La seconde moitié de l’année 2017 ne démarre pas, elle non plus, sous les meilleurs auspices. Tant l’atmosphère politique est à l’affrontement les princes de l’église catholique romaine de la RD Congo rangés aux côtés des acteurs politiques de l’opposition radicale et la majorité au pouvoir. Enjeu de cet affrontement : rendre le pays ingouvernable et imposer un retour à la table des négociations autour du partage du pouvoir. Le phénomène est habillé d’une expression qui tente d’en voiler le contenu : le respect de l’Accord politique du 31 décembre 2016. Tout au moins, de sa partie qui traite du partage du pouvoir durant la période pré-électorale, muée en condition sine qua non de la tenue des scrutins électoraux en RD Congo.
Dans cet affrontement sans merci, tous les moyens sont bons pour couler l’adversaire, en l’occurrence le pouvoir politique en place à Kinshasa. Y compris les opérations de rétablissement de la paix et de la sécurité dans les provinces kasaiennes, ravagées depuis près d’un an par les affres du terrorisme dit « Kamwina Nsapu ». Ongs internationales, église catholique et partis politiques de l’opposition rivalisent d’ingéniosité pour accuser les forces de défense de la RD Congo de tous les crimes possibles, y compris de crimes contre l’humanité commises sur … les terroristes. Des accusations suffisamment sérieuses pour inciter l’ONU à dépêcher ses experts s’en enquérir.
TUERIES AUX KASAI :
Adama Dieng : « Ce n’est pas un génocide »
S’il n’a pas confirmé la qualification gouvernementale des événements tragiques qui ont endeuillé les provinces kasaïennes depuis août-septembre 2016, qui les considère comme du terrorisme, Adama Dieng n’en était pas loin. Le conseiller spécial du secrétaire général des Nations-Unies, dépêché en RD Congo pour étudier la situation sécuritaire dans les Kasai et en faire rapport à sa hiérarchie a néanmoins tranché net : « La situation du Kasai bien que grave ne constitue pas un cas de génocide ». Point barre. Adama Dieng bouclait, le 24 juin 2017, une mission de 5 jours au terme de laquelle il a tiré des conclusions claires : Le conflit kasaïen ne réunit pas les éléments constitutifs du crime de génocide, parce que l’intention de s’en prendre à un groupe particulier de la population, et la définition de ce groupe particulier visé font défaut, a expliqué à la presse le diplomate onusien qui bouclait sa mission après un séjour à Kananga (Kasai Central) et à Tshikapa (Kasai). Adama Dieng a, contrairement aux évêques de l’église catholique qui avaient publié des statistiques impressionnantes sur le même conflit quelques heures plus tôt et aux radicaux du Rassop, dénoncé la responsabilité des miliciens Kamwina Nsapu, des forces de l’ordre et de sécurité ainsi que des forces d’auto-défense locales dans l’escalade des violences enregistrées et la crise humanitaire qui en découle.
Le conseiller spécial d’Antonio Guterres a estimé que le rétablissement de la paix dans les Kasai restait tributaire du dialogue avec les communautés locales et s’est prononcé pour une forte démilitarisation de la région. De même qu’il en a appellé à des poursuites judiciaires à l’encontre d’acteurs et instigateurs des violences kasaïennes. Ce qui n’a pas empêché les évêques de l’église catholique romaine en RD Congo de repartir à l’assaut du pouvoir politique.
CROISADE CLERICALE : Les évêques catholiques passent aux actes et mobilisent
Comme d’habitude, c’est le très politisé secrétaire général de la conférence des évêques, l’abbé Donatien Nshole, un proche du Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, qui est monté au créneau pour sonner la charge, le 28 juin 2017 : «Les évêques ont organisé, à travers la CENCO, une campagne de sensibilisation aux manifestations pacifiques pour que ça ne soit pas non plus une anarchie…La campagne a été lancée vendredi. Maintenant, les commissions diocésaines « Justice et paix » vont s’y mettre. Elles vont éduquer et sensibiliser les populations pour les aider à réagir de façon constitutionnelle, à défendre leurs droits… Je sais seulement qu’elle a commencé mais je n’ai pas les détails de timing. Mais, ça dépend aussi d’un coin à un autre parce que la mobilisation n’est pas la même partout», a déclaré Nshole à la presse à Kinshasa. Le volubile porte-parole de l’épiscopat catholique rd congolais a expliqué dans la foulée que l’objectif de la nouvelle croisade cléricale était de sensibiliser les masses « … à sanctionner les responsables de la crise sociopolitique actuelle » qui, pour ces calottes sacrées qui prennent ainsi ouvertement parti dans le débat entre la majorité et l’opposition, sont les responsables politiques au pouvoir actuellement. Donc le président Joseph Kabila et sa famille politique et même au-delà.
JUILLET NOIR A KINSHASA : Meurtres et appels au pourrissement
Vendredi 14 juillet 2017 en milieu de journée, des individus armés non autrement identifiés officiellement, mais que l’opinion tenait pour des adeptes BDK (Bundu Dia Kongo), ont pris d’assaut le bureau de coordination du marché central de Kinshasa. Des postes de la Police Nationale Congolaise (PNC) avoisinants ainsi que les bureaux de l’Administrateur gestionnaire du marché, Madame Chantal Mboyo, étaient visés. Les assaillants se sont faufilés entre marchands, vendeurs à la criée, acheteurs, débrouillards et négociants qui, chaque jour, affluent de tous les coins de la mégapole rd congolaise, créditée aux derniers chiffres de près de 12 millions d’âmes. C’était donc facile de semer la mort et la panique et de s’en aller sans crainte d’être pris. Ce fut fait. Au moins 2 victimes, dont Mme Chantal Mboyo, que les assaillants semblent avoir particulièrement visé et son garde du corps, ont été tuées. D’autres agents de police, grièvement blessés par balles ou à l’arme blanche, ont payé les frais de ce nouveau terrorisme urbain à Kinshasa. Un des assaillants a été capturé par les forces de l’ordre et aussitôt déféré devant les instances judiciaires, et une arme de guerre saisie.
Depuis le 14 juillet, les proches et connaissances de Chantal Mboyo, une mère de famille à peine âgée de 50 ans, détentrice d’un diplôme de licence en droit obtenu à l’Université de Kinshasa en 1995, étaient inconsolables et faisaient le deuil. Un deuil injuste et révoltant à plus d’un égard, parce que rien ne destinait cette mère d’un petit garçon qui effectuait une carrière exemplaire au sein de l’administration d’un des plus grands lieux de ventes et de petits négoces de la capitale, à une mort aussi brutale et violente. Au Marché Central de Kinshasa, on vend et on achète, simplement. Des biens de première nécessité et de subsistance pour les gagne-petit. Ni les politiciens en vue, ni les hommes d’affaires aux limousines rutilantes ne fréquentent ce lieu de prédilection pour ce qu’on appelle le petit peuple. La criminalité ici est donc le fait de petits voleurs à la tire, des escrocs à la sauvette, etc. Pas des bandits à main armée à la recherche du jackpot du siècle. Il n’y avait donc pas de raison de craindre pour la vie Chantal Mboyo. Pourtant, cette originaire de Boende, dans la province de la Tshuapa, a bien été lâchement assassinée par des bandits armés qui lui ont logé au moins trois balles en plein jour.
Deux semaines auparavant, le 29 juin 2017, le commissariat de police de Kalamu à Matonge, la cité d’ambiance de la capitale rd congolaise, était mis sens dessus sens dessous par une attaque similaire. Des hommes arborant des bandeaux rouges ont pris d’assaut le lieu de détention provisoire situé non loin des installations communales et du parquet de grande instance. Des blessés y avaient été déplorés, mais là, un des assaillants avait trouvé la mort.
Neuf jours plus tôt, le 10 juin dernier, un assaut en règle contre le cachot du commissariat de police de Matete par une vingtaine d’assaillants armés de fusils AK 47 et de machettes avait causé la mort d’au moins deux personnes dont un agent de police.
A Matete, à Kalamu comme au Marché Central, les attaques se sont accompagnées de l’évasion de quelques détenus qui se sont faits la belle en profitant de la confusion délibérément créée. Un déversement de malfrats sur Kinshasa commencé avec l’attaque, le 17 mai dernier de l’ex. prison de Makala, suivie de l’évasion d’un nombre encore indéterminé de détenus.
BLOOMBERG, GEC, GLOBAL WITNESS : Pluie de « révélations » contre Kabila
En ce mois de juillet 2017, au moins trois « affaires » de détournements ou d’enrichissement illicite présumés de « proches de Joseph Kabila » ont fait la Une de la grande presse européenne. A commencer par cette affaire du Yacht de luxe, propriété d’Afritec SA et de l’héritier de l’entreprise de construction rd congolaise, Alain Wan, attribuée à Joseph Kabila. Le bateau amarré dans un port sud-africain aurait couté la bagatelle somme de 25 millions d’Euros, un pactole présenté comme acquis par des moyens illicites par cette entreprise qui existe depuis les années ’70 en RD Congo.
L’agence Bloomberg et l’Ong internationale Global Witness sont montés au créneau. L’agence de presse économique a fait sensation en révélant que Zoé Kabila, le jeune frère du Chef de l’Etat de la RD Congo, aurait créé ou détenu des parts dans au moins une douzaine d’entreprises brassant « des millions de dollars US ». Mais Bloomberg a été doublé, sur ce terrain de la dénonciation des richesses présidentielles, par un ancien expert onusien reconverti en chercheur … contre le pouvoir en place à Kinshasa. Jason Stearn, qui a déjà eu maille à partir avec le gouvernement rd congolais pour ses rapports « un peu trop intéressés ». Se parant du manteau d’un lanceur d’alerte, il a fait état de la possession ou de la participation de proches de Kabila dans près de … 80 entreprises en RD Congo. C’est dans cette foulée que Global Witness a fait état de «quelques 750 millions de recettes minières détournés en trois ans en RD Congo», sans préciser par qui. Même si dans un rapport rendu public le 21 juillet 2017, l’Ong internationale a accusé des administrations fiscales et des entreprises minières installées au pays d’y être impliquées. Global Witness estime en fait que les sommes perçues par ces administrations fiscales et entreprises minières publiques et qui «n’ont pas été versées au Trésor public» représentaient 149 millions de dollars en 2013, 314 millions de dollars en 2014 et 291 millions de dollars en 2015, apprend-on.
Ces dénonciations surviennent à un moment plus que suspect, caractérisé par la multiplication d’initiatives politiques étrangères, essentiellement occidentales, pour le moins saugrenues, dans le but à peine voilé de « couler » le pouvoir en place à Kinshasa depuis au moins 2006. « Arrivé à la fin de son dernier mandat présidentiel, Joseph Kabila doit partir », répète-t-on avec insistance. Fin décembre 2016, par l’intermédiaire de ses relais cléricaux en RD Congo, les évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), les mêmes puissances occidentales avaient réussi à faire signer à une trentaine d’acteurs politiques et de la société civile un accord politique. L’Accord dit de la Saint Sylvestre, conclu le 31 décembre 2016, est une entente de gestion concertée du pouvoir durant la période préélectorale en RD Congo, conçue pour « assurer une transition pacifique au sommet de l’Etat ». En principe. Mais dans la pratique, tout se passe comme si les puissances économiques et financières occidentales voulaient substituer cet arrangement particulier entre acteurs politiques et sociaux à la constitution rd congolaise, et ainsi régler les comptes une fois pour toutes au jeune Chef de l’Etat rd congolais. «Il doit être appliqué dans son intégralité», insiste-t-on dans une certaine communauté internationale ainsi que dans les rangs d’une partie de l’opposition rd congolaise chauffée à blanc. C’est-à-dire, en fait, que cet accord doit être appliqué en ce qu’il réduit les pouvoirs du Président de la République avant la tenue des élections. L’objectif poursuivi par les auteurs de cette véritable conspiration est de s’assurer que Kabila, ses proches et ceux qui le soutiennent quittent effectivement le pouvoir « coûte que coûte » et quoiqu’en dise la constitution évoquée désormais uniquement pour des raisons purement cosmétiques.
RASSOP : Nouveau conclave à Limete
Presqu’aux mêmes moments où se clôturait au Palais du Peuple de Kinshasa la mise sur pied du Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral sous la houlette de Léon Kengo wa Dondo et de Aubin Minaku Ndjalandjoko, se refermaient les portails du siège de l’UDPS à Limete sur le conclave du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement, tenu les 21 et 22 juillet 2017. Devant au moins un millier de sympathisants, selon l’estimation de confrères paraissant à Kinshasa, le rapporteur des travaux des radicaux de l’opposition, l’ex. MLC passé par la MP, François Mwamba Tshishimbi, a communiqué les conclusions du conclave d’une voix engagée et emportée. Les radicaux ont appelé les rd congolais à l’observation d’une journée ville-morte les 8 et 9 août 2017, mais aussi à ne plus s’acquitter d’impôts, taxes et redevances, factures de la SNEL et de la Regideso. De même qu’il a exigé l’arrêt des poursuites engagées contre Moïse Katumbi Chapwe, l’ancien gouverneur de l’ex. province du Katanga, et Jean-Claude Muyambo, l’avocat lushois patron du Scode, un petit parti passé à l’opposition depuis quelques années.
Des appels à la désobéissance civile en guise de voie de sortie de crise. Et donc, de la pression pour contraindre le pouvoir en place, qui file vers la tenue d’élections avec ou sans les radicaux de l’opposition, à revenir à la table du partage du pouvoir avant les scrutins. Cela, Félix Tshilombo Tshisekedi, le nouveau candidat déclaré à la prochaine présidentielle et président du Rassop Limete, l’a expliqué à ses amis vendredi dernier au Centre catholique Béthanie à la Gombe : «L’heure est à une mobilisation tous azimuts. Notre nouvelle feuille de route que vous allez finaliser au cours de nos travaux, indiquera clairement à Joseph Kabila la voie de sortie pacifique afin qu’une fois l’obstacle levé que les Congolais aient droit à des élections crédibles mais aussi que notre pays retrouve sa stabilité et son rayonnement de par le monde», a-t-il soutenu.
Pour les radicaux, les élections, ce sera après le départ de Joseph Kabila du pouvoir. Certes, pour la consommation publique, « Le Rassemblement sous le contrôle du peuple exige la publication sans tarder du calendrier électoral en tenant compte du fait que les élections doivent être organisées en 2017. Le Rassemblement exige également la publication des résultats des opérations d’enrôlement des électeurs le 30 juillet », a déclaré François Mwamba samedi 22 juillet à la clôture du conclave du Rassop/Limete. Absents de la gestion du pouvoir durant la période préélectorale, les radicaux de l’opposition politique rd congolaise ont opté en faveur de l’aggravation de la crise politique pour se faire place au soleil. Le conclave du Rassop aura été un conclave de l’aggravation de la crise politique en RD Congo.
TERRORISME A KIN : la PNC met la main sur Ben Tshimanga
Beaucoup de peurs, et sans doute assez de mal, compte tenu des dégâts matériels enregistrés au début du week-end dernier sur le campus de l’Université de Kinshasa. Mais les incidents n’ont certainement pas eu la portée que certains, à Kinshasa et dans la communauté internationale, ont espéré leur donné. Vendredi 21 juillet dernier, Olivier Kamitatu, le porte-parole manifestement en panne d’inspiration de Moïse Katumbi Chapwe, annonçait dans un tweet quelque chose qui ressemblait à une guerre de tranchées sur le campus universitaire, où des « vaillants compatriotes » affrontaient des éléments des forces de l’ordre. Sur les raisons de cet « affrontement », le président de l’Alliance pour le Renouveau du Congo (ARC) a préféré ne pas piper mot. Tout autant que Ida Sawyer, la chercheuse senior de Human Right Watch (HRW) en délicatesse avec l’immigration rd congolaise, qui ne rate pas une occasion pour tirer sur les autorités de la RD Congo. Le 21 juillet 2017, elle a annoncé que face aux manifestants à l’université de Kinshasa, la police tirait à balles réelles. Ce qui impliquait logiquement un bilan de blessés et de morts, que les internautes attendront sans doute longtemps. Parce qu’à l’Unikin, il n’y a point eu de morts, seulement un blessé (aux jambes), un des jeunes des quartiers riverains de l’université qui s’étaient mêlés aux étudiants. Ainsi que des dégâts matériels, notamment des véhicules de l’université et des privés, incendiés par les camarades en furie.
Les incidents déplorés sont nés d’une expédition de la police nationale à la recherche du cerveau moteur d’actes de terrorisme qui ont endeuillé Kinshasa ces derniers mois. Un certain Ben Cimanga wa Cimanga, recherché pour sa participation dans la récente attaque du marché central de Kinshasa au cours duquel Madame l’administrateur de ce lieu de négoce, Chantal Mboyo, a été tuée par balles, s’était retranché dans les quartiers riverains de l’université. Au terme de l’opération lancée jeudi 20 juillet dans la soirée, le criminel présumé a été arrêté, selon un communiqué rendu public par la police le 21 juillet 2017. Mais aussi au moins deux étudiants qui avaient tenté de le protéger en empêchant l’intervention des agents de l’ordre. C’est contre ces interpellations que les étudiants avaient réagi en cassant tout sur leur passage. «On avait enlevé un étudiant hier. Aujourd’hui, les autres étudiants sont sortis pour manifester. Il s’agit d’un étudiant de première licence Environnement. Il nous est maintenant remis. Actuellement, les étudiants sont dans la rue», avait expliqué à nos confrères de Politico.cd, Fabrice Bokembe, le coordonnateur des étudiants de l’Unikin. «Ils ont cassé. Ils ont aussi brûlé même des véhicules. La police est là. Le calme revient. Ça va mieux maintenant. Il n’y a pas de mort. Il y a un jeune qui est blessé et qu’on a emmené à l’hôpital», avait-il ajouté.
L’auteur des attaques ‘gorille’ de J-M. Kabund
«On me reproche de dire la vérité. Maintenant je suis proche des faits. Je ne savais pas ce qui se passait, maintenant je le sais et je dois dire la vérité». Tels étaient à peu de choses près les propos d’un élu de Kinshasa sur les listes SET (Soutien à Etienne Tshisekedi), Basile Olongo Pongo, le député le mieux élu de la capitale rd congolaise aux législatives de 2011, devenu vice-ministre à l’intérieur. Il se défendait, plus qu’il ne s’expliquait, devant les médias à Kinshasa, d’accusations portées contre sa personne par certains cadres du parti du défunt Etienne Tshisekedi. Parce qu’il a été parmi les premiers à révéler que les responsables des attaques contre les lieux de détention et les symboles de l’Etat, qui avaient endeuillé Kinshasa ces derniers mois, appartennaient à la branche radicale de l’UDPS, celle de Limete. Une révélation d’un « enfant-maison » qui mettait à nu des stratégies secrètes d’une aile d’un des plus grands partis de l’opposition du pays qui a choisi la voie des armes après avoir longtemps prétendu privilégier la non-violence. Depuis quelques jours, les kinoises et les kinois savaient ainsi que l’UDPS avait fait tuer, et pas seulement les agents de police ou les membres des forces de l’ordre. Des simples citoyens aussi, comme cette pauvre dame, Chantal Mboyo, administratrice du Marché Central de Kinshasa assassinée le 14 juillet 2017 en son lieu de travail.
