoqué pour malversations de la Régie des Voies Aériennes Justin Okana notamment, entraînant dans cette aventure d’aigris et de revanchards une partie de la CENCO. En l’espèce, le prélat qui semble en bonne voie vers le bout du rouleau peine à se défaire de la « malédiction de Mobutu ». Il se raconte en effet que, profondément affecté par l’ingratitude l’alors archevêque de Kisangani qu’il avait couvert de dons en argent après avoir permis son accession à l’épiscopat, le défunt dictateur zaïrois, descendu en flammes à la Conférence nationale souveraine (Cns) présidée pourtant par Laurent Monsengwo Pasinya, aurait ironiquement souhaité à ce dernier « bonne chance » dans la réalisation de ses ambitions politiques. « Quoiqu’il dise, il veut être calife à la place du calife, c’est clair, mais cela n’arrivera jamais même après moi » aurait-il confié à ses proches. Et depuis 1991, comme pour confirmer cette malédiction, tout ce à quoi le prélat touche se désintègre.
On peut rappeler à cet égard quelques épisodes :
– En 1992 : la marche des chrétiens dont il prit l’initiative le 16 février fut réprimée dans le sang ; l’ élection d’Etienne Tshisekedi au poste de Premier ministre le 15 août en ayant conscience des effets de la succession d’un Katangais par un Kasaïen dans le contexte inflammable de l’époque. D’où l’épuration ethnique attribuée au Premier ministre déchu Nguz et à son factotum Kyungu wa Kumwanza avant la fin en eau de boudin de « sa » Conférence nationale souveraine » le 6 décembre…
– En 1994 : les tentatives de relance de la Conférence nationale souveraine sombrèrent dans un Conclave politique de Kinshasa au cours duquel fut lancée le schéma dit de la troisième voie qui a permis favorisé le retour de Léon Kengo Wa Dondo à la primature.
– En 1995 : le Bureau du Haut Conseil de la République-Parlement de Transition (HCR-PT) que présidait l’ambitieux prélat fut démis par l’écrasante majorité des Conseillers de la République à la suite d’un deal passé entre les FPC de Mobutu et l’USORAS d’Etienne Tshisekedi et Frédéric Kibassa Maliba.
– En 1997 : les tentatives désespérées de Monsengwo de reprendre le perchoir dans la perspective de la succession d’un Maréchal Mobutu sur le départ à l’approche de l’AFDL se heurtèrent au refus sec de l’intraitable Mzee Laurent Désiré Kabila qui menaça même de lui réserver, s’il insistait de l’arrêter comme les autres dignitaires de la deuxième République décadente.
– De 1997 à 2001 : le prélat a systématiquement contesté le pouvoir de Laurent-Désiré Kabila en se lançant dans un lobbying très actif auprès des Occidentaux pour bloquer toute assistance en direction des nouvelles autorités de la République démocratique du Congo sous le prétexte qu’il refusait de faciliter des enquêtes sur les présumés massacres des réfugiés rwandais pendant la guerre de libération avec pour conséquence la guerre du 2 août 1998 à la base des millions de morts, des blessés, de déplacés internes et d’exilés pour causes directes ou indirectes à ce conflit.
– De 2001 à 2003 : Remise en cause définitive des arrangements politiques initiés sous ses différentes « médiations » de la fin des années Mobutu par les participants aux dialogues d’Addis-Abeba et de Sun City.
– De 2003 à 2006 : Vaine contestation de la désignation de l’abbé Apollinaire Malu-Malu du diocèse de Beni-Butembo au poste de président de la Commission électorale indépendante (CEI) et du processus référendaire ayant conduit à l’adoption de la Constitution actuelle.
– En 2006 : Vaine contestation du processus électoral.
– En 2011 : Vaine contestation des résultats électoraux de la présidentielle sans toutefois donner le score exact du vainqueur et du perdant.