Vendredi 28 juillet 2017, la police nationale congolaise a présenté un groupe des terroristes (tout au moins 15 parmi eux) responsables des attaques du poste de la police de la 11ème rue Limete le 9 mai, de Centre Pénitentiaire et de Rééducation de Kinshasa (CPRK) le 17 mai, du Parquet de grande instance et du commissariat de police de Matete le 10 juin, de la maison communale et du commissariat de Kalamu le 29 juin, et du Marché Central de Kinshasa le 14 juillet 2017. Parmi eux quelques membres de l’UDPS. Pas n’importe quels membres, parce que Cimanga Ben Cimanga, étudiant de son état et chef de la bande des terroristes qui auraient poignardé à mort Madame Mboyo le 14 juillet, n’est autre qu’un « agent de protocole du secrétariat général de l’UDPS ». Pierrot Mwanamputu, le porte-parole de la PNC, l’a révélé devant la presse et une brochette de représentants du gouvernement. Cet homme dont l’arrestation au Home 10 de l’université de Kinshasa a provoqué des échauffourées qui ont causé d’importants dégâts matériels, ainsi que d’autres membres de l’UDPS, ont été recrutés par un groupe opérant sous le label « Kamwina Nsapu », ce terrorisme-fétichiste d’origine kasaïenne sur lequel pèsent de sérieuses présomptions d’assassinats d’experts onusiens en mars dernier non loin de Kananga.
KAMWINA NSAPU : Ce sera une enquête mixte RDC-ONU
Mercredi 26 juillet 2017, le Haut-Commissaire aux Droits de l’Homme des Nations-Unies, Zeid Ra’ad Al Hussein, a nommé trois experts internationaux chargés d’établir les responsabilités sur le phénomène Kamwina Nsapu dans les provinces Kasaiennes. L’équipe dirigée par le Sénégalais Bacre Ndiaye, est également composée du Canadien Luc Côté et de la Mauritanienne Fatimata M’Baye. Elle gagnera la RD Congo début septembre prochain. A Kinshasa, la décision du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l’Homme a été le plus officiellement possible transmise à Marie-Ange Mushobekwa, la ministre des Droits Humains, qui avait déjà défendu le dossier avec succès en juin dernier à Genève par les ambassadeurs des Etats-Unis et de Grande Bretagne en RD Congo qui ont sollicité du Gouvernement congolais des facilités consulaires pour les trois experts.
La mission des experts onusiens en RD Congo consacrait ainsi la victoire du gouvernement de la RD Congo contre la puissante coalition composée par une Union Européenne cornaquée par la Belgique, ancienne métropole coloniale avec l’appui des Etats-Unis d’Amérique, et la bureaucratie onusienne, qui avait appelé avec une lourde insistance à l’envoi au Congo-Kinshasa d’une commission d’enquête internationale indépendante « en vase clos ». Une formule qui présentait l’inconvénient d’inférer la négation de l’existence de l’Etat et d’un pouvoir légitime dans un pays membre des Nations-Unies. Le président Joseph Kabila et son gouvernement s’y étaient farouchement opposés de toutes leurs forces, et la délégation rd congolaise à Genève en juin dernier a obtenu le soutien des Etats africains, asiatiques et sud-américains qui perçoivent de plus en plus mal les ingérences impérialistes d’une prétendue communauté internationale dans les affaires intérieures des autres Etats.
Les objectifs assignés aux experts onusiens sont clairs : ils sont chargés de «… réunir et de conserver des informations, d’établir les faits et les circonstances conformément aux normes internationales et à la pratique, et, tout en assurant la protection de toutes les personnes qui coopèrent avec l’équipe, en coopération avec le Gouvernement de la RDC, notamment en facilitant les visites et l’accès au pays, aux sites et aux personnes, concernant des violations présumées des droits de l’homme et des violations du droit international humanitaire dans les régions du Kasaï, de communiquer aux autorités judiciaires de la RDC les conclusions de cette enquête afin d’établir la vérité et de faire en sorte que les auteurs des crimes odieux soient tous traduits devant les autorités judiciaires de la RDC».
La nomination de ces trois chefs-experts internationaux chargés d’enquêter sur les violences dans les Kasai, de concert avec leurs homologues congolais sous l’autorité des instances judiciaires nationales intervenait néanmoins après la publication du rapport semestriel du Bureau Conjoint des Nations Unies pour les Droits de l’Homme en RDC. Un document qui prêtait le flanc à des critiques acerbes de nombreux observateurs et du pouvoir rd congolais. Selon ce document rendu public le 25 juillet 2017, au moins 2.822 cas de violations et d’atteintes aux droits de l’Homme avaient été enregistrés sur le territoire rd congolais au cours du 1er semestre de l’année en cours. Et près de 58 % de ces violations, soit 1.627 cas, auraint été perpétrées par « des agents de l’Etat » (Police Nationale, Forces Armées de la RD Congo, Agence Nationale des Renseignements), selon le rapport onusien, qui fait fi des récriminations, également habituelles, du gouvernement rd congolais sur l’amalgame dont procèdent ces affirmations « infâmantes ».
ALERTES AU MOIS D’AOUT : 14 morts à Kinshasa, Matadi et Boma
Alors que les populations congolaises en général et kinoises en particulier se sont réveillées paisiblement lundi 07 août 2017, prêtes à vaquer à leurs occupations quotidiennes habituelles, elles ont été perturbées dans leur quiétude et dans leur élan par des détonations d’armes à feu. Des diplomates non africains ont été cités parmi les instigateurs de ce vent de déstabilisation du pays de Lumumba. Renseignement pris, il se serait agi d’une manifestation au motif que le processus électoral connaîtrait du retard, qui aurait dégénéré par la suite, comme d’habitude. Mais les forces de police qui s’attendaient à un coup de Jarnac des extrémistes de l’opposition avaient su faire face aux événements avec fermeté, professionnalisme et promptitude.
Que des Congolais désirent exprimer pacifiquement des revendications ou des impatiences légitimes, cela rentre dans le droit fil des préceptes de la Loi fondamentale, estimaient des observateurs rencontrés le même lundi dans la soirée à Kinshasa, une mégapole de près de 12 millions d’âmes. Cependant, ce qui a posé problème et choqué l’opinion au regard de ce qui s’est passé lundi 27 août 2017 dans certains quartiers périphériques de Kinshasa, Matadi et Boma au Kongo-Central, c’est la banalisation mimétique des crimes les plus crapuleux et du terrorisme.
En effet, des dégâts humains et matériels importants avaient été occasionnés dans ces trois agglomérations par des groupes d’individus qui, un bandeau rouge ceint autour de la tête, à l’image des adeptes de Kamwina Nsapu ou de Ne Mwanda Nsemi, s’en sont pris vers 9H30’ aux éléments des forces de l’ordre et de sécurité. Un officier de la Police Nationale, le Commissaire Ilunga, a été sauvagement lynché à mort, tandis que deux de ses collègues, grièvement blessés, étaient admis aux soins intensifs dans un centre hospitalier de la capitale. Les affrontements qui s’en sont suivis ont causé une douzaine de morts parmi les assaillants dans la capitale et deux à Matadi, selon les statistiques officielles mais néanmoins provisoires, rendues publiques par le porte-parole de la police, le Colonel Pierrot Mwanamputu.
Plusieurs assaillants auteurs des attaques terroristes de Kinshasa et d’agglomérations urbaines de la province du Kongo Central avaient été capturés par la police lors de ces affrontements. Le porte-parole de la Police Nationale a indiqué qu’ils étaient pour la plupart manifestement sous l’emprise de la drogue. Ils se seraient présentés comme adeptes de la secte ‘Bundu dia Kongo’, ce que les enquêteurs et la justice devaient confirmer ou infirmer car il pourrait s’agir d’une manœuvre de diversion. Certains d’entre ces inciviques ont fait état de l’intervention des diplomates de trois pays non africains qui les auraient encouragé à faire entendre avec plus de force leurs revendications pour des élections générales avant décembre 2017. Mais le plus préoccupant dans les événements du lundi 7 août 2017 résidait sans doute dans ce comportement de jeunes gens qui épousaient avec un dilettantisme déconcertant les symboles du terrorisme le plus abject pour faire passer un message, politique fût-il.
VILLE MORTE : Echec et mat le 8 août 2017
Comme annoncé à l’issue de son dernier conclave tenu à Kinshasa du 8 au 10 juin, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement du tandem Pierre Lumbi Okongo et de Félix Tshilombo Tshisekedi a appelé les Congolais à l’observation de deux journées ville-morte le 8 et le 9 août 2017. Les motifs avancés pour justifier ce énième recours à de vieilles méthodes de contestation héritées des jours fastes de lutte contre la dictature mobutiste étaient peu clairs. Selon le rapport des travaux du conclave lu le 10 juin dernier, il s’agirait de faire pression … sur Joseph Kabila pour obtenir l’organisation des élections au plus tard au mois de décembre prochain. Mais le recours à des actions de rue, donc à la population visait aussi, pêle-mêle, à obtenir l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre conclu sous l’égide de la Conférence Episcopale Nationale du Congo. Ou encore le départ du pouvoir par des « voies pacifiques » de Joseph Kabila, selon le discours d’orientation prononcé par Félix Tshilombo Tshisekedi à l’ouverture du conclave, le 8 juin dernier.
Réclamer des élections dont on sait déjà qu’elles ne peuvent se tenir avant la fin de l’année, exiger l’application d’accords déjà mis en œuvre (au moins partiellement), ou encore demander le départ de Joseph Kabila du pouvoir … tout cela a paru bien confus, beaucoup trop confus et amalgamé pour se faire entendre et obtenir l’adhésion des masses kinoises. Dimanche 6 août dans la soirée, une dame d’âge mur de retour d’un «wenze» (petit marché) de quartier populaire, un bassin de pain à moitié vide, n’avait pu s’empêcher de quérir des assurances auprès de jeunes gens rencontrés sur le chemin de son retour à la maison : «Est-ce vrai que nous devons rester chez nous lundi prochain ?», leur avait-elle demandé. «Ce n’est pas lundi, c’est mardi», s’entendit-elle dire, non sans se rendre compte que sa préoccupation avait déclenché une vive discussion entre ses interlocuteurs … sur l’opportunité de se calfeutrer chez soi, si ce n’est pour des raisons sécuritaires.
A Kinshasa, la plupart n’avait pas entendu l’appel lancé par les radicaux de l’opposition de la même oreille. Entre rester chez soi et envahir les artères avec tout ce qu’une telle descente implique, peu savent faire la part des choses, désormais. Et adoptent une prudente réserve, histoire de voir venir… Comme les précédents appels à observer ville-morte, ceux du 8 et 9 août auront pâti de cette confusion entretenue par les acteurs politiques de l’opposition. De ville morte, il n’y en pas eu du tout mardi 8 et mercredi 9 juillet dernier. Seulement un net ralentissement des activités dans la capitale de la RD Congo, dont les causes peuvent être cernées sans trop de peine, notaient certains observateurs.
De l’avis de la plupart des observateurs, ce sont plus les incidents sanglants survenus 24 heures plus tôt, lundi 7 août qui avaient poussé les kinois à la prudence mardi 8 août, ce qui explique le ralentissement des activités observés à Kinshasa. Des affrontements armés entre les adeptes Bundu dia Mayala de Ne Mwanda Nsemi et les forces de police dans les quartiers périphériques de Ndjili, Selembao et Binza avaient en effet provoqué la mort de 12 personnes, dont des agents de police, selon le bilan officiel lu sur les antennes de la télévision national lundi dernier. Suffisant pour dissuader de nombreuses personnes à se rendre à leurs lieux de travail, c’est évident. Si donc Kinshasa n’a pas été une ville morte les 8 et 9 août 2017, la capitale de la RD Congo aura néanmoins été une ville paniquée.
Le schéma burkinabè version BDM visait la RTNC et l’aéroport international de Ndjili
Selon les communiqués de la police nationale rendus publics lundi 7 et mercredi 9 août 2017, à Kinshasa, Matadi et Boma, les forces de police ont subi des assauts synchronisées (tous ont eu lieu à 9 heures précises) d’éléments Bundu dia Mayala (BDM). A Kinshasa, des manifestants BDM avaient fait irruption à Binza l’UPN (Université Pédagogique National) et cheminaient vers la station d’émission de la RTNC située à quelques kilomètres de là, à Binza Météo. A Selembao, le groupe qui a affronté les forces de l’ordre et tué un officier supérieur de la police nationale avait mission de progresser vers le siège de la RTNC1 dans la commune de Lingwala, «aux fins faire une déclaration de prise de pouvoir», selon le rapport de police lu à l’occasion de la présentation des assaillants capturés lundi dernier. Et à Ndjili, les assaillants, qui avaient affronté les forces de police eux aussi, visaient l’aéroport international de Ndjili.
Les ingrédients pour une insurrection généralisée semblaient donc réunis, dernier. Et Kinshasa est passée très près à côté d’un embrasement généralisé dont les conséquences restaient incalculables, quoi qu’on en ait dit. Le nombre de décès revu à la hausse est passé de 14 à 19 morts, dont 2 officiers de police lynchés par les assaillants, ainsi que 7 blessés. 37 assaillants BDM capturés, qui ont été présentés à la presse mercredi 9 août. Avec eux des armes blanches, des fétiches et des amulettes de diverses sortes, mais aussi quelques armes à feu, de chasse ou de guerre. Un élément PM avait été atteint par balles d’armes de chasse au niveau des reins, avait déclaré le colonel Pierrot Mwanamputu sur les antennes de la télévision nationale.
ETIENNE TSHISEKEDI : le rapatriement du corps de nouveau à l’ordre du jour
Des sources familiales, dont un des fils du défunt, Félix Tshilombo Tshisekedi, ont annoncé le 11 août 2017 que l’accord intervenu début juin dernier entre le gouvernement, la famille biologique et l’UDPS avait été finalisé la semaine dernière. Les parties ont convenu du rapatriement du corps dès le mois de septembre 2017, mais aussi de détails organisationnels. Le gouvernement, qui prend en charge les frais d’organisation des obsèques, dépêcherait à Bruxelles un aéronef pour ramener dépouille et membres de famille, comme déjà convenu en février dernier. Le corps serait exposé au Palais du Peuple pour le recueillement et les hommages officiels et populaires avant l’inhumation dans une propriété familiale à N’Sele. Les parties se sont aussi engagées à l’organisation dans la dignité et le calme des obsèques de l’ancien premier ministre.
7 mois de vaines et farfelues revendications auront donc particulièrement écorné le sacro-saint principe du respect dû aux morts cher aux africains en général et aux rd congolais en particulier. Parce qu’au finish, il semblait bien que ce sont les propositions gouvernementales, de loin plus mesurées, qui s’imposaient. Parce que les joutes qui ont entouré le rapatriement du corps d’Etienne Tshisekedi, décédé les armes à la main comme on dit, en pleines négociations sur la mise en œuvre de l’accord signé par les parties prenantes au dialogue du Centre interdiocésain deux mois plus tôt, tout s’est passé comme proches et partisans ont tenu à s’en servir pour atteindre des objectifs politiques discutables.
Les phantasmes autour d’une dépouille mortelle combattante avaient emmené l’UDPS et la famille du défunt à aller jusqu’à exiger le départ d’un 1er ministre nommé par le Président de la République en vertu de l’Accord de la Cité de l’Union Africaine, signé le 18 octobre 2017. Une revendication derrière laquelle se dissimulaient les ambitions au strapontin du fils du défunt, Félix Tshilombo Tshisekedi, et d’une partie de l’UDPS sur laquelle la famille biologique semble avoir fait main basse. A elle seule, cette revendication derrière laquelle sont greffées d’autres autour du lieu d’inhumation, a duré plusieurs mois. Jusqu’à la nomination du Premier ministre Bruno Tshibala, un proche du défunt, début avril dernier.
SINDIKA DOKOLO, un nouveau « Moïse » congolais est né le 11 août à Londres
Il se présentait encore, moins d’un trimestre plus tôt, sous les oripeaux d’une sorte de bienfaiteur désintéressé, uniquement préoccupé par la détresse de ses demi-frères rd congolais. Sindika Dokolo, le fils né d’une mère suédoise du défunt propriétaire de Banque de Kinshasa, Augustin Dokolo Sanu, n’aura pas tenu bien longtemps dans le rôle. Avant de dévoiler ses vraies lubies : l’ambition politique et une forte aversion contre le pouvoir en place à Kinshasa, qu’il avait décidé de combattre. En ces temps de crise sur ces terres voisines de son pays d’adoption, l’Angola de Dos Santos dont il a épousé la fille, une des plus riches dames du contient selon la presse spécialisée, l’affaire pouvait s’avérer payante.
Vendredi 11 août à Londres, le jeune Sindika s’est résolument jeté à l’eau en créant ce qu’il présente encore comme un mouvement citoyen et apolitique, « Congolais lèves-toi ». «Nous avons donc décidé de créer le Mouvement des Congolais débout afin de diffuser massivement une juste pensée et soutenir toute action citoyenne, patriotique et pacifique dans le but du respect strict et sans condition de notre constitution en son article 64 dans l’intérêt national et dont le peuple est le seul bénéficiaire», avancait-il. Sans être une parole prophétique, la dénomination du nouveau « mouvement citoyen » se voulait manifestement proche de la nébuleuse religieuse qui attire tant les rd congolais. Parce qu’elle s’inspirait du dernier appel au jihad lancé par les princes de l’église catholique romaine début juin dernier au terme d’une assemblée cléricale très politique.
Mais ils ne devaient pas se compter en millions, ceux qui croient en la citoyenneté du gendre du Chef de l’Etat angolais Eduardo Dos Santos. Parce que d’organisations citoyennes en Afrique en général et en RD Congo en particulier, de moins en moins de personnes y croient, tant il est laborieux de les distinguer des partis politiques tout court. Et Sindika, beaucoup l’ont vu venir. Parmi ses dernières prestations médiatisées, l’opinion se souvenait encore de cette rencontre avec Moïse Katumbi, le richissime ancien gouverneur des riches terres katangaises, qui se présente lui aussi comme un farouche opposant au régime en place. Ou encore de ces déclarations emportées exclusivement orientées contre les tenants du pouvoir à Kinshasa. « La citoyenneté peut aussi être positive, inciter les compatriotes à plus d’ardeur au travail, par exemple. Cela ne devrait pas exclusivement consister à s’opposer au pouvoir politique», estimait cet étudiant en sciences politiques de l’Université de Kinshasa. Et encore …
Longtemps présenté comme un riche collectionneur d’œuvres d’art, Sindika Dokolo n’est pas dépourvu d’atouts pour séduire l’opinion et la classe politique dans son pays d’origine. En ces temps de crise économique, beaucoup en RD Congo rêvent du « Moïse » qui les sortira de l’océan de misères d’un coup de canne. En cette matière, le fils Dokolo n’est d’ailleurs pas le premier, avant lui, Soriano Katebe Katoto, et Moïse Katumbi Chapwe ont pu exploiter la crédulité de leurs compatriotes et cristalliser les espoirs. Mais il n’est sans doute point de besoin de se parer d’oripeaux de citoyenneté pour ce faire.
MANIFESTE DE LA SOCIETE CIVILE SINDIKA A CHANTILLY : La CENCO officiellement anti Kabila
Après Genval en Belgique, Chantilly, en France, a regroupé des activistes dits de la société civile, dont la CENCO, Conférence Episcopale Nationale du Congo, pour un plan d’actions politiques visant le renversement de Joseph Kabila et l’instauration d’une « transition citoyenne », d’une troisième transition, donc. Si à Genval, les lobbies politico-affairistes occidentaux ont agi autour de Moïse Katumbi, vendredi 18 août 2017 à Chantilly l’attelage s’est monté autour de Sindika Dokolo, le gendre du Chef de l’Etat Angolais Edouardo Dos Santos. Autour d’eux, des acteurs traditionnels de l’insurrection en RD Congo : l’Open Society Foundation (OSF) de George Soros coachant la FIDH (Fédération Internationale des Droits de l’Homme), et l’inénarrable Human Rights Watch (HRW), mais aussi « Y’en a marre », un mouvement citoyen sénégalais dont le meneur avait dû être expulsé de Kinshasa il y a quelques années, etc.
A Chantilly, la « messe » a, officiellement, été organisée par la Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH) qui avait lancé les invitations. C’est dans les locaux de la FIDH qu’a été signé le « manifeste » issu des trois jours de cogitations à Chantilly. Mais il est apparu de plus en plus clairement que la FIDH, un regroupement d’au moins 178 ONG à travers le monde, n’est qu’un paravent pour faire exécuter l’agenda stratégique du milliardaire américain d’origine hongroise, George Soros, patron de l’Open Society Fondation, qui est l’un des gros financiers de la FIDH. Celle-ci n’en était d’ailleurs pas à sa première implication dans l’entrelacement hétéroclite des lobbies politico-affairistes occidentaux avec des groupes politiques et de la société civile de la RD Congo. C’est, en effet, la FIDH qui avait placé sous sa protection la juge Chantal Ramazani. La même qui avait condamné Moïse Katumbi Chapwe à trois ans de prison ferme au Tribunal de paix de Lubumbashi/Kamalondo dans l’affaire opposant l’ancien Gouverneur de l’ex-province du Katanga au grec Stoupis.
Autour des associations et mouvements dits « citoyens » se sont retrouvés d’autres organisations comme Human Rights Watch, également grassement financée par l’Open Society Foundation, à travers sa directrice Afrique, Ida Sawyer.
Côté congolais, l’on ne peut pas ne pas épingler la présence de la CENCO qui, cette fois-ci, n’aura eu aucun prétexte pour se défiler devant ce nouvel engagement. Déjà présente à l’île de Gorée, les radicaux anti kabilistes de l’Eglise catholique romaine s’en étaient retirés au motif que les objectifs y poursuivis « ne correspondaient pas avec l’objet mentionné dans les invitations ». A la Cité de l’Union africaine à Kinshasa, la CENCO s’était également débinée, sous prétexte de « faire le deuil des victimes des manifestations de septembre 2016 », avant de se retrouver à Limete au conclave du Rassemblement de l’Opposition pro-occidentale.
Le 18 août dernier, l’église catholique a officiellement quitté le milieu du village pour s’afficher, tout aussi officiellement, comme protagoniste dans l’arène politique congolais. Les masques sont donc tombés…
ENROLEMENT DES ELECTEURS : Panique chez les radicaux
Entre les partisans du processus électoral et de l’alternance par la voie de l’organisation des élections et les radicaux de l’opposition politique favorables à une transition de re-partage du gâteau avant tout scrutin, c’est le round décisif.
Fin août 2017, à Kananga au Kasaï Central, une rencontre d’évaluation du processus électoral a réuni la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), le Gouvernement d’union nationale et le Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus électoral (CNSA). Certes, il ne s’agissait que d’une rencontre préparatoire de celle qui décidera des options principales de la suite du processus, notamment, du calendrier électoral à déployer après décembre prochain. Puisqu’il était désormais acquis qu’aucun scrutin n’était tenable en décembre 2017. Mais Kananga aura été décisif en ce qu’il a lancé la dernière étape de l’opération de révision du fichier électoral. Lundi 4 septembre ont démarré les opérations d’enrôlement dans les seules provinces encore en retard, le Kasai Central, le Kasai et dans deux territoires de la province voisine de la Lomami, Kamiji et Luilu.
Aussitôt rentré à Kinshasa, le bureau de la CENI a lancé une campagne de recrutement du personnel supplémentaire dans les zones opérationnelles concernées par ces opérations d’enrôlement prévues pour s’étendre sur trois mois, jusque décembre 2017, donc. Alors que le nombre de rd congolais déjà inscrits sur les listes électorales avait dépassé la barre de 40 millions de personnes. C’était la dernière ligne droite, à l’évidence, et les populations qui s’enrôlaient en masse démentaient dans la même proportion les projections d’acteurs politiques de l’opposition qui les disaient favorables à un arrêt du processus électoral, fût-ce pour une transition dite citoyenne.
Plus de 40 millions d’enrôlés, c’était plus de 40 millions de Congolais favorables à la tenue de nouvelles élections dans leur pays, conformément à la constitution en vigueur.
Une panique manifeste s’observait donc dans les rangs de l’opposition dite radicale. A Kinshasa, le Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), aile Limete, aait tenté d’organiser des manifestations publiques, sans succès. Le meeting prévu dimanche 3 septembre 2017 sur le boulevard triomphal en face du Stade des Martyrs de la Pentecôte à Kinshasa avait été interdit par l’autorité urbaine. Parce que l’autre aile du même Rassop, celle de Kasavubu qui siège au gouvernement d’union nationale et participe au processus de démocratisation, avait choisi le même lieu et le même jour pour tenir son meeting. Le Gouverneur de Kinshasa, André Kimbuta Yango avait partagé la poire en deux, comme on dit, en renvoyant les rivaux dos à dos.
Même la manifestation déguisée en accueil de Félix Tshisekedi, dont le retour au pays a été voulu coïncidant avec l’organisation du meeting du boulevard triomphal, avait été étouffé par le dispositif sécuritaire dissuasif mis en place par les autorités policières kinoises. Pas d’escorte motorisée, pas d’attroupements, conformément à une décision du nouveau patron de la police rendue publique au début du week-end : le fils Tshisekedi a gagné sa résidence sans les foules qui lui auraient permis de renflouer la participation au meeting prévu.
Contre le processus électoral, c’est le porte-parole d’un des chefs de file des adversaires du processus électoral et candidat à une présidence sans élections, Moïse Katumbi, qui est précipitamment sorti de ses gongs. Olivier Kamitatu a déclaré à des confrères en ligne que la rencontre de Kananga entre la CENI, le gouvernement et le CNSA était une rencontre des kabilistes. L’ARC tentant ainsi maladroitement de réduire à la famille du Président de la République en fonction, dont le second et dernier mandat est arrivé à terme effectivement, l’ensemble de la classe politique et des rd congolais qui, en s’enrôlant, montraient la voie qu’ils veulent suivre : vers les urnes.
S’était également insurgé contre le processus électoral, l’ECIDE Martin Fayulu qui, fort maladroitement lui aussi, avait émis des critiques sur la fiabilité des statistiques rendus publics par la CENI avant même leur publication officielle, qui ne peut intervenir qu’après une opération préalable de fiabilisation, donc, de correction des erreurs. Mais l’acteur politique de l’opposition, ainsi que tous ses pairs, étaient à l’évidence encore beaucoup moins crédibles que l’administration électorale sur la question. Pour la bonne et simple raison qu’ils n’en savent rien. Un rapport de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) daté du second semestre 2017 reprochait déjà aux radicaux de l’opposition de n’avoir guère affecté des observateurs au processus d’enrôlement. Nul ne pouvait, en toute connaissance de cause, parler d’opérations d’enrôlement chez ces opposants qui en avaient dédaigné le suivi.
Fatshi, une coalition contre les élections !
C’est un Félix Tshilombo Tshisekedi particulièrement fulminant qui s’est adressé à la presse et à l’opinion, mardi 5 septembre 2017. Un speech de près de 4 pages de la part de l’opposant radical ramené sous bonne escorte policière chez lui, dimanche 3 septembre, alors qu’il escomptait un bain de foule susceptible de surchauffer l’ambiance du meeting prévu le même sur le boulevard triomphal en phase du Stade des Martyrs. Un événement qui s’inscrivait dans le cadre de la feuille de route consistant à mettre le feu à la baraque, mise sur pied à Paris par les radicaux de l’opposition politique rd congolaise, pour faire pression sur Joseph Kabila et sa majorité au pouvoir. Rien n’aura marché comme prévu, et c’est ce qui explique la nouvelle croisade, empreinte de davantage de modestie et de considération envers les autres partenaires de l’opposition jusque-là considérés comme du menu fretin, que le fils Tshisekedi a donné l’impression d’afficher.
face à la presse, Fatshi, comme il se surnomme dans les réseaux sociaux dont il est friand, n’a pas dissimulé son désarroi. « L’heure est grave », l’avait-on entendu dire. «Le moment n’est plus aux discours mais à l’action. Une action vigoureuse qui exige l’unité de toutes les forces acquises au changement démocratique. L’union fait la force, pour dire que tout fait nombre et tout fait force», avait-il lancé d’emblée, aussitôt les salutations d’usage terminées. Il y avait de quoi revenir sur terre, en effet, parce que tout ce que les radicaux avaient concocté pour empoisonner le mois de la rentrée tournait, lentement mais sûrement, en eau de boudin. A commencer par ce retour au pays fermement encadré par les nouvelles autorités policières de la capitale, ainsi que ce strict respect de la mesure d’interdiction de toute manifestation à la date du 3 septembre. Tout indiquait que si les radicaux de l’opposition s’aventuraient à rééditer les mêmes vieilles méthodes de mobilisation des masses, les forces de police, ne manqueraient pas d’y mettre bon ordre, la hiérarchie policière ayant on ne peut plus radicalement modifié les méthodes de maintien de l’ordre public.
RIDEAUX SUR LES TRAVAUX DE KANANGA, Kamwina Nsapu : Pardon et réconciliation
A Kananga où se sont tenus durant 3 jours, du 19 au 21 septembre 2017, les travaux du forum sur la paix, la réconciliation et le développement de l’espace kasaïen, les rideaux sont tombés allègrement jeudi 21, au son de la musique de la « Maamu Nationale ». Trois jours d’intenses travaux en commissions, précédés d’autant de jours de travaux préparatoires, il avait donc fallu près d’une semaine pour remettre les régions dévastées par le tristement célèbre phénomène Kamwina Nsapu sur la voie de la paix et du développement.
C’est le Président de la République, Joseph Kabila en personne qui aura mérité plus que jamais son surnom d’ «artisan de la paix» qui avait ouvert, mardi 19 septembre à Kananga, les travaux proprement dits du forum, après que le gouverneur intérimaire de la province du Kasaï Central, hôte de l’événement, eut prononcé l’adresse de bienvenue habituelle, suivie de la projection d’un film documentaire inédit retraçant l’historique du mouvement terroriste qui a affecté l’ensemble des provinces kasaïennes.
Dans le discours prononcé devant les forces vives de l’espace kasaïen, Joseph Kabila a invité tout le monde à prendre conscience du drame survenu, à ne plus le reprendre, à se pardonner et à se réconcilier pour placer résolument le cap vers le développement. Néanmoins, a assuré le Chef de l’Etat, justice devra être faite. Les auteurs directs et indirects du drame kasaïen devront répondre de leurs actes.
Mercredi 20 septembre, les travaux de Kananga se sont poursuivis sans désemparer et ont été particulièrement marqués par le pardon de la famille régnante Kamwina Nsapu, à travers laquelle est survenu le drame kasaïen. C’est au nom du clan bajila kasanga, que le successeur de Jean-Pierre Pandi a demandé pardon à toute la population du Kasaï victime des affres de la milice partie de Dibaya et à toute la République.
Auparavant, le vice-ministre de l’Intérieur et sécurité, Emmanuel Ramazani Shadary, avait présenté l’économie des préoccupations qui ont présidé à l’organisation du forum de Kananga : ne plus revivre les atrocités vécues il y a 9 mois dans la région, en analyse les causes, envisager les pistes de solution et le plan d’assistance humanitaire et de développement du Grand Kasaï.
En l’absence du Président de la République, qui avait regagné Kinshasa mercredi dans l’après-midi avant de reprendre l’avion pour New York aux Etats-Unis, jeudi dans la journée, c’est le 1er ministre, Bruno Tshibala Nzenzhe, qui a présidé la cérémonie de clôture du forum de Kananga. Une cérémonie précédée par l’acceptation solennelle par les 5 provinces de l’espace kasaïen de la demande de pardon exprimée 24 plus tôt par le détenteur du trône Kamwina Nsapu. S’en est suivi un rituel de réconciliation entre les autorités coutumières de l’espace, à l’invitation de leur collègue Jacques Kabeya Ntumba, le successeur de feu Jean-Pierre Prince Pandi par qui le malheur est arrivé. Moment pathétique : devant Dieu, les hommes et l’histoire, les frères kasaïens se sont mutuellement lavés les mains dans une même marmite. Rameaux à la main, ils se sont jurés de ne plus jamais verser le sang.
Auparavant, les participants au forum de Kananga avaient adopté les conclusions des travaux en commissions autour des conflits coutumiers et fonciers, de la décentralisation et du développement socio-économique durable ; du schéma pour la paix et la réconciliation intercommunautaire ; et de la prise en charge humanitaire et psycho sociale.
Un culte oeucuménique a été célébré vendredi 22 septembre 2017 pour mettre un terme définitif aux assises de Kananga.
72ème SESSION ORDINAIRE DES NATIONS UNIES : Des égarés à New York
La 72ème session ordinaire des Nations-Unies ouverte le 21 septembre 2017 à New York a connu son lot de faits divers. Exclusivement réservée aux représentants des Nations du monde qui s’expriment en plénière, à huis clos ou en informel, dans le mythique immeuble de verre qui sert de siège aux Nations-Unies, le rituel de la session ordinaire de cette année aura été un temps perturbé par quelques intrus. Piqués par on ne sait quelle mouche, un groupe d’acteurs de l’opposition politique rd congolaise, rameutée par le fugitif Moïse Katumbi et composée notamment de son factotum Félix Tshilombo Tshisekedi et leurs affidés Paul Nsapu, Mbata Mangu et Floribert Anzuluni, se sont donnés en spectacle en allant arpenter les couloirs du siège de l’organisation mondiale grouillant de ses prestigieux dirigeants. Ne sachant pas par où commencer ni comment s’y prendre pour entreprendre des rencontres informelles supposées tenir lieu de ‘’plaidoyer pour une transition sans Kabila’’, une rengaine inconstitutionnelle qui s’est terminé en eau de boudin avant même d’être discuté par qui que ce soit, ils ont erré dans les interminables couloirs du Palais des Nations comme des oiseaux perdus à la recherche d’une oreille charitable.
Intrigués, les services de sécurité et du protocole des Nations-Unies eurent vite fait de les interpeller pour leur faire comprendre que là n’était pas leur place. Soumis à un interrogatoire courtois mais ferme, ils furent sommés de décliner leurs identités. Le ‘’Baby Doc’’ (le surnom est d’un ami de son défunt père, actuel 1er ministre du gouvernement de salut public en RD Congo) de l’aile radicale de l’UDPS et l’autodidacte homme d’affaires katangais marmonneront quelques mots dans un anglais approximatif qu’ils avaient « des choses à dire sur leur pays la République Démocratique du Congo qui est mal dirigée par Joseph Kabila ». On leur répondit que des quatre coins du monde affluaient de tels godelureaux avec la même rengaine, que leur statut était celui de « pétitionnaires » et leur place sur la petite esplanade des manifestants hors du prestigieux édifice en diagonale de la Trump Tower qui trône en face du Palais de l’ONU.
Expulsés du bâtiment dans lequel la délégation envoyée par le président Joseph Kabila qu’emmenait le chef de la diplomatie rd congolaise, Léonard She Okitundu, les partisans de « la transition sans Kabila » battirent en retraite sans demander leur reste. De quoi rappeler à tous ceux qui ont été à bonne école un célèbre texte de l’Anthologie française ‘’Un persan à Paris’’, qui relate l’histoire comique de cet asiatique enturbanné qui tournoyait telle une toupie dans les rues de Paris ne sachant où aller ni quoi faire et provoquant la curiosité et l’hilarité des habitants de la Ville Lumière.
Exfiltrés du hall of fame onusien où la délégation officielle congolaise se déployait comme un poisson dans l’eau, les membres de la fraction ultra-radicale du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement se rabattirent dans la suite luxueuse de leur chef de file Moïse Katumbi, un hôtel huppé de Manhattan où, remâchant leur dépit, ils décidèrent de se fendre d’un communiqué aussi rageur que pathétique contre le gouvernement de leur pays.
Rien de surprenant pour qui se souvient du témoignage du Togolais Edem Kodjo dans Jeune Afrique, qui n’en revenait pas d’entendre de la bouche d’un sociétaire du G7 que son pays était « une ferme des Etats- d’Amérique » à l’époque où l’administration Obama faisait miroiter à certains d’entre eux un avenir présidentiel imminent. Ils sont nombreux parmi les politiciens inconscients à avoir rallié Genval, convaincus que tout allait se passer selon le bon vouloir des « maîtres du monde » qui avaient alors décrété la fin de Kabila avant décembre 2016… A New York, les Katumbi boys hantaient encore les allées de Manhattan en … septembre 2017.
Le malheur, on le sait, ne vient jamais seul. La déconvenue des signataires de la fameuse – et fumeuse – déclaration de New York a été rapidement suivie par une déculottée à la consultation à huis clos sur la situation des élections en RDC tenue en marge de la 72ème session ordinaire des Nations-Unies sous la présidence du Secrétaire Général Adjoint, Jean-Pierre Lacroix. En dépit d’une énième tentative de l’Union européenne mise en minorité par le groupe des décideurs africains (Union africaine, SADC, CEEAC…) l’ONU a résolu de manière claire et sans équivoque de favoriser une meilleure coordination des efforts internationaux, régionaux, sous-régionaux et nationaux dans… la mise en œuvre de l’Accord de la Saint Sylvestre, loin de l’esbroufe des Européens dont le parti pris avec des sanctions unilatérales et illégales a été perçu comme étant de nature à envenimer la situation.
A force de vouloir prendre leurs vessies pour des lanternes, Félix Tshisekedi et son financier Moïse Katumbi apprenaient ainsi à leurs dépens qu’une session ordinaire des Nations-Unies n’est guère le lieu d’ergoter sur des vétilles. Ravalés au rang de pétitionnaires, leur communiqué pathétique n’aura guère ému grand monde au sein de cet aréopage international. Les Congolais de tous bords ont été fermement invités à se préparer pour « des élections à bonne date » parce « the game is over », selon les mots d’un diplomate américain.
NI 3ème DIALOGUE NI TRANSITION EN RD CONGO : Le groupe africain s’impose à l’ONU
Sur la délégation conduite par le patron de la diplomatie rd congolaise à la session ordinaire des Nations-Unies à New York les 20 et 21 septembre 2017, le ciel n’est guère tombé sur la tête des Congolais, pour employer une expression chère au ministre de la Communication du gouvernement d’union nationale, Lambert Mende Omalanga. Ni le ciel, ni rien de désagréable n’est venu troubler la quiétude des officiels rd congolais, selon les informations reçues de la Tour de verre, l’impressionnant gratte-ciel qui abrite le siège des Nations-Unies.
En 48 heures, mercredi 20 et jeudi 21 septembre 2017, le dossier rd congolais a été réglé. A la satisfaction de la délégation gouvernementale, force est de le constater.
Mercredi 20 septembre s’est tenue une réunion à huis clos sous la direction du secrétaire général adjoint de l’ONU en charges des opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix. Y ont pris part, Chergui, le représentant de l’Union Africaine, Saïd Djinnit, l’Envoyé spécial des Nations-Unies dans les Grands Lacs, un représentant de la Grande-Bretagne, un représentant de l’Union Européenne, un représentant de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Centrale, un représentant de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique Australe. Au terme du huis clos, les participants ont globalement renouvelé leur attachement à l’Accord du 31 décembre 2016, tout en concédant des difficultés techniques et sécuritaires quant à sa mise en œuvre, ainsi que le refus de certaines forces politiques de l’opposition de le rejoindre.
L’occasion a été donnée à la délégation de la RD Congo de faire entendre sa voix. Léonard She Okitundu, le vice-premier ministre et ministre des Affaires étrangères, chef de la délégation ; Séraphin Ngwej, l’ambassadeur itinérant du Président de la République ; et Ignace Gata Mavinga, ambassadeur de la RD Congo aux Nations-Unies, ont tour à tour pris la parole pour expliquer les avancées enregistrées dans la mise en œuvre de l’accord du 31 décembre dernier par le Gouvernement et le Conseil National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral, ainsi que l’évolution du processus d’enrôlement des électeurs, qui avait déjà dépassé le cap de 40 millions d’inscrits sur les listes électorales. Avant d’annoncer les prochaines étapes du processus, principalement la consolidation du cadre juridique, suivi de la publication d’un calendrier électoral aussitôt terminées les opérations d’enrôlement dans les provinces kasaïennes.
La majorité des participants au huis clos sur la situation en RD Congo s’est engagée à soutenir le processus électoral en cours aussitôt le calendrier publié par la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI).
New York ne s’est pourtant pas limité à cette réunion à huis clos, plutôt informelle par rapport aux travaux de la session ordinaire des Nations-Unies proprement dits. Dans la capitale administrative des Etats-Unis, la délégation rd congolaise affrontait les ombres omniprésentes des puissances occidentales pressées d’en découdre hic et nunc avec Joseph Kabila, et favorables aux thèses d’une transition citoyenne en RD Congo.
Mercredi 20 septembre, Donald Trump, le Chef de l’Etat Etatsunien a déjeuné avec un certain nombre de ses pairs africains, dont l’Ougandais Yoweri Kaguta Museveni. Au menu des entretiens, la situation en RD Congo et au Soudan du Sud. Donald Trump a promis aux dirigeants du continent l’envoi de l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Nikki Haley, en tournée en RD Congo et au Soudan du Sud discuter résolution et prévention des conflits.
Jeudi 21 septembre, en réponse aux préoccupations exprimées par Donald Trump sur la RD Congo, Alpha Condé, le Chef de l’Etat Guinéen et président en exercice de l’Union Africaine a répliqué que « En ce qui concerne le Congo Kinshasa, le Secrétaire général de l’ONU a envoyé une mission au Congo. Nous nous sommes concertés et nous avons pris une initiative commune Union Africaine – Nations-Unies. Pour l’instant, on ne va pas en parler publiquement. Nous espérons que ça va rendre un bon résultat pour qu’il y ait des élections libres et transparentes ».
C’est clair : cap est mis sur les élections, plutôt que sur une prétendue transition citoyenne.
PLAIDOYER SANS MANDAT EN OCCIDENT : La CENCO veut restaurer la papauté
Un groupe de têtes couronnées de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO) s’est lancé tête baissée dans une nouvelle croisade occidentale pour réaliser une première mondiale à partir de la RD Congo : une révolution « catholique » dans un pays laïc.
La tournée que mènent Mgr. Marcel Utembi et ses homologues en Occident est officiellement présentée comme un banal plaidoyer pour la démocratie et les Droits de l’Homme dans le pays de Lumumba. Mardi 27 septembre, de passage à Bruxelles, la capitale belge d’où partent depuis près de deux ans maintenant toutes les intrigues visant à remettre sous coupe réglée de certains milieux mercantilistes du vieux continent l’ancienne propriété personnelle du Roi Léopold II, Utembi a, dans un accent onctueux, déclaré à la presse son inquiétude et sa préoccupation sur la situation dans son pays où «des élections risquent de ne pas se tenir d’ici décembre prochain». L’archevêque de Kisangani qui fait avec zèle, ses premiers pas d’agent d’influence de puissants lobbies européens en RDC feignait d’oublier que le dialogue direct entre acteurs politiques que sur mandat du Président Joseph Kabila il avait assuré la médiation fin 2016 avait prévu et pris les dispositions pour faire face à cette éventualité, à savoir, une tripartite CENI-CNSA-Gouvernement pour statuer à ce sujet. Alors que se préparait activement cette réunion interinstitutionnelle et que la Commission électorale était en train de boucler l’enrôlement des électeurs, première et incontournable opération du processus électoral et que se préparait activement la réunion interinstitutionnelle susmentionnée, le président de la CENCO embouchait les trompettes de la dramatisation : «Plus on avance (vers l’échéance du 31 décembre 2017), plus notre inquiétude augmente», avait-il dit d’un ton un rien pathétique.
Défendant le plaidoyer des extrémistes de l’opposition qui ne rêvent plus que plaies, bosses et putsch, auprès des puissances occidentales, son parolier l’Abbé Donatien Nshole, secrétaire général de la CENCO, remettait une couche de son côté, mercredi 28 septembre sur la radio onusienne Okapi, en affirmant que les évêques catholiques congolais étaient « … engagés à ne pas abandonner le peuple congolais sur chemin de son bien-être et de la démocratie. Ils ont lancé un appel aux politiciens, ils ont lancé un appel au peuple congolais ; c’est tout à fait normal qu’ils lancent aussi un appel aux partenaires du Congo. Nous sommes dans un contexte de la mondialisation», pour justifier le « mandat » que cette confession religieuse s’est octroyé de négocier avec des puissances étrangères l’avenir de la République. Sans titre ni droit comme si le Congo-Kinshasa était à leurs yeux une «res nullius» (terre de personne), comme au temps de la fameuse Conférence de Berlin…
Plus disert que Marcel Utembi, Donatien Nshole avait expliqué cette initiative des évêques par l’urgence d’une « bonne » application de l’Accord de la St Sylvestre qu’ils parcourent l’Occident : « Nous savons combien cet accord souffre d’une mauvaise mise en œuvre et c’est dans ce cadre que les évêques veulent obtenir des uns et des autres un concours pour qu’on arrive à bien le mettre en œuvre», avait-il martelé au micro de radio Okapi.
Les inquiétudes de ce groupe de prélats de l’Eglise catholique romaine en RD Congo tourneraient donc autour de l’accord conclu sous leur égide fin décembre 2016, un accord dont la mise en œuvre souffrait à leur avis de l’absence d’une frange du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement (Rassop), l’aile katumbiste-tshisekediste, plus précisément. Pour les évêques de la CENCO, pas de katumbiste = pas de démocratie ou d’élections qui vaillent la peine au Congo.
En croisade politique en Europe occidentale, la CENCO n’avait donc d’autre « mandat » que celui qu’ils tirent de leurs accointances avec quelques milieux mercantilistes occidentaux, plus précisément, au sein d’un groupe de libéraux belges que l’on sait à l’origine de la création de l’aile dite radicale de l’opposition politique en RD Congo dans le dessein évident de déchoir Joseph Kabila et sa majorité du pouvoir. D’une manière ou d’une autre, par des voies démocratiques ou non démocratiques.
BENI : L’enfer est de retour
Samedi 7 octobre 2017, des individus décrits par des témoins comme des rebelles ADF ont sévi sur l’axe Mbau-Kamango, à plus ou moins 40 km de la ville de Beni. Une dizaine de taxi-motos opérant sur l’axe a été attaquée par ces ADF, selon l’administrateur du territoire de Beni, qui a fait état d’une vingtaine de disparus, (22 selon des sources dans la société civile locale. 7 femmes 3 hommes avaient réussi à échapper à leurs bourreaux).
Sur les réseaux sociaux, les informations sur l’agression des civils se voulaient plus précises encore. Dimanche 8 octobre après-midi, il était fait état d’une dizaine de morts, tous égorgées par des hommes armés, des ADF, selon les rescapés.
Ces nouvelles exactions contre des civils sont survenues après que les affrontements entre Fardc et rebelles ADF pour le contrôle de Madina, important centre de formation rebelle détruit il y a quelques années, dont les activités avaient donc repris.
A Beni, les observateurs et la population vivaient dans la hantise d’un regain d’activisme rebelle depuis l’attaque de la prison de Munzenze, suivi de l’évasion de nombreux détenus dont de dangereux éléments ADF. Vendredi 8 août dernier, Timothée Mukuntu Kiyana, l’avocat général Fardc chargé de l’instruction du dossier des rebelles ADF, avait prévenu les autorités administratives de Beni de l’imminence d’une attaque mai-mai sur la ville, selon des sources dans les médias locaux, qui rapportent qu’un dispositif sécuritaire particulier s’était observé durant le week-end. Les affrontements de Mbau n’étaient sont donc pas une surprise pour les forces loyalistes.
Les nouvelles tueries de Beni survenaient après la publication d’un rapport, un de plus du Groupe d’Etude sur le Congo (GEC), un jour plus tôt. Son auteur, Jason Stearns, un ancien onusien converti en « spécialiste ès RD Congo », défendait depuis plusieurs années la thèse d’une participation active d’éléments FARDC dans les tueries à l’arme blanche de Beni. Les dernières accusations de Stearns, qui est en délicatesse avec les services d’immigration et est interdit de séjour en RD Congo, présentaient déjà un officier général FARDC, Akili Mundos, comme auteur de crimes contre les populations civiles de Beni et exigeaient son arrestation et sa condamnation pure et simple. Le rapport paru au début semblait plutôt confirmer des accusations déjà émises par le fameux GEC. Que de nouvelles tueries et des témoignages de rescapés, qui ont formellement identifié les rebelles ADF, mettent à mal.
Lundi 9 octobre, les affrontements avaient repris de plus belle dans la région de Mbau. Au moins un casque bleu onusien avait été tué dans une attaque des ADF contre un campement onusien.
Atama Tabe annonce des renforts
Selon un rapport du CEPADHO, une ONG locale, les rebelles ougandais se sont vraisemblablement réorganisés, en hommes et armes et viseraient Madina HQ, Canada Camp, Kabila Camp, KBG Camp, Sangote Camp, Topoke 1 et 2 jusqu’aux PK 36 et 40 sur l’axe Mbau-Kamango, qu’ils ont coupé depuis peu. Les ADF avaient également attaqué les positions FARDC à Nadui, leur ancien bastion, d’où ils ont tenté de déloger sans succès les forces loyalistes.
Le CEPADHO avait livré force détails sur le massacre survenu le 7 octobre dernier de l’axe Mbau-Kamango, lorsque les ADF ont intercepté 9 motos en provenance de Kamango et Nobili, qui se rendaient à Beni et Oicha. Et fait état de 32 personnes prises en otage, dont 7 femmes relâchées et 3 hommes qui avaient réussi à s’enfuir. Le reste, soit 22 personnes, étaient portées disparues et probablement tuées. Selon le témoignage d’une rescapée, 3 d’entre ces hommes avaient été exécutées devant elle, tandis que 15 autres attendaient le même sort, ligotés.
Mercredi 11 octobre à Kinshasa, le porte-parole militaire de la MONUSCO, le Lieutenant-Colonel Serge Haag, a annoncé un dispositif sécuritaire capable de répondre aux attaques et de maintenir une forte pression sur les groupes armés opérant dans la région et d’intervenir en appui aux troupes loyalistes. Une force de réaction rapide avait été déployée, soutenue par des hélicoptères d’attaque, avait-il renseigné.
Un jour plus tôt, mardi 10 octobre, le ministre de la Défense Nationale, Crispin Atama Tabe, avait annoncé l’envoi imminent de renforts en provenance de Kitona, Mura et Kamina pour faire face aux opérations, selon une information de nos confrères de la Radio Kivu 1 de Goma.
Quoiqu’il en soit, au sujet de l’identité des nouveaux va-t-en guerre du Nord-Kivu, il est noté que la recrudescence des attaques coïncide avec les défaites récentes infligées par les FARDC aux maï-maï dans les territoires de Beni et de Lubero. Pour le CEPADHO, l’attaque des positions FARDC dans la région de Beni viserait, entre autres, à détourner les forces loyalistes de certains de leurs objectifs dans la région. « Le CEPADHO qui a toujours été persuadé des alliances entre ADF et MAï-MAï dans cette contrée attire l’attention sur le fait que ces groupes ne se combattent jamais entre eux mais peaufinent des stratégies communes pour fragiliser l’action des FARDC et insécuriser la zone », écrivait l’avocat Omar Kavota, son président, dans un communiqué posté le week-end dernier à partir de Beni. L’ONG de défense des Droits de l’Homme invite en plus « … la hiérarchie militaire à considérer comme prolongement des ADF les maï-maï actifs à Beni-Lubero … ».
PASSEPORTGATE : Une motion de défiance contre She Okitundu
Le député national UNC, Juvénal Munubo, a déposé lundi 9 octobre 2017 une motion de défiance contre le Vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères, Léonard She Okitundu, en rapport avec la décision du gouvernement d’invalider les passeports semi-biométriques d’ici janvier 2018.
«Je constate que le ministre Okitundu refuse de lever cette décision contre les passeports semi-biométriques. Nous allons déposer une motion de défiance contre cette décision qui viole la constitution», avait déclaré Juvénal Munubo après les explications de She Okitundu à la plénière du vendredi 6 octobre 2017.
51 députés avaient signé cette motion qui devrait être programmée dans les 48 heures, selon les usages parlementaires. « Cette motion a été signé par 51 députés, essentiellement de l’opposition. Certains de la Majorité ont eu peur, mais pourront voter pour la destitution du ministre. Même dans la Majorité, cette mesure ne fait pas plaisir à tout le monde », soutenait ainsi l’initiateur de la motion.
Vendredi 6 octobre, Léonard She Okitundu avait déclaré que la question de l’invalidation des passeports semi biométriques devait transcender les clivages politiques, en réplique aux préoccupations soulevées par les députés nationaux au cours d’une plénière très animée consacrée à l’examen de la question orale avec débat de Juvénal Munubo Mubi. La mesure gouvernementale ne visait que l’uniformisation et la sécurisation du passeport détenu par des congolais en vue de les permettre d’accéder à d’autres pays sans tracasseries liées à la fiabilité de ce document. « Le gouvernement a le devoir d’aider ses citoyens à détenir un passeport sain et fiable et qui ne souffrirait d’aucun doute à sa présentation en dehors des frontières nationales », avait soutenu le plénipotentiaire rd congolais des affaires étrangères.
Par ailleurs, Léonard She Okitundu avait expliqué que la mesure d’invalidation du passeport semi-biométrique en RD Congo ne violait aucune disposition constitutionnelle, ni, encore moins, la Charte africaine des droits de l’homme, dans la mesure où elle répondait aux exigences de l’OACI (Organisation de l’aviation civile internationale) visant l’uniformisation et la sécurisation des passeports des pays membres contre la fraude et la falsification, en vue de lutter contre la mobilité des terroristes à travers le monde.
Le passeport semi-biométrique en cours de validité en RD Congo, bien que lisible à la machine, était facilement falsifiable et ne présentait plus de garantie essentielle pour avoir atteint un degré élevé d’obsolescence.
Le chef de la diplomatie congolaise avait rassuré les détenteurs de passeport semi-biométriques disposant d’un visa en cours de validité que celui-ci sera rattaché au nouveau passeport (biométrique) avec une indication consulaire pour leur permettre d’user de leurs droits jusqu’à l’expiration du visa.
TRIPARTITE CENI-CNSA-GOUVERNEMENT : La métaphore Nangaa : Le médecin prescrit, si le malade décide autrement, il en porte la responsabilité
Les travaux de la tripartite institutionnelle Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) – Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral (CNSA) – Gouvernement de la République, se sont poursuivis lundi 16 octobre 2017 au salon rouge du ministère des affaires étrangères à Kinshasa. Au menu de ces travaux d’évaluation, l’exposé de l’organe technique en charge de l’organisation des élections, délivré par son président, Corneille Nangaa Yobeluo. Rien de nouveau sous les cieux, le président de la centrale électorale a présenté, pour la énième fois, le chemin critique qui doit mener vers la tenue d’élections sérieuses en RD Congo, jonché de contraintes techniques, politiques, logistiques et financières à la dimension de l’Etat-continent qu’est la RD Congo. Rien que pour les trois scrutins à organiser en même temps, la CENI attend quelque 45 millions d’électeurs, soit un peu plus du double des votants aux dernières élections tenues en 2011. Masi aussi 28.000 candidatures, rien que pour les législatives nationales, qui se disputeront 500 sièges à pourvoir à la prochaine assemblée nationale. Nangaa a donc persisté et signé : les premières élections ne pouvaient se tenir avant un délai de 507 jours à dater de la fin des opérations de révision du fichier électoral en cours. Cela, les parties prenantes aux dialogues de la cité de l’OUA et du Centre catholique interdiocésain le savaient, avait encore révélé le président de la CENI. Tout en faisant observer que si durant l’évaluation en cours, une proposition qui tienne la route était faite, les participants en prendraient acte. Une observation assortie d’une métaphore qui donnait plus qu’à penser. « Si un médecin vous prescrit 20 comprimés de quinine à prendre en 10 jours à raison de 2 comprimés/Jour ; et que le malade décide de tout prendre en 2 jours ; le médecin ne peut être tenu pour responsable des conséquences qui en découleraient ». Le président de la CENI avait également révélé ce qui n’est vraiment pas un secret, que la communauté internationale qui elle aussi réclame un calendrier électoral à cor et à cri n’avait pas encore versé le moindre de sous promis pour soutenir le processus électoral.
ADMISSION AU CONSEIL DES DROITS DE L’HOMME DES NATIONS-UNIES : Une victoire de la diplomatie rd congolaise
La candidature de la RD Congo au Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies s’est soldée, lundi 16 octobre 2017 à New York, par l’admission du 4ème candidat de l’Union Africaine au sein de l’instance mondiale. Une victoire incontestable et qui devrait donner à réfléchir à plus d’un observateur en RD Congo, sur le continent, et à travers le monde. Parce que contre l’élection de la RD Congo, tout avait été mis en œuvre par les grandes puissances occidentales, pour la mettre en échec. Mais la coalition dite du groupe des pays africains avait tenu bon : l’Union Africaine avait endossé les candidatures de l’Angola, du Nigeria, du Sénégal et de la RD Congo. Toutes ont été admises grâce à la dynamique de solidarité impulsée par les nations généralement dominées du continent et du monde. Sur 195 membres votants, la RD Congo a obtenu 151 voix, et en réalité, bénéficié du plus vieux principe démocratique au monde : la loi du nombre. Un minimum de 121 voix était requis pour ce faire, la délégation rd congolaise conduite par Marie-Ange Mushobekwa, la ministre Bruno Tshibala en charge des droits humains, avait fait mieux en engrangeant 30 voix supplémentaires.
L’admission de la RD Congo au conseil des de l’homme des Nations-Unies, c’était aussi une leçon magistrale sur la portée réelle des campagnes médiatiques et de sape orchestrées pour influer sur le cours des choses. Elles n’avaient pas eu d’effet sur les votants de New York qui savaient à quoi s’en tenir face aux manœuvres et stratégies de domination qui asservissent le continent depuis l’époque coloniale. La presse dite mondiale et acquise aux intérêts occidentaux n’avait, pourtant, eu de cesse d’amplifier les oppositions à la candidature de la RD Congo, alors qu’elle ne réduisait qu’à quelques pays occidentaux, certes puissants, mais qui ne faisaient pas le compte. Les nombreuses organisations prétendument non gouvernementales ou de défense des droits de l’homme qui avaient répondu favorablement aux desiderata occidentaux, étaient ainsi ramenées à leurs dimensions réelles de porte-voix sans fards d’intérêts impérialistes.
Il faut être aveugle pour ne pas lier cette dynamique qui, pour la seconde fois, imposait les choix de la RD Congo et de l’Afrique aux puissances impérialistes, à la détermination des Africains à régler le problème politique rd congolais selon les intérêts du pays, de la région et du continent. Dimanche 15 octobre dernier à New York, Marie-Ange Mushobekwa s’en réjouissait à l’avance : «Les pays africains, certains pays d’Amérique du Sud et de l’Europe de l’Est sont favorables à la candidature de la RDC», assurait-elle à des confrères en ligne. La victoire de New York lui a donné raison et indique qu’on ne devrait plus prendre à la légère la position des Etats Africains sur les problèmes qui concernent leur survie.
On notera à cet égard, le contre-pied parfait des puissances occidentales pris par le Sudafricain Jacob Zuma au terme d’un séjour de travail, dimanche 15 octobre à Kinshasa. Le communiqué conjoint signé à cet effet était on ne peut plus clair et se placait aux antipodes de l’alarmisme occidental qui cache mal la préférence pour un pouvoir négocié. Au sujet de la situation politique, sécuritaire et économique dans la région, Joseph Kabila et Jacob Zuma réaffirment (après la SADC) l’évolution positive de la situation en RD Congo ; ils se disaient déterminés à consolider les acquis de la démocratie, de la stabilité, de la sécurité et de la prospérité en faveur des peuples de la région ; mais surtout, Jacob Zuma a exprimé son soutien au processus électoral en cours en RD Congo.
Une position qui n’est guère éloignée de celle de l’Union Africaine dont le président de la Commission, Moussa Faki Mahamat, s’est rendu à Kinshasa fin septembre-début octobre dernier dans le cadre d’ « une mission d’affirmation de forte volonté d’accompagnement de la RDC dans la phase sensible qu’elle traverse». Au terme de laquelle il «a fortement encouragé tous ses interlocuteurs à dépasser leurs particularismes afin d’assurer un environnement politique propice au déroulement d’un processus électoral apaisé et authentiquement consensuel», selon les termes d’un communiqué rendu public le 2 octobre à Addis-Abeba. Il est clair que pour les Africains, la voie des élections représente le meilleur moyen de sortir de la crise rd congolaise.
JOURNEE VILLE MORTE A L’APPEL DU CASC : 2 morts à Goma
La journée ville morte à l’appel du collectif d’actions de la société civile, CASC, a tourné au drame lundi 30 octobre à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’Est de la République démocratique du Congo. Des affrontements violents entre manifestant et forces de l’ordre ont provoqué la mort de 2 personnes (1civils et 1 policier) et 18 blessés, selon le communiqué officiel de la Police Nationale Congolaise (PNC) lu sur les antennes de la Radio -télévision nationale congolaise (RTNC) par son porte-parole, le Colonel Pierrot Mwana Mputu.
Selon ce communiqué, l’Agent de police principal (APP), Kapalata Munganga, avait été tué par lynchage des manifestants et un civil a été tué par une balle perdue. Le communiqué faisait état de 2 policiers blessés admis aux soins intensifs dans un centre hospitalier de la place : le commissaire adjoint Kashola et l’APP Kakombe Biseka. Le sous-commissariat de police et le bureau du quartier de Majengo avaient été saccagés et brûlés.
Par contre dans la province de la Tshopo la police avait découragé les manifestants, et récupéré des bidons d’essences et des pneus d’entre les mains des manifestants.
A Goma, c’est depuis 05 h 00 (des sources indépendantes parlent de 4 h 00) que les affrontements avaient été signalés entre forces de l’ordre et manifestants sur les axes marchés Kisoko-Majengo et Mutonga-Katoyi. Des jets de pierre avaient obligé les gomatraciens à se cloitrer chez eux jusqu’aux alentours de 10 heures du matin, des tirs d’armes légères étaient encore entendues ci et là. Pas de circulation, pas de vie, lundi 30 octobre 2017, Goma a pris des allures d’agglomération sous rébellion. « … des manifestants sont venus avec des machettes, des pierres et des couteaux jusqu’à les (policiers) prendre à partie. Ils ont tué le commandant adjoint d’un Sous-Ciat, son titulaire est blessé et se trouve à l’hôpital, tout comme un autre adjoint de Sous-Ciat …», avait déclaré à la presse locale Placide Nyembo, Commissaire de la PNC au Nord-Kivu, qui accusait les manifestants d’avoir ravi deux armes aux policiers. «Ce ne sont pas des manifestants normaux, ce sont des brigands, des bandits. Ils ont ravi deux armes de la police et nous avons réussi à les récupérer. La population doit dénoncer ces manifestants qui barricadent la route. Ce sont des malfaiteurs qui ne veulent pas que les gens puissent vaquer à leurs occupations. Il faut dire que ce sont des malfrats», avait-il expliqué.
Pour Dieudonné Mamicho, le Maire de Goma, les troubles enregistrés dans la partie nord de la capitale du Nord-Kivu étaient l’œuvre d’un mouvement insurrectionnel, compte tenu des tracts largués la veille, qui appelaient «à la révolte, à l’incendie des bâtiments publics ». «Il ne s’agit pas d’une marche mais d’un mouvement insurrectionnel puisque chaque fois qu’il y a une marche, on écrit à l’autorité administrative locale mais rien nous a été communiqué et nous avons été surpris le matin. Nous sommes en possession des tracts qui ont circulé depuis hier, c’est pour cette raison que la police a été larguée très tôt le matin dans la rue (…) pour vous confirmer qu’il s’agit d’une insurrection, en date du 26 octobre dernier, nous avons arrêté un certain Chance Kombi qui avait avoué qu’il était Maï-Maï et qu’il venait avec son frère, faire une incursion dans la ville. Le dossier a été instruit et transmis à l’auditorat», avait expliqué Dieudonné Mamicho à la presse.
NIKKI HALEY EN RD CONGO : Katumbi n’a pas eu Trump
Deux heures d’entretien en tête à tête. C’est le temps que la Représentante permanente des Etats-Unis aux Nations Unies aura passé avec le Chef de l’Etat rd congolais, Joseph Kabila Kabange, le 27 octobre 2017 au Palais de la Nation. Plus de quatre fois le temps que l’émissaire américaine avait accordé à ses interlocuteurs de la Monusco, de la Conférence Episcopale Nationale du Congo et de l’opposition. Assurément plus de temps qu’il n’en fallait, trop même selon les observateurs les plus réservés, pour transmettre de supposées « injonctions menaçantes » et autres « condamnations » américaines, que beaucoup dans les travées de l’opposition rd congolaise avaient fébrilement annoncé. « Dépassé 30’, un entretien de ce niveau vire à une conversation et échanges des plus cordiales », expliquait ce spécialiste des relations internationales de l’Université Pédagogique National de Kinshasa. Le 27 octobre dernier chez Joseph Kabila, Nikki Haley semblait avoir voulu entendre de ses propres oreilles et sûrement voir « de ses propres yeux ce qui peut être fait au sujet des violences, des réfugiés et de la famine au Soudan du Sud et en RDC », ainsi que Donald Trump avait lui-même défini l’objectif du séjour africain de son émissaire.
Arrivée à Kinshasa en provenance d’Addis Abeba (Ethiopie), via Juba (Soudan du Sud) mercredi 25 octobre 2017, Nikki Haley avait été accueillie au bas de la passerelle à l’aéroport international de Ndjili par François Balumwene (ambassadeur de la RD Congo aux Etats-Unis), Ignace Gata Mavinga son collègue rd congolais aux Nations-Unies, Kikaya bin Karubi et Robert E. Whitehead, l’ambassadeur US à Kinshasa.
Le lendemain matin, jeudi 26 octobre 2017, Nikki Haley s’est effectivement mise à l’ouvrage en se rendant à Goma au Nord-Kivu. Un hélicoptère de la Monusco l’y attendait pour une visite du camp de réfugiés de Kichanga, qui héberge quelques 15.000 âmes à 80 kilomètres du chef-lieu du Nord-Kivu. Nikki Haley s’est entretenu avec une délégation des femmes déplacées qui lui ont exposé l’essentiel de leurs problèmes, particulièrement leur désir de rejoindre coûte que coûte leurs villages d’origine. De retour de Kichanga, Mme Haley a conféré avec le commandant de la force onusienne, le général sud-africain Derick Nguebi, et David Gressly, l’adjoint du Représentant spécial du secrétaire de l’ONU et patron de la mission onusienne en RD Congo. C’est du Nord Kivu qu’ont été entendues les premières déclarations de l’émissaire américaine sur le pays hôte, Nikki Haley ayant « exhorté », selon l’expression consacrée, la communauté internationale et le gouvernement à davantage d’efforts pour secourir les déplacés qui «ne demandent qu’à rentrer chez eux dans la paix». Selon certaines sources, c’est également à l’étape de Kichanga dans le Masisi que Nikki Haley avait établi une relation assez peu compréhensible entre la fin des souffrances des déplacés et les élections à tenir en RD Congo.
Revenue à Kinshasa, l’émissaire de Donald Trump avait rencontré vendredi 27 octobre 2017, Corneille Nangaa accompagné de tout le bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Aubin Minaku le président de l’Assemblée Nationale, Mgr Marcel Utembi de la CENCO flanqués de Mgr Fridolin Ambongo et de l’Abbé Nshole, une délégation de l’opposition politique, avant de terminer sa visite par un entretien avec le Président de la République, Joseph Kabila Kabange.
Selon une dépêche de la CENI, Nikki Haley avait découvert le caractère hétérogène de la composition de la plénière et du bureau de la centrale électorale rd congolaise. Elle avait reçu des explications claires sur le contexte politique du pays qui impactait négativement le travail de l’administration électorale, le processus et le calendrier électoraux ainsi que les attentes et les perspectives de ses animateurs. L’occasion avait été mise à profit par Corneille Nangaa, le président du bureau de la CENI pour révéler qu’en dépit de multiples écueils, le processus électoral avait bel et bien démarré avec la reconstitution exigée par toutes les parties congolaises du fichier électoral ; que le nombre de personnes enrôlées dans ce cadre avait déjà atteint le chiffre record de 43 millions sur les 45 millions attendus et que les opérations se poursuivaient avec succès dans les zones naguère insécurisées des provinces du Kasai, du Kasai Central et les deux territoires de la province de la Lomami. Le président de la CENI avait pu ainsi annoncer à son hôte la publication imminente d’un calendrier électoral crédible, pour autant que le gouvernement poursuivait sans coup férir ses efforts d’amélioration des conditions sécuritaires pour l’avancement et le succès de l’ensemble du processus. Tout en demandant aux Etats-Unis et à la communauté internationale dans toutes ses composantes de «clarifier les modalités de leur soutien au processus électoral du point de vue financier et logistique».
En réponse, Nikki Haley avait exhorté le président de la CENI à œuvrer en toute conscience pour la tenue rapide d’élections crédibles, transparentes et apaisées. «Parce que, avait-elle expliqué à ses interlocuteurs, chaque jour qui passe sans élection une femme est violée, un enfant est enrôlé dans l’armée, la jeune fille tombe enceinte, la situation sociale devient de plus en plus intenable pour plusieurs familles congolaises».
S’adressant à la presse au terme de l’entrevue avec le bureau de la CENI, Nikki Haley avait appelé à l’organisation des élections en 2018, faute de quoi «les Etats-Unis et la communauté internationale n’y apporteront pas leur soutien». Sans préciser de quel ordre elle estimait ledit soutien, ni sa hauteur…
Avec Aubin Minaku Ndjalandjoko, la Représentante permanente américaine aux Nations-Unies s’est essentiellement entretenue des lois liées à l’avancement du processus électoral qui étaient en souffrance à la représentation nationale : la loi organique sur le Comité National de Suivi de l’Accord et du Processus Electoral (CNSA), la loi électorale (à réviser), et la loi sur la répartition des sièges. Au sortir de l’audience, Nikki Haley a déclaré que «Nous avons rencontré le Président de l’Assemblée nationale. Et nous lui avons passé le message des Etats-Unis d’Amérique, du Conseil de sécurité des Nations Unies ainsi que de la Communauté internationale, que le parlement congolais doit faire son devoir. C’est-à-dire, voter, le plus rapidement possible, les lois qui ont trait aux élections. Pour que ces élections se tiennent dans le délai le plus bref possible». Au speaker de la chambre basse du parlement qui est en même temps secrétaire général de la Majorité présidentielle, elle a réitéré aussi, que « … l’appui des Etats-Unis d’Amérique dépendra des efforts qui seront fournis pour que les lois soient votées le plus rapidement possible, et que la tenue des élections soit aussi programmée le plus rapidement possible».
Au terme des entretiens qui ont suivi, Nikki Haley a évité de faire la moindre déclaration à la presse. De sorte que si l’on croit savoir ce que les acteurs de l’opposition politique que sont Mgr Marcel Utembi, la délégation de l’opposition conduite par Félix Tshilombo, Eve Bazaïba, Pierre Lumbi et Vital Kamehre, avaient rapporté à l’émissaire américaine, on ignore quelle avait été sa réaction. Même si des sources ont assuré que l’ambassadrice américaine avait renvoyé les radicaux à leurs études au sujet de la prétendue exigence d’une « transition sans Kabila », qu’elle aurait disqualifié sans ambages, la jugeant totalement irréaliste. Ce que semble confirmer le fait que personne parmi ces opposants, « cléricaux et politiques » n’ait rapporté le moindre propos de l’émissaire de Donald Trump susceptible d’être considéré comme un encouragement même indirect à leurs positions extrémistes. Et se soient abstenus de révéler la réaction de leur interlocutrice à ce sujet. Difficile pourtant d’imaginer que la volubile ancienne gouverneure de la Caroline du Sud se soit limitée à les écouter sans émettre le moindre avis…
MOUVEMENT DE LIBERATION DU CONGO : JPB donne de la voix, et prend ses distances des radicaux
Dans un message transmis lundi 30 octobre 2017 depuis sa geôle à la Haye, Jean Pierre Bemba Gombo, le chairman du Mouvement de Libération du Congo (MLC) a appellé à la création d’une «coalition » des forces sociales et de responsables politiques afin de revendiquer l’alternance. L’ancien vice-président de la République sous le régime dit du 1 + 4 estimait que cette coalition devrait servir à la défense la constitution. « Je lance un appel à tous les congolais de réunir leurs forces, idées et ressources dans tout le pays, au Nord comme au Sud. A l’Est comme à l’Ouest dans une grande coalition de forces sociales et de responsables politiques afin de revendiquer une alternance démocratique dans notre pays», a déclaré Jean Pierre Bemba. Pour qui «Sun City et Lusaka ont été les lieux marquants où les congolais ont acté que plus jamais en RDC devrait être observé une dictature, plus jamais devrait y s’exercer un pouvoir illégitime» avait-il expliqué.
Jean-Pierre Bemba s’ajoutait ainsi sur la liste d’acteurs politiques qui appellent à une coalition pour faire face aux prochaines échéances électorales. Mais à la différence des radicaux de l’opposition katumbiste, l’ex. chef rebelle se gardait bien de prêter le flanc à l’idée saugrenue d’une transition sans Joseph Kabila. L’allusion aux Accords de Sun City en Afrique du Sud et de Lusaka en Zambie indique que le Chairman du MLC demeurait fidèle aux schémas de démocratisation issus de ces textes juridiques, et prenait ainsi ses distances des radicaux de Limete et de Luanda en Angola.
VIOLENCES AUX KASAI : Les experts de l’ONU à Kinshasa
Où en est-on avec les dossiers de deux experts de l’ONU ainsi que des policiers congolais décapités dans la région du Kasaï, au centre de la RDC, par les terroristes se réclamant de « Kamuina Nsapu ». Est-ce qu’un dossier a été ouvert au niveau interne par la justice congolaise ? Qu’en est-il des fosses communes présumées ? Voilà les différentes questions qui ont été au cœur des discussions entre le groupe d’experts onusiens en mission à Kinshasa, les hauts officiers supérieurs des FARDC et la Ministre des Droits Humains, jeudi 26 octobre 2017, à l’Hôtel du Gouvernement.
Présidée par Marie-Ange Mushobekwa, cette rencontre était focalisée sur l’enquête qui devra être diligentée par ces experts internationaux, sur les atrocités commis dans le Kasaï. Toutefois, la Ministre des Droits Humains a saisi l’occasion pour recadrer certains points, contrairement, au rapport publié par le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU sur le drame dans cette partie du pays. Elle a insisté sur la nécessaire impartialité des enquêteurs onusiens sur le terrain, tout en les assurant du soutien du gouvernement. « Nous vous garantissons tout notre apport afin que les choses soient tirées au clair. Les enquêtes prendront les temps qu’elles peuvent prendre, mais l’essentiel est que le travail se fasse calmement. Que ce soit la mort des experts de l’ONU ou de 39 policiers congolais. La volonté du gouvernement y est. Toutes les victimes ont droit à la justice. Ne soyez pas influencés par qui que ce soit. Nous sommes prêt à vous accompagner jusqu’au bout de l’enquête », avait déclaré Marie-Ange Mushobekwa.
S’agissant de la question sur les enfants recrutés par la Milice « Kamuina Nsapu », la partie gouvernementale avait signifié que plus de 300 mineurs ont été démobilisés et récupérés et d’ores et déjà mis à la disposition de l’UNICEF pour leur réadaptation sociale.
Pour sa part, l’Auditeur Général des FARDC avait présenté un rapport aux enquêteurs onusiens qui atteste du travail abattu par la justice militaire congolaise en collaboration avec le Bureau Conjoint des Nations Unies des Droits de l’Homme, (BCNUDH), sur les crimes au Kasaï. Le Général-Major Ponde avait indiqué que des dossiers ont été ouverts et sont sous instructions de l’Auditorat (parquet) militaire dont l’évolution est en cours. « Une enquête judiciaire ne se précipite pas. L’assassinat de deux experts de l’ONU à Kananga ne fait nullement honneur à notre pays », avait dit le haut magistrat militaire. « Nous vous garantissons que vous allez travailler librement. Nous croyons que dans le cadre de la recherche de la vérité, les Forces Armées de la RDC restent ouvertes afin de vous appuyer pendant votre enquête. C’est pour vous montrer que notre justice fonctionne », avait-il renchéri.
Nommés depuis le mois de juillet dernier par le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, ces enquêteurs ont un mandat de travailler pendant une année à cheval entre Kananga et Genève. « Nous avons pris acte de la disponibilité et de toutes les réponses qui nous ont été données lors de cette rencontre. Cela prouve l’engagement et la volonté du Gouvernement congolais de coopérer avec les experts de l’ONU, sur cette question du Kasaï », avait conclu le Chef de la Délégation des experts Onusiens.
ELECTIONS : Aux urnes, le 23 décembre 2018 !
La Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), a rendu public dimanche 5 novembre 2017 en fin d’après-midi le calendrier des prochaines élections en RD Congo, comme promis. L’événement a eu pour cadre le siège de la centrale électorale sur le boulevard du 30 juin à la Gombe, devant un parterre d’invités de marque et de représentants de la presse venus prendre connaissance du 4ème calendrier du genre produit depuis 2012. Les trois premiers ayant été rejetés après que les dernières élections tenues en RD Congo, la présidentielle et les législatives nationales de 2011, aient manqué de peu de subir le même sort sous la pression de la communauté dite internationale. En fait les pays occidentaux habituellement intéressés par l’évolution politique du géant de l’Afrique Centrale et des Grands Lacs.
Ainsi que l’a souligné le président de la CENI, Corneille Nangaa Yobeluo, la promulgation du calendrier des prochaines élections, qui fixe la présidentielle, les législatives nationales et les législatives provinciale au 23 décembre 2018, avait pris en compte les opérations électorales essentielles, dont certaines ne sont pas encore effectives. De bonne foi, l’administration électorale dont elles ne dépendent pas espèrent qu’elles le seront. Il s’agit de : la fin de la constitution du fichier électoral consolidé ; de l’adoption de la loi sur la répartition des sièges par le parlement et de la loi électorale ainsi que leur promulgation par le Chef de l’Etat ; de la convocation des scrutins par la CENI ; de la tenue en une seule séquence des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales ; de la prestation de serment et de l’installation du nouveau Président de la République élu ; des élections sénatoriales, des gouverneurs et vice-gouverneurs des provinces.
Comme l’opinion s’y attendait, des représentants de l’opposition radicale qui ne cachent plus leur préférence pour un schéma de partage du pouvoir non démocratique (hors élections) et prônent l’organisation d’une période de transition aux contours flous sont montés au créneau pour dénoncer le nouveau calendrier. Même si à la différence trois précédents rejets, le calendrier rendu public peut être considéré comme ayant le soutien de la très grande majorité des Congolais. Corneille Nangaa l’a aussi annoncé : 43.647.570 électeurs s’étaient déjà inscrits sur les nouvelles listes électorales (sur les 45.000.000 attendus, selon les estimations de la CENI) le 5 novembre dernier.
Félix Tshilombo Tshisekedi, le président de l’aile dite radicale du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement est aussitôt monté au créneau pour dénoncer un calendrier qui sonne le glas du régime. « L’heure est venue de chasser Kabila », avait-il écrit sur son compte Twitter, dans un style semblable à son défunt géniteur Etienne Tshisekedi, qui appelait les forces de l’ordre à ligoter et lui apporter son adversaire à la présidentielle après les élections de 2011.
Même son de cloche chez son mentor de l’opposition dite radicale, Moïse Katumbi Chapwe, qui lui aussi s’est exprimé sur Twitter le 5 novembre dernier. «Ce régime prédateur veut prolonger l’instabilité et la misère du peuple. Nous n’acceptons pas ce calendrier fantaisiste. Stop ! Kabila doit partir», avait-il surenchéri.
A leur suite, des petits calibres comme Martin Fayulu, Claudel Lubaya, ou encore Olivier Kamitatu se sont tous répandus dans le même sens dans les réseaux sociaux.
A l’inverse de la Majorité Présidentielle au pouvoir à Kinshasa depuis les scrutins de 2006 et 2011, a approuvé les projections calendaires de la CENI, estimant dans un communiqué rendu public qu’il levait tout malentendu autour du processus électoral. «La Majorité Présidentielle fonde l’espoir que cette décision tant attendue par le peuple congolais contribuera à lever tout malentendu préjudiciable au sujet et autour du processus électoral », peut-on lire sur le communiqué signé d’André Alain Atundu Liongo, son porte-parole.
De l’Assemblée Nationale dont la CENI attend l’essentiel de l’arsenal juridique dont dépend la poursuite du processus, Aubin Minaku Ndjalandjoko, son président, qui exerce en même temps les fonctions de secrétaire général de la Majorité présidentielle a posté sur son compte Twitter que «Le calendrier électoral est là, le décor est planté. Vivement les élections».
Tandis que Joseph Olenghankoy, le président du comité des sages du Rassemblement des forces politiques et sociales acquises au changement/Kasavubu (Rassop Kasavubu) s’est félicité de «la publication du calendrier électoral réaliste et consensuel pour les élections présidentielle, législatives et provinciales en décembre 2018» sur son compte Twitter, lui aussi.
Dès samedi 4 novembre 2017, la publication du nouveau calendrier électoral avait reçu le soutien du Patriarche Antoine Gizenga du Parti Lumumbiste Unifié. Au terme d’une consultation avec le bureau de la centrale électorale, Antoine Gizenga avait émis le vœu de voir ce calendrier être le dernier, compte tenu du fait que le peuple Congolais n’avait, de son point de vue, que trop attendu, avait rapporté à la presse le secrétaire permanent du Palu, Lugi Gizenga.
Pour fixer les élections présidentielle, législatives nationales et législatives provinciales au 23 décembre 2018, soit ans plus ou moins 13 mois, la CENI avait dû effectuer des coupes drastiques dans le chemin critique menant aux scrutins, échelonné sur 504 jours. Le miracle semble avoir été rendu possible par l’adoption de raccourcis informatiques, vraisemblablement grâce à l’adoption des machines à détecter les doublons et à voter, que la CENI avait proposé aux parties prenantes au processus électoral quelques jours plus tôt. Le 5 novembre au siège de l’administration électorale, Corneille Nangaa y avait fait une brève mais nette allusion. « Au regard de l’environnement politique et des attentes des parties prenantes tirées des récentes évaluations en tripartite et des consultations que nous avons eu avec différents acteurs, le calendrier que nous présentons ce jour est basé sur le principe de la rationalisation du système électoral, tel que recommandé par l’Accord en son point IV.4. Cette disposition, en effet, préconise la recherche des voies et moyens de rationalisation électorale pour réduire les coûts excessifs des élections », avait-il soutenu. Après avoir révélé que « la CENI est dans le processus d’acquisition d’un système automatique d’identification biométrique (ABIS). Ce système assure une déduplication alphanumérique et biométrique (visage et 10 empreintes digitales) dans un rapport 1 : N (chaque électeur est comparé à tous les électeurs du fichier électoral)».
Le calendrier électoral Nangaa prévoit, certes, la tenue de la présidentielle, des législatives nationales et provinciales au 23 novembre 2018. Mais il s’agit d’un calendrier intégral qui court jusque janvier 2010, à la clôture d’un cycle électoral qui comprend les élections urbaines, municipales et locales, prévues par la constitution mais qui n’avaient jamais été organisées jusque-là.
Au-delà de l’étape déterminante de la réception et du traitement des candidatures à la présidentielle, aux législatives nationales et aux législatives provinciales, fixée du 25 mai au 8 août 2018, quatre temps forts scandent le calendrier rendu public dimanche dernier :
– Le 23 décembre 2018 : élections présidentielle, législatives et provinciales ;
– Le 6 mars 2019 : élections des sénateurs ;
– Le 18 mars 2019 : élections des gouverneurs et des vice-gouverneurs des provinces ;
– Le 22 septembre 2019 : élections des conseillers communaux, des secteurs et des chefferies ;
– Le 4 décembre 2019 : élections des conseillers urbains, des bourgmestres et des chefs de secteurs.
Le calendrier Nangaa ne tiendra la route que si les contraintes relevées par la CENI, qui sont autant de conditions de possibilité de réalisation du chronogramme arrêté, sont surmontés. Ces contraintes, rappelées et annexées au calendrier électoral sont de trois ordres :
– Contraintes logistiques :
La CENI attend du gouvernement l’autorisation de la mise en place d’une centrale d’achat des matériels électoraux au plus tard au 17 janvier 2018 ; mais également des moyens pour déployer le matériel électoral de la part du gouvernement et des partenaires internationaux d’ici le 12 avril 2018. Ces contraintes surmontées, la centrale électorale entend entamer ses opérations logistiques (déploiement du matériel) dès le 12 mai 2018.
– Contraintes financières :
Sur ce chapitre, l’administration électorale entend définir (avec le gouvernement) un plan de décaissement des fonds d’ici le 30 novembre 2017, ainsi qu’un plan de mise à disposition des fonds et des moyens logistiques avec les bailleurs de fonds internationaux à la même date. Tout en signalant que le respect de l’exécution de plans de mise en application attendus durant toute la période calendaire reste une contrainte à respecter si l’on veut que les scrutins se tiennent conformément aux prévisions.
– Contraintes légales :
Les contraintes légales représentent les lois électorales et les listes officielles légales des partis et regroupements politiques, des listes des autorités coutumières et la formation des magistrats des cours d’appels aux contentieux électoraux.
APPEL A MANIFESTER CONTRE KABILA ET LA CENI : Les radicaux font flop
A l’évidence, les radicaux de l’opposition et leurs affidés des mouvements dits citoyens ont essuyé, mercredi 15 novembre 2017, un des plus grands fiascos de l’histoire de ces invitations à battre le pavé. A Kinshasa surtout, mais également dans la plupart des grandes villes et agglomérations provinciales visées par les organisateurs, l’appel à manifester s’est muée en appel à ne pas manifester, ou, à la limite, à une sorte de ville morte. Les Congolais, manifestement lassés par les incessants et inutiles invitations à contester l’incontestable ont préféré vaquer à leurs occupations, ou demeurer chez eux, tranquilles. Pour la bonne et simple raison que l’objet de l’invitation, protester contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir, s’est vidé de toute substance depuis la publication d’un chronogramme électoral le 5 novembre dernier. Les expressions de soutien aux organisateurs, entonnés sur tous les tons par les radicaux de l’opposition et les médias locaux et étrangers qui les soutiennent n’y ont rien fait.
Pourtant, ce n’est pas la détermination de ces opposants amèrement déçus par leurs mentors occidentaux qui a fait défaut. Depuis quelques jours, en effet, il n’était question que de démontrer aux Occidentaux la force du peuple. Elle était au football, cette force. Pas dans les états-majors désertés de Limete ou de l’Avenue de l’Enseignement dans la commune de Kasavubu, où s’agglutinent une bonne dizaine des partis politiques, toutes tendances confondues. Le bilan des manifestations livré par la police à Kinshasa est éloquent : seulement 25 personnes ont dû être interpellées sur l’ensemble du territoire national en marge des manifestations initiées par les mouvements dits citoyens et soutenues par l’UDPS/Limete et ses alliés. Le communiqué lu sur les antennes de la chaîne publique par le porte-parole de la police, le Colonel Pierrot Mwanamputu, ne prête pas vraiment à équivoque. A Kindu au Maniema, 3 personnes ont été interpellées qui jetaient des tracts non loin de la marie ; A Matadi, 6 poseurs de barricades de la commune de Mvuzi ont été appréhendés ; 8 individus ont été interpellés à Goma ; et 7 autres à Lubumbashi au Katanga. Rien à signaler à Kinshasa, selon la police nationale congolaise. Ce que confirme la police de la MONUSCO qui, après avoir tenté d’encourager les actes d’incivisme par un communiqué sibyllin, a estimé, au cours de son point de presse hebdomadaire du mercredi que «… aucun fait notable et digne d’intérêt n’est à noter … ».
Ce qui met donc en doute les informations alarmantes diffusées dès les premières heures de la journée, faisant état de violences et de casses. Dans les réseaux sociaux, le mouvement dit « citoyen » Lucha avait le plus officiellement du monde annoncé l’arrestation d’une dizaine de ces militants à Kasindi, à la frontière ougandaise dans la province du Nord Kivu. Mais n’avait pas prévu l’intervention d’un autre de ses membres qui s’était cru obligé, presqu’au même moment, de se réjouir de l’encadrement de la manifestation par la police locale, images à l’appui. A Goma, les mêmes agitateurs professionnels ont avancé le chiffre de 13 activistes interpellés, contre seulement 8 selon la police. De Lubumbashi et même de Kinshasa, il a été fait état de véhicules incendiés ou caillassés, sans prêter à davantage de foi.
ELECTIONS EN RD CONGO : Les Occidentaux veulent un processus chahuté
Le 16 novembre 2017, après l’échec cuisant d’une manifestation interdite et muselée par les forces de l’ordre à Kinshasa et dans les principales villes et agglomérations des provinces de la RD Congo, l’Union Européenne, la Suisse le Canada et les Etats-Unis se sont fendus d’un communiqué commun relatif au « respect des libertés d’expression et de réunion » très éloquent à ce sujet. Dans lequel ils se disent « préoccupés » par les déclarations officielles qui ont annoncé «de manière anticipatoire la perturbation des manifestations pacifiques organisées par la société civile et des partis d’opposition le 15 novembre». Allusion faite aux communiqués d’interdiction de manifester sans autorisation préalable et aux menaces adressées aux contrevenants à ces interdictions, émis par des autorités municipales et de police à la veille de ces manif’s. Les représentations occidentales en RD Congo se sont ainsi mises ensemble pour condamner une anticipation des perturbations, feignant d’oublier que les appels à manifester des radicaux de l’opposition dégénèrent systématiquement en manifestations violentes. Et surtout, ils se trahissent eux-mêmes en commettant la faute présumée qu’ils reprochent aux autorités rd congolaises lorsqu’ils qualifient anticipativement les manifestations projetées de « manifestation pacifique ». Le parti-pris en faveur des forces politique hostiles à la majorité au pouvoir à Kinshasa était ainsi flagrant parce que nul ne peut prévoir à l’avance l’issue d’une manifestation publique. Les desseins partisans des puissances occidentales apparaissent encore plus clairement dans la suite du communiqué du 16 novembre dernier. «De telles déclarations (des responsables des forces de l’ordre ndlr.) ne correspondent pas aux principes démocratiques et au respect des libertés d’expression et de réunion. Ils sont également contradictoires avec l’engagement du gouvernement de la RDC de soutenir un processus électoral crédible, libre et apaisé en 2018», écrivaient-ils. Ce qui laisse entendre que pour ces pays de l’hémisphère Nord, un processus électoral n’est « crédible, libre et apaisé » que s’il est traversé de manifestations politiques non encadrées à tout rompre !
EXPLOITATION CRIMINELLE DES MINEURS : Yalala, « enfant-soldat »
L’échec des manifestations politiques organisées par des mouvements subversifs, cyniquement appelés « mouvements citoyens », le 15 novembre dernier à Kinshasa et dans certaines villes de la RD Congo a révélé l’une des faces les plus criminelles de cet activisme d’un genre nouveau au Congo Kinshasa : l’exploitation criminelle de catégories d’âges légalement et moralement exclues d’activités politiques qui sont des activités d’adultes. Depuis mercredi 16 novembre 2016, une image révoltante a fait quasiment le buzz sur les réseaux sociaux, parce qu’elle présente une fillette, menottes aux poings derrière le dos, entourée d’une escouade de policiers qui l’escortent manifestement vers leur poste après l’avoir surprise en train de lancer des pierres sur eux. La petite Yalala, ainsi que la nomment les auteurs de l’image postée sur internet, aurait été interpellée au cours d’une manifestation politique organisée à l’appel de l’organisation dite “citoyenne” dénommée Lucha sur l’île d’Idjwi dans la province du Sud Kivu.
La photo de Yalala, étonnamment sereine pour une fille à qui l’on donne l’âge de 15 ans, mais qui paraît en avoir plutôt 12 ou 13, avait beaucoup ému. Plus que les multiples images autrement choquantes et quasi habituelles de corps sans vies d’éléments de la police ou des forces armées de la RD Congo régulièrement lynchés à mort par des “manifestants pacifiques” (sic!) à travers le pays. La petite Yalala menottes aux poignets, c’était, voulait-on faire admettre à une certaine opinion, la preuve des «exactions d’un pouvoir qui foule aux pieds les droits de l’homme». De fait, Amnesty International, l’Ong américaine connue pour son extrême politisation des atteintes aux droits humains, s’est immédiatement saisi de la photo de la petite Yalala et ses “tortionnaires”.
Les répercussions de l’affaire Yalala ont même contraint la hiérarchie nationale de la police congolaise à publier un communiqué expliquant que la fille mineure qui avait été effectivement appréhendée pour s’être rendue coupable de voies de fait sur des agents des forces de l’ordre en mission à Idjwi avait, après avoir été identifiée au poste de police, relaxée quelques heures après son interpellation et remise à son père quelques instants après son interpellation mercredi dernier.
Emportés par l’émotion et la révolte, peu de défenseurs des droits de l’homme en RD Congo se sont interrogés sur la présence d’une personne de cette catégorie d’âge protégée par la loi dans une manifestation politique, “citoyenne” fût-elle. La petite Yalala, elle avait tout à faire, sauf à se trouver là, dans la rue, manifestant en compagnie de son opposant de père occupé aussi, semble-t-il, à molester des policiers dans le cadre d’une manifestation pour «contraindre le Président Kabila à quitter le pouvoir» qui n’est tout de même pas un lieu de rendez-vous pour des enfants de son âge dans un Etat de droit.
L’appel à battre le pavé du 15 novembre 2017 aura ainsi révélé le côté criminel de ces manifestations politiques qui usent et abusent des enfants et portent atteinte à leurs droits de la part d’activistes politiques sans foi ni lois qui les exploitent de manière éhontée, activement (cas de Yalala) ou passivement (perturbations d’activités scolaires induites par les villes mortes). A Kinshasa, il a déjà été fait état de l’horrible viol d’une fillette en uniforme scolaire au cours d’une manifestation organisée à l’appel de l’opposition politique, parce qu’elle avait osé se rendre à l’école malgré une “ville morte” décidée par un parti de l’opposition radicale, selon un rapport officiel de septembre 2016. Sans susciter la moindre condamnation des censeurs en tous genres qui s’acharnent sur les institutions rd congolaises et leurs animateurs.
L’affaire Yalala était signée, sans vergogne, par le mouvement dit citoyen Lucha (lutte pour le changement), que l’on sait grassement financé par des organisations subversives internationales, via des représentations diplomatiques à Kinshasa, dont celle des Etats-Unis d’Amérique. Sur les réseaux sociaux, elle s’est même fendue d’une version des faits attribuée à « la fille aux menottes » (‘Le témoignage de la petite Yalala’) : «J’ai eu peur, mais j’avais aussi mal au cœur parce que je ne voyais pas ce que mon père et les autres avaient fait de mal. Je me suis alors avancée et j’ai demandé à la police de les relâcher. Comme ils ne m’écoutaient pas, je leur ai dit que je ne partirais pas sans mon père, et que s’ils ne le relâchaient pas, ils devraient m’arrêter moi aussi. Alors sans hésiter, l’un d’eux m’a attrapée très fort par la main, il m’a frappée dans le dos avec son arme, et m’a ligoté les mains derrière le dos. J’avais très mal, je criais. Ils m’ont ensuite jetée dans le cachot avec mon père et les autres». Le texte transpirait l’affabulation et l’excès de zèle. En RD Congo, à 15 ans, une fille de l’âge de Yalala, qui doit encore étudier en 2ème si pas en 3ème des humanités, ne sait pas encore rédiger aussi correctement. «Ce texte est manifestement écrit par une personne ayant un niveau universitaire, et pas n’importe lequel, parce que beaucoup de nos étudiants font de loin pire que cela», commentait ce professeur de l’Université pédagogique national de Kinshasa, au milieu d’anecdotes sur ses misères dans la direction des travaux de fin d’études.
NOUVELLE AMBASSADE BELGE A KINSHASA : Un joyau sur fond de magouille
La date du 27 novembre 2017 restera sans nul doute gravée dans l’histoire des relations diplomatiques de la RD Congo et du Royaume de Belgique. Malgré les rapports exécrables qu’entretiennent les deux Etats, l’ancienne métropole coloniale avait tenu à marquer d’un éclat particulier l’inauguration de sa nouvelle ambassade à Kinshasa. C’est Didier Reynders, le vice-premier ministre et ministre des affaires étrangères en personne qui a effectué le déplacement de la capitale rd congolaise aux fins d’inaugurer ce joyau qui s’élève fièrement, et un peu comme un défi dans le ciel kinois, au croisement de l’avenue du 24 novembre et du boulevard du 30 juin.
L’importance accordée à l’ouvrage belge en terre rd congolaise avait été ressassée sur tous les tons. La nouvelle chancellerie belge, qui abrite également les services des ambassades du Luxembourg et des Pays bas, se veut un symbole fort de la présence de la Belgique en République Démocratique du Congo et de l’importance que le pays du Roi Philippe Ier entend imprimer à ses relations avec sa principale ancienne colonie. Une présence de l’ancien colonisateur de plus en plus tournée, ces dernières années, vers une immixtion jugée excessive par nombre d’officiels rd congolais dans les affaires intérieures de l’ancienne colonie, du fait des libéraux au pouvoir à Bruxelles appuyés par certains milieux mercantiles. Exactement comme il y a 57 ans, lorsque le Congo-Belge luttait pour se sortir de près de 80 ans d’une des plus rudes colonisations qui ait existé à travers le monde, et que le petit royaume européen phagocytait l’indépendance arrachée par la jeune élite de son immense colonie en y suscitant une multiplication déstabilisante des partis politiques bidons acquis à la cause de la poursuite de la colonisation.
Entre Bruxelles et Kinshasa, les nuages se sont sérieusement amoncelés depuis que les libéraux sont arrivés au pouvoir en Belgique et que sous la férule personnelle de Didier Reynders, ils ont décidé de récupérer le processus de démocratisation du pays lancé depuis 17 ans afin de le conformer aux intérêts de l’ex. colonisateur. Notamment, en imposant une sorte de cohabitation au sommet de l’Etat entre leurs hommes-liges affublés du qualificatif d’opposants radicaux et les vainqueurs des derniers scrutins électoraux organisés en 2011. Le pic de l’altération des relations diplomatiques entre les deux pays a sans doute été atteint avec les pressions de Bruxelles, suivies en cela par l’Union Européenne, qui a sanctionné une brochette de personnalités congolaises dont le seul crime est d’être réputées proches du Président de la République, Joseph Kabila Kabange, sous prétexte d’« entraves au processus électoral ». Quand bien même les milieux informés et les observateurs avertis savent que c’est plutôt Bruxelles qui constitue la plus grosse entrave … financière à une évolution démocratique qui lui échappe depuis 2006. C’est la date des premières et dernières élections démocratiques que l’ancienne métropole et la constellation de pays européens intéressés à la situation politique de la RD Congo ont soutenu financièrement.
La nouvelle ambassade belge inaugurée le 27 novembre 2017 par le ministre Didier Reynders est donc aussi un symbole fort de cette Belgique magouilleuse, qui a beaucoup perdu de la considération que lui vouaient les kinois en particulier et les rd congolais en général malgré un passé colonial qui fut tout sauf un long fleuve tranquille. L’édifice de 4 étages qui abrite l’ambassade de Belgique borde l’une des plus grandes artères de la capitale rd congolaise, modernisée et élargie il y a quelques années grâce à la coopération chinoise dans le cadre d’un contrat « gagnant-gagnant » combattu avec acharnement par … la Belgique et les Occidentaux en général. Il consacre, à l’évidence, les prétentions de l’ancien colonisateur à continuer à peser de tout le poids de l’Union européenne sur son ex. colonie qui, elle, aspire plus que jamais à cette indépendance économique dont elle est privée depuis 1960. Des prétentions de plus en plus perçues comme ridicules et inacceptables à Kinshasa où la Belgique, à l’image de son ambassade, petit immeuble de 4 niveaux enfoui au milieu de dizaines d’autres plus imposants, a beaucoup perdu de sa superbe d’antan.
Des magouilles bassement mercantilistes déteignent du reste sur la politique congolaise des héritiers de Léopold II. L’édifice inauguré sur boulevard du 30 juin n’y échappe pas et vient rappeler à quel point Bruxelles est mal placé pour prodiguer des leçons de bonne gestion à qui que ce soit ici.
Dès le départ, le projet de construction de la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa, dont les travaux furent lancés le 26 août 2014 avec la pose de la première pierre par Armand de Decker, ancien ministre d’Etat belge, avait fait l’objet d’une vive controverse en Belgique même. Où des voix s’étaient aussitôt élevées pour lui reprocher « une ambition nostalgique et anachronique ». Nombre de belges ne trouvant aucune importance à sacrifier l’argent du contribuable à une histoire dépassée ou appelée à l’être. Un porte-parole de la NVA, l’actuel parti politique dominant en Belgique, n’a pas hésité à critiquer ce projet pharaonique voté en 2012, lorsque cette formation politique était encore dans l’opposition, et à le qualifier de «beaucoup trop grand et trop prestigieux au regard des relations bilatérales actuelles».
LA BATISSE INAUGUREE A COUTE 10,5 MILLIONS D’EUROS : Didier Reynders chahuté à Kinshasa.
Présentée comme une visite officielle de l’espoir, le séjour, très bref du vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères à Kinshasa, aura accouché d’une souris. Arrivé un peu plus tôt qu’annoncé par la presse, dimanche 26 novembre 2017 dans la capitale rd congolaise, le plénipotentiaire libéral belge a inauguré la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa, lundi 27 novembre, avant de visiter quelques œuvres sociales, d’animer une conférence de presse, et de reprendre l’avion pour Abidjan en Côte d’Ivoire.
D’entretiens avec les officiels rd congolais, le vice-premier ministre n’en aura pas eu. Pas un seul. Ce n’était ni envisagé ni prévu, rapportait une source au ministère des affaires étrangères dont, du reste, le patron, Léonard She Okitundu, était absent du pays. Traduction : Kinshasa a refusé de parler à Didier Reynders. C’était déjà le cas en septembre dernier à l’occasion de l’assemblée générale des Nations-Unies à New York, lorsque Joseph Kabila avait reçu en audience Charles Michel, le 1er ministre belge. Pas de communications officielles à l’occasion du bref séjour de Didier Reynders à Kinshasa, donc. Mais des messages ont bien fusé, ci et là. A commencer par cette manifestation organisée devant la nouvelle ambassade par un groupe de rd congolais mécontents de la politique belge sur leur pays. Des dizaines de manifestants ont littéralement chahuté le vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères. Cela n’était jamais arrivé par le passé.
Didier Reynders aussi s’est exprimé, par médias interposés. Pour dire exactement la même chose que l’opposition radicale, ce que Kinshasa lui reproche. Pour la première fois depuis la publication du calendrier électoral le 5 novembre dernier, le ministre belge des affaires étrangères s’est quasiment prononcé contre le chronogramme présenté par la CENI, qui a pourtant fini par gagner l’adhésion de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), cette autre opposition radicale à la Majorité au pouvoir à Kinshasa et à Joseph Kabila.
MARCHES DES RADICAUX : La recette ne tient plus la route
Encore un appel à battre le pavé lancé par les radicaux de l’opposition dite radicale sous couvert d’organisations citoyennes ou de la société civile qui peine à tenir la route. Jeudi 30 novembre 2017, les populations rd congolaises n’ont quasiment pas suivi le mot d’ordre appelant à manifester en signe de protestation contre le maintien de Joseph Kabila au pouvoir à fin décembre prochain, ou contre un processus électoral dont le bout du tunnel est de plus en plus visible depuis la publication du chronogramme électoral.
A Kinshasa la capitale de la RD Congo, véritable image en miniature du reste du pays, jeudi 30 novembre aura été une ville dans la torpeur. Comme d’usage depuis quelques années, la majorité des kinois est demeurée à la maison le temps de voir venir. Un temps qui dure généralement une partie de l’avant-midi. Par la suite, tout le monde a normalement vaqué à ce qui reste d’occupations lorsque les flux d’habitants qui convergent vers les centres d’activités, le centre-ville et les communes riveraines, n’est plus très fluide : une ville au ralenti.
Tout le contraire des quartiers périphériques qui ont appris à survivre aux appels réguliers aux villes mortes lancés par des acteurs de l’opposition qui ne vivent pas au jour le jour comme le Congolais lambda. La quasi-totalité de marchés et wenze qui approvisionnent les ménages en aliments ont ouvert. Sur la route de l’aéroport international de Ndjili, l’imposant Marché de la Liberté, construit par les soins de Mzee Laurent-Désiré Kabila pour réduire l’afflux des kinois de l’Est de la capitale vers le centre-ville a bien joué le rôle pour lequel il a été conçu. Le lieu de négoce en tous genres a fonctionné à pleins rendements, selon des témoins. La même activité a été observée aux marchés de Matete dans la commune du même nom, et à celui de Gambela dans la commune de Kasavubu, tous deux lieux d’approvisionnement des ménagères qui n’ont que dalle de slogans d’opposants qui n’ont rien gagné en crédibilité depuis 2011.
Jusqu’en fin de soirée, jeudi 30 novembre 2017, aucune de ces statistiques macabres dont sont si friands les médias dits globaux n’avait été rendue publique. Parce que des morts ou de blessés graves, il n’y en a point eu dans la capitale. C’est à peine si des informations faisant état de tension à l’université de Kinshasa avaient circulé. Un groupe de « camarades 0 », ainsi qu’on appelle les étudiants en RD Congo, qui tentait de joindre le Rond- Point Ngaba quelques km plus bas vers les communes de Ngaba et de Kalamu en avait été empêché par des éléments des forces de police. Aucune jonction entre les étudiants et les casseurs des quartiers chauds et surpeuplés de Livulu, Lemba et Ngaba n’avait été possible. Suffisant pour que les foules attendues pour mettre à feu et à sang la ville selon un schéma bien rôdé par les extrémistes de l’opposition dans leur apogée fasse défaut à des leaders exsangues qui, livrés à eux-mêmes n’ont pas osé mettre le nez dehors pour défier le « pouvoir » honni.
Faute de tueries à brandir comme des trophées, les organisateurs de la fantomatique marche de jeudi en ont été réduits à se poser en victimes de tracasseries autour d’une « manifestation non autorisée ». Interdit de rejoindre les quelques combattants qui flânent habituellement devant la permanence du parti sur le petit boulevard à Limete, Félix Tshisekedi a dénoncé la dispersion de ces troupes clairsemées par des véhicules de la police. « Nous sommes encore à la maison, quasiment séquestrés par la police. On ne sait pas bouger. C’est un marquage à domicile. La police est stationnée devant la résidence. Il y a eu des tirs de gaz lacrymogène pour disperser les militants qui étaient venus nous accompagner. Là, je ne sais pas dire si ça pourra être possible de sortir pour le moment parce que la police est devant le portail. Au coin de la rue aussi, une dizaine de policiers est stationnée. Il y a même du gaz tombé dans la parcelle. Ils ont tiré depuis l’extérieur », avait déclaré Michée Mulumba, attaché de presse de l’héritier biologique du défunt sphinx de Limete. Le Général Sylvano Kasongo, le commissaire provincial de la Police nationale congolaise (PNC) nommé en remplacement du Général Célestin Kanyama, était personnellement descendu sur les lieux pour que force reste à la loi, après que des policiers aient été fauchés par des « manifestants » en 2016. L’Ecidé Martin Fayulu et Jean-Marc Kabund se sont quant à eux carrément présentés en victimes, annonçant qu’un véhicule de la police les avait embarqués vers une « destination inconnue », selon l’expression consacrée pour faire état d’une arrestation administrative pour troubles à l’ordre public depuis la période de la lutte contre la dictature mobutiste.
Par la suite, il s’est avéré qu’en réalité les deux grandes gueules de l’opposition radicale avaient été placées en garde à vue au commissariat de police de Limete avant d’être relaxées après les vérifications d’usage dans toutes les polices de la planète en pareilles circonstances.
La bonne vieille recette consistant à défier les autorités en battant le pavé contre leur avis ne tient manifestement plus la route. Le mieux, notent la plupart d’observateurs, est de quérir la collaboration des municipalités comme l’exigent les lois de la République, pour se faire entendre.
MARCHE DU 30 NOVEMBRE 2017 : Au G7, personne n’est sorti
A Kinshasa, l’opinion, mais aussi les combattants habituellement mis à contribution pour affronter les forces de l’ordre s’interrogent, cherchent des boucs émissaires (« les sorciers »). Face aux risques encourus, nul n’est plus épargné par la critique qui se fait de plus en plus sans concessions.
A commencer par Félix Tshilombo Tshisekedi, l’héritier autoproclamé de l’UDPS paternel, et président des Forces Politiques et sociales acquises au changement/Limete (Rassop/Limete). Que des combattants avaient vainement attendu le 30 novembre dernier devant le siège du parti sur le « petit boulevard » à la hauteur de la 10ème rue Limete, jusqu’au moment où une escouade de la Police Nationale Congolaise (PNC) vint disperser sans ménagements ces groupes démobilisés dans l’âme. Martin Fayulu et Jean-Marc Kabund aussi, qui avaient, eux, fait le pied de grue au même endroit avant de se faire embarquer vers le poste de police, non loin de là. Une bévue monumentale qui entaille les convictions, ici, d’autant plus que l’homme s’est déjà illustré dans un passé récent en improvisant un périple à l’étranger après avoir bruyamment appelé ses partisans à manifester dans la rue à Kinshasa. Mais Félix préfère prétexter une « erreur de stratégie » pour expliquer cette « marche sans marcheurs ». «Je voulais venir avec les combattants. Kabund est sorti un peu plus tôt, et c’était bien fait. Moi, j’ai attendu que les jeunes se réunissent pour aller ensemble avec eux, comme convenu, mais ce n’était pas la bonne stratégie. Quand les jeunes commençaient à arriver, ils ont été violemment chargés par les policiers qui m’ont bloqué à l’intérieur de mon domicile. Ils m’ont empêché de sortir. Ils ont tout bloqué jusqu’à 13 heures. C’est une erreur stratégique de ma part. Je n’aurais pas dû attendre les jeunes. J’aurais dû les précéder», s’est piteusement défendu ce leader qui aspire aux plus hautes charges de l’Etat dans un pays guetté par tous les rapaces que compte la planète terre.
Parmi les sympathisants de l’opposition en général et de l’UDPS en particulier, les appréciations sur cette énième dérobade de Fatshi devant une manifestation convoquée ou encouragée par lui-même se sont avrées très sévères, parfois. «Le gaillard s’est laissé volontairement enfermer par les forces de police», accusaient les plus intraitables. Qui l’étaient encore plus envers ceux des leaders de cette opposition qui se veut radicale sans jamais mettre le pied à l’étrier. De tous ces leaders braillards, seulement l’Ecidé Martin Fayulu et le secrétaire général de l’UDPS/Limete, Jean-Marc Kabund, s’étaient montrés disponibles pour braver l’interdiction décidée par les autorités urbaines de Kinshasa. Tous les autres sont restés calfeutrés dans leurs salons douillets. A commencer par « ses amis » du G7 Katumbiste, dont la plate-forme accapare le poste de président du conseil des sages dévolu jusque février dernier à un homme qui n’a jamais dédaigné de marcher courageusement à la tête de ses combattants. Ni Pierre Lumbi Okongo, ni le juriste Christophe Lutundula, ni Olivier Endundo, cet homme d’affaires qui erre parmi les acteurs politiques depuis quelques décennies, ni Olivier Kamitatu, le porte-parole volubile de Moïse Katumbi qui passe le plus clair de son temps à retweeter les messages enflammés du néo politicien de Luanda, Sindika Dokolo candidat au recyclage au pays de son père, ni… ni… personne n’avait été aperçu nulle part, ce 30 novembre décisif pour la suite de la lutte politique commune.
Autre braillard inaperçu le jour « J », et contre lequel les combattants se montraient peu tendres, c’est Claudel André Lubaya. L’ancien gouverneur de l’ex Kasai Occidental, qui s’est lui aussi juché au sommet de son défunt père, l’UDA Originelle. «Il s’est terré chez lui », commentait un étudiant de l’Unikin qui avait réussi à joindre le siège de l’UDPS à Limete, non sans peine. Mais ce n’est pas le point de vue de cet ancien membre de l’UNC de Vital Kamerhe : « J’étais très actif. J’ai pratiquement tenu le centre de crise. Si vous allez sur le compte Twitter de l’UDA, beaucoup d’informations que vous avez reçues sont parties de là. Je crois bien que 90 % d’informations sur le déroulement des événements ont été relayées par moi », s’était-il défendu au micro de confrères en ligne. Une ligne de défense qui n’a convaincu personne. «Ce n’est pas de reporters dont on avait besoin, mais de leaders pour mener la manifestation», faisait observer ce confrère qui s’était rendu 10ème rue Limete, lui aussi.
Chez les radicaux, tout le monde ne s’estime manifestement pas obligé d’avoir l’étoffe d’un héros.
DEUX POIDS DEUX MESURES : Racisme à l’ONU ?
Le grand Nord-Kivu s’est rappelé à l’opinion, le 7 décembre 2017, comme demeurant un des espaces où se joue l’avenir politique de la République Démocratique du Congo, peut-être beaucoup plus que partout ailleurs sur l’immense territoire de ce pays continent. Des assaillants présumés membres d’une rébellion ougandaise ont attaqué une base de la Monusco située près du pont sur la rivière Semliki et tué 15 casques bleus tanzaniens et au moins 5 militaires Fardc (Forces Armées de la République Démocratique du Congo) au terme d’une attaque considérée comme «la pire attaque contre les forces de maintien de la paix de l’ONU dans l’histoire récente de l’Organisation» par Antonio Guterres, le secrétaire général des Nations Unies. Au terme d’âpres affrontements, les terroristes auteurs de l’attaque se sont repliés à une dizaine de kilomètres de là, en direction de Medina, ancien Quartier général de ces rebelles djihadistes. Au moins une cinquantaine de casques bleus ont été blessés lors des affrontements de jeudi dernier. Deux d’entre eux étaient encore portés disparus lundi 11 décembre 2017 dans la soirée.
15 casques bleus tanzaniens morts au combat, c’est à la fois un coup dur pour le contingent de la SADC qui constitue l’essentiel de la force d’intervention spéciale mise sur pied à l’initiative d’Etats de la région pour suppléer à l’inefficacité des 20.000 casques bleus présents en RD Congo depuis plusieurs années sans résultats probants. Mais sans doute aussi, un message clair contre les pays contributeurs de ces troupes combattantes connues pour avoir très efficacement aidé les forces loyalistes congolaises mettre en déroute les rebelles du M23 il y a quelques années. En effet, les rebelles islamistes ADF auraient voulu inciter la Tanzanie à retirer ou à ne plus envoyer ses troupes d’élites au front en RD Congo qu’ils ne s’y seraient pas pris autrement.
L’assaut contre un campement de soldats de la paix a, naturellement, déclenché plusieurs réactions et condamnations. A commencer par celles du conseil de sécurité et du secrétaire général des Nations-Unies, le Portugais Antonio Guteress, qui l’a qualifié de crime de guerre vendredi dernier. Un peu plus tôt le même jour, Jean-Pierre Lacroix, le secrétaire général adjoint des Nations-Unies chargé des opérations de maintien de la paix s’était déjà dit choqué par une attaque qu’il a qualifiée d’odieuse, et avait annoncé des renforts et des évacuations médicales sur son compte Twitter. Tandis que Maman Sidikou Sambo, le représentant spécial du secrétaire général de l’ONU et patron de la mission onusienne en RD Congo publiait un communiqué qui fustige «les attaques contre ceux qui travaillent au service de la paix et de la stabilité en République démocratique du Congo». «La MONUSCO prendra toutes les mesures nécessaires pour que les coupables soient tenus responsables et traduits en justice», a encore promis ce Nigérien nommé en remplacement de l’Allemand Martin Kobler, à la tête d’une mission présente en RD Congo depuis 1999.
Un communiqué du Département d’Etat américain a condamné lui aussi l’attaque du campement onusien : «Nous exprimons nos plus sincères condoléances aux familles des victimes, au gouvernement tanzanien, au gouvernement de la RDC et à la MONUSCO. Nous souhaitons à ceux qui ont été blessés un rétablissement complet et rapide», lit-on sur ce communiqué qui souligne qu’il est inacceptable que les soldats de la paix soient pris pour des cibles. La diplomatie américaine appellait «le gouvernement de la RDC à enquêter sur cette attaque et à faire en sorte que leurs auteurs soient rapidement traduits en justice». Rien de plus.
EN RD Congo où cet assaut inédit contre les éléments tanzaniens de la brigade internationale d’intervention avait particulièrement révolté l’opinion, la litanie des condamnations rituelles n’était pas sans susciter une certaine perplexité. Surtout parmi ceux qui avaient encore frais en mémoire le renfort particulier d’appels de la même communauté internationale à la mise sur pied d’une commission d’enquête internationale pour mettre en lumière l’odieux assassinat d’experts onusiens au mois de mars dernier au Kasaï central. Dans la nébuleuse d’organisation extraverties d’une certaine société civile comme parmi la communauté internationale s’étaient levées de nombreuses voix pour exiger une enquête internationale indépendante des autorités et de la justice rd congolaise, que tout ce beau monde soupçonnait (ou faisaient semblant de soupçonner) de ce meurtre commis selon un rituel macabre bien connu de présumés terroristes Kamuina Nsapu récemment défaits par les Forces armées de la RDC. C’est à peine si de prétendues ONG locales et internationales, particulièrement l’inénarrable organisation américaine Human Rights Watch, n’ont pas prononcé des condamnations d’office contre les forces de sécurité et de défense de la RD Congo pour cet affreux crime. Même l’église catholique romaine rd congolaise et ses prélats en avaient rajouté en joignant leurs voix à celles des nombreux demandeurs d’une enquête internationale en vase clos comme si ils tenaient à voir le régime honni de Joseph Kabila cloué au pilori…
Pour 15 casques bleus tanzaniens morts au combat contre des rebelles islamistes ADF, aucune demande d’enquête internationale ni de coalition de forces régionales ou internationales pour mettre un terme à ce que nombre d’experts présentent comme une organisation terroriste djihadiste dans la région de l’Afrique Centrale.
ELECTIONS EN RDC : Obstacles UE
Un mois après la publication du calendrier électoral, la CENI a organisé, le 5 décembre dernier, une réunion du Comité de Partenariat du « Projet d’Appui au Cycle Electoral en République Démocratique du Congo » (PACEC) en vue de débattre du chemin qui reste à parcourir, jonché de préalables critiques susceptibles de compromettre le respect des échéances arrêtées. Principalement, les épineuses questions du financement et de l’appui logistique et technique. La rencontre a permis à la centrale électorale d’attester de l’accomplissement de sa part de boulot, en quelque sorte. Avec 45 millions d’électeurs dûment inscrits sur les registres électoraux au 5 décembre 2017, la CENI avait assuré ses interlocuteurs de la clôture définitive des opérations d’enrôlement au plus tard, le 12 février 2017, en commençant par les provinces du Kasai Central et du Kasai. Qui seront suivies traitement des données recueillies à travers l’opération de dédoublonnage, et de l’audit du fichier électoral totalement refondu, ainsi que l’avait exigé la classe politique toutes tendances confondues à l’issue des dialogues de la cité de l’OUA et du Centre Catholique Interdiocésain. Corneille Nangaa, le président de la CENI avait annoncé à cet effet l’acquisition par son institution du logiciel commandé à cette fin et le début des tests de dédoublonnage. L’audit du fichier électoral servira à la préparation de la loi portant répartition des sièges.
Resteraient donc à régler les épineuses questions du financement et du soutien logistique à l’organisation des élections. Elle avait fait l’objet d’une réunion du comité technique convoqué le 7 décembre dernier en accord avec les partenaires du PACEC pour permettre aux experts de la CENI de présenter un budget détaillé des élections. Une dépêche de la centrale électorale renseigne que «le budget détaillé et rationalisé (…) a été remis aux partenaires présents à la réunion». Mais aussi, que «les efforts réalisés pour amenuiser le budget au regard des prévisions initiales, ont été unanimement appréciés». C’est 432 millions USD qu’il reste à mettre à la disposition de l’administration électorale congolaise pour couvrir les frais d’organisation de ses scrutins présidentiel et législatifs (national et provincial) le 23 décembre 2018 en RD Congo. Mais nul n’a effectivement ni promis ni porté la main au porte-monnaie, jusque-là, en dehors du gouvernement central rd congolais qui a déjà assuré à lui tout seul l’ensemble du financement relatif à la quasi-totalité des opérations de révision du fichier électoral qui tirent à leur fin.
Certes, le gouvernement s’est déclaré disposé à assurer le financement de la suite des opérations électorales. En réponse aux préoccupations des sénateurs la semaine dernière, le ministre d’Etat en charge du Budget, Pierre Kangudia Mbayi, avait confirmé ces dispositions volontaristes de l’exécutif national en annonçant que 912,5 milliards de FC étaient bel et bien inscrits au titre des opérations électorales dans le budget 2018, dont 840 milliards FC en ressources propres. Encore faut-il que les décaissements prévus interviennent en temps voulu pour ne pas compromettre le chronogramme arrêté par la CENI. Corneille Nangaa rappelle à ce sujet prévenu que «si ledit financement n’est pas rendu disponible au moment où il est requis conformément au rythme des opérations techniques, particulièrement les plus urgentes, le processus en subira certainement un coup». En termes clairs, s’il faut s’en tenir aux seuls moyens gouvernementaux, les élections se tiendront, certes, mais selon le rythme qu’imprimera la disponibilité et les décaissements gouvernementaux.
Telles sont les seules perspectives certaines à ce jour. C’est le gouvernement de la République Démocratique du Congo qui assurera seul l’organisation des élections prévues fin 2018. Les partenaires internationaux, l’Union Européenne en tête, se limitant jusque-là à diffuser des injonctions comminatoires et des promesses mais ne paraissent guère disposés réellement à voir ces élections se tenir en RD Congo. Leurs représentants au sein du PACEC se sont gardés, jusque-là, de prendre le plus petit engagement financier. Lundi 11 décembre dernier, l’Union Européenne avait rendu publiques ses «conclusions sur la RD Congo». Elles consistent en l’habituelle litanie de conditionnalités politiques destinées à consacrer leur immixtion dans les affaires intérieures de ce pays africain qu’ils semblent bien décidés à voir leurs valets locaux prendre les rênes, d’une façon ou d’une autre.
Comme en 2011, aucun sou n’est donc à attendre des Occidentaux. Le moindre coup de pouce en faveur de la tenue d’élections à fin décembre 2018 non plus. Comme il y a six ans, en RD Congo, le premier obstacle à la tenue des scrutins électoraux n’est autre que l’Union Européenne.
OPPOSITION RADICALE : Union bâclée à Bruxelles
Une fois de plus, c’est Bruxelles, la capitale belge, qui a, comme de coutume, servi de cadre à une rencontre des anti kabilistes les plus radicaux que compte la RDC. C’était vendredi le 15 décembre 2017. Un « revenant », Tom Perriello, ancien envoyé spécial de Barack Obama dans la région des Grands Lacs était à la manœuvre pour essayer de rabibocher les ailes d’une opposition en déshérence. En ramenant notamment « au bercail » l’UNC Vital Kamerhe, ancien speaker de l’Assemblée nationale dont les purs et durs du G7 et de l’UDPS/Limete ne voulaient plus entendre parler depuis qu’il avait pris part aux négociations de la Cité de l’Union Africaine. Grâce à l’entregent de Perriello, l’ARC/G7 Olivier Kamitatu, les MLC Jacques Lungwana et Mbungani, le RCD-K-ML Mbusa Nyamuisi, l’UDPS Félix Tshilombo et Moïse Katumbi ont consentis à convoler de nouveau avec Kamerhe. Pour tenter de (re) composer une nouvelle coalition anti-Kabila. Les précédentes tentatives de coalition ayant, à l’évidence, montré leurs limites, quoique l’on s’entête à ne pas le reconnaître.
Se réjouissant à l’avance de ces perspectives qui semblent de loin meilleures pour la coalition montée à coups de billets verts par son mentor, Moïse Katumbi, Olivier Kamitatu croyait savoir que «tous ont compris que pour vaincre la dictature, ils doivent être ensemble. Désormais une seule chose compte : le Congo ! Rien que le Congo et l’intérêt du peuple congolais».
A l’issue de la rencontre de Bruxelles, que des sources parmi ces opposants se sont dépêchées de qualifier d’« informelles » pour ne pas se mouiller prématurément, Vital Kamerhe, qui ne fait décidément pas l’unanimité ici, s’est empressé d’appeler tout ce beau monde à se donner rendez-vous « … pour parler de ce que nous pouvons faire ensemble pour redonner à la RDC sa place dans le concert des nations». Mais l’UNC a glissé une nuance de taille, se rapportant au respect de la constitution, c’est-à-dire, à l’observation des lois en vigueur dans la quête du pouvoir. «Nous avons décidé, abandonnant nos egos et nos ambitions de côté, de créer une synergie hier en Belgique, une union solide qui a comme socle la constitution et l’accord du 31 décembre et qui a pour objectif d’imposer au président Kabila les élections. Il n’y a que le langage de la force qu’il écoute. Il n’y a que deux possibilités : faire pression sur Kabila en anéantissant ses effets nocifs sur la constitution et le processus électoral. La deuxième option est d’utiliser l’article 64 de la constitution et l’écarter. Tout cela en restant dans la constitution et les lois du pays», avait-il confié à des confrères en ligne. Il y avait donc encore à boire et à manger dans cette union des contraires dans laquelle Kamerhe entendait « imposer », on ne sait comment, à Kabila l’organisation d’élections déjà prévues par la CENI pour fin 2018. Cela sonnait faux, comme cette union fondée sur le socle d’une constitution qui stipule ‘expressis verbis’ qu’à la fin de son mandat, le Président de la République reste en fonction jusqu’à l’installation du nouveau Président de la République élu. Ou encore sur un accord politique qui dit tout ce qu’on veut sauf que le gouvernement doit être dirigé par Moïse Katumbi ou Félix Tshilombo, héritier auto-proclamé d’une République familiale des Tshisekedi.
CONFERENCE EPISCOPALE NATIONALE DU CONGO : Les cloches de l’abomination
A l’appel des évêques de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), particulièrement du Cardinal Archevêque de Kinshasa, Laurent Monsengwo Pasinya, les cloches de l’église catholique romaine ont retenti jeudi 14 décembre 2017 à travers certaines paroisses de la ville de Kinshasa. Les coups de gongs qui devaient être accompagnés de sifflets, de klaxons et de tout instrument susceptible de générer un son bruyant ont cependant connu des fortunes diverses. Pour diverses raisons qui tiennent essentiellement au fait que sur ce terrain de la politique politicienne, les princes de l’église catholique romaine de la RD Congo se sont engagés trop loin dans des actions temporelles qui ne pouvaient que les diviser. C’est ce qui a été constaté.
A Kinshasa, dans ce qui peut être considéré comme « la paroisse mère », la cathédrale Notre Dame du Congo, la cloche a bel et bien sonné à… 18 heures tapantes, et non plus à 21 heures conformément au mot d’ordre initial des calottes sacrées. Dans les paroisses catholiques des communes urbaines de Lemba, Matete, Matete, Bandalungwa, Kasavubu, Kintambo, etc, avaient également retenti les sons de cloche, timidement répercutés par quelques chrétiens, la majorité des kinois étant généralement préoccupés, à cette heure de fin de journée, de problèmes immédiats de subsistance. Encore que beaucoup parmi la population cible de cette activité « révolutionnaire catholique » n’avaient pas été informés de l’avancement de l’heure du tapage commandé par les évêques-politiciens, et se sont retrouvés comme surpris.
Les sons des cloches du 14 ont donc fait désordre et désorienté quelque peu plutôt qu’elles n’ont mobilisé. Dans les quartiers de Kasavubu, Kalamu, Bandalungwa, des groupes épars de chrétiens avaient attendu 21 heures pour utiliser sifflets et autres instruments sonores, dans l’indifférence générale d’autres groupes, plus importants, occupés qui à suivre la télévision en famille, qui, à siroter un verre de bière dans ces débits de boissons communément appelés « terrasses ». Les klaxons de véhicules et sons de sifflets des irréductibles ont été littéralement noyés par le vacarme autrement plus assourdissant des décibels de musique distillés aux environs de 21 heures dans la capitale.
L’opération prévue pour se reproduire chaque jeudi de la semaine n’a donc guère récolté le succès escompté. Loin s’en faut, d’autant plus qu’elle s’avère délicate aussi bien sur le fond que sur la forme.
Sur la forme, les catholiques ont fait dans la légèreté et commis des erreurs d’amateurs en mêlant les paroisses à cette activité de contestation purement politique et on ne peut plus partisane. En s’exposant et en exposant les fidèles aux rigueurs de la loi : sonner cloches et sifflets la nuit, à 21 heures, énerve les dispositions légales contre le tapage nocturne, et les forces de l’ordre sont en droit de sévir contre quiconque se rend coupable de cette infraction. Ce que le Colonel Pierrot Mwanamputu, porte-parole de la police, n’a pas manqué de rappeler aux curés. Au cours d’une intervention sur les antennes de la radio Top Congo FM, l’officier supérieur avait prévenu : «si l’infraction est commise, les auteurs seront poursuivis et ceux qui ont signé les documents en porteront les conséquences (…) aggravantes parce que ce ne sera pas fait inconsciemment. Mais c’est prémédité en annonçant que nous allons faire des tapages nocturnes à telle heure». Ce n’était pas des menaces en l’air, et les curés, qui n’ont pas nécessairement tous une âme de héros, avaient dû rétropédaler et faire coïncider l’heure des cloches politiques à celle des cloches régulières pour la dernière prière du jour. Mêlant ainsi inconséquemment les affaires divines et politiques, non sans désorienter, voire décevoir et démobiliser, les plus fanatiques opposants parmi leurs fidèles. Tout le monde n’accepte pas que l’on s’amuse ainsi avec le Très Haut en le rabaissant aussi bas. Sacrifier la prière à la politique ne sera sûrement du goût de tous les fidèles…
Sur le plan du fond, l’appel des princes de l’église pose aussi de sérieux problèmes « de conscience », comme on dit chez les catholiques, où tout le monde ne perd pas de vue ces nombreux passages qui rappellent l’indispensable séparation entre la foi chrétienne et la politique. Particulièrement, «Rendre à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu», cette sagesse que l’on doit au Christ lui-même. Les princes de l’église catholique vont assurément trop loin dans leurs initiatives politiques contre le pouvoir en place, qui contrarient jusqu’aux préceptes bibliques destinés à éclairer les hommes et le monde. Comme ce passage des Proverbes qui édicte que « Si quelqu’un détourne l’oreille pour ne pas écouter la loi, sa prière même est une abomination » (28 : 9). Et en RD Congo, la loi, c’est-à-dire la constitution en l’occurrence