– DE 2001 à ce jour : Contestation et diabolisation de tous les présidents de la Centrale électorale (Daniel Ngoyi Mulunda, Apollinaire Malu-Malu, Corneille Nangaa) ; rapprochement avec l’aile radicale de l’Opposition (participation à la réunion de l’Ile de Gorée pour déstabiliser le régime Kabila, soutien aux participants de la réunion de Bruxelles-Genval pour bloquer tout Dialogue, sabotage de la médiation de l’Union africaine facilitée par Edem Kodjo, soutien timide à la médiation de ses pairs de la CENCO, soutien à toutes excentricités du «Rassop/Limete» en général et particulièrement à l’ex. gouverneur fugitif Moïse Katumbi en particulier, soutien à l’éphém§re mouvement citoyen « Congolais debout » du gendre de l’ancien président angolais Dos Santos Sindika Dokolo juste avant la descente aux enfers de la richissime femme de ce dernier Isabel Dos Santos réduisant au ilence son « mario », création sur ordre de Didier Reynders et Moïse Katumbi du Comité laïc de coordination qui échoue sa première tentative de « dégager » Kabila le 31 décembre 2017, tentative de politiser l’épiscopat national au profit de l’Opposition qui lui est favorable rejetée par plusieurs diocèses malgré les démentis de certains de ses complices etc.)
A l’analyse globale de ses initiatives citées à titre purement indicatif, le cardinal Laurent Monsengwo apparaît effectivement comme poursuivi par la fameuse « malédiction de Mobutu ».
Tout pouvoir vient de Dieu
A près de 80 ans, libéré par le droit canon pour fin de carrière, le prélat a certes le droit, comme tout Congolais d’avoir des ambitions politiques, dont celles – tout à fait légitimes – de lorgner la magistrature suprême. Le calendrier électoral étant publié, il doit faire comme tout le monde s’il veut devenir Président de la République : déposer sa candidature à la période prévue à cet effet. D’ailleurs, c’est dans sept petits mois (juillet 2018).
Le hic c’est qu’il semble plutôt vouloir y arriver par le raccourci anticonstitutionnel du schéma dit d’une « transition sans Kabila». Et même pour cela, il aurait dû faire l’économie du sacrifice du sang des Congolais. Il savait la Marche du 31 décembre 2017 piégée par les extrémistes du « Rassop/Limete et Alliés ». Téméraires et aventureux, les mousquetaires de cette plateforme avait levé l’option d’un 1er janvier 2018 avec un « régime spécial » en totale contradiction avec la Constitution.
En effet, une «transition Sans Kabila» ne peut se concevoir qu’avec une Constitution expurgée de l’alinéa 2 de l’article 70 pour le Président de la République, de l’alinéa 2 de l’article 103 pour les Députés nationaux, de l’alinéa 2 de l’article 105 pour les Sénateurs et sans alinéa 6 de l’article 197 pour les Députés provinciaux, c’est-à-dire une Constitution faisant tabula rasa des Institutions Président de la République, Assemblée nationale, Sénat et Assemblées provinciales avec, dans la foulée, la dissolution pure et simple de la CENI, du CSAC, de la CNDH et même du CNSA. Qui peut croire un seul instant croire que le Cardinal Monsengwo dont on connaît l’érudition n’ait pas appréhendé ces évidences ?
Jamais deux sans trois
Après le sacrifice du sang des Chrétiens en 1992, après celui de 2017, le vieux prélat risque si on ne l’en empêche, de mêler ainsi son nom et l’église catholique à un troisième bain de sang en cette année 2018. L’histoire ne retiendra alors de lui que des manifestations sanglantes au cours desquelles des enfants de Dieu – dont il est investi comme berger – soit trouvent la mort, soit sont blessés, soit sont appréhendés quand ils ne basculent pas dans le chômage ou ne sont pas réduits à devenir des déplacés internes, des exilés ou des exilés.
La singularité, pour cette fois, c’est qu’en pareil cas, il ratera sa sa fin de carrière ecclésiale, pour avoir cru dans l’offre ultime d’opposants velléitaires et corrompus, incapables de conquérir ou de reconquérir le pouvoir d’Etat par une voie démocratique. Des opposants extrémistes et leurs mentors belges à la recherche désespérée d’une personnalité « potable », issue de surcroît en plus d’une structure généralement bien perçue jusque-là de la société civile, l’église catholique.
Omer Nsongo die Lema avec Le Maximum
TOUT CE A QUOI IL TOUCHE SE DESINTEGRE : Monsengwo, la malédiction de Mobutu
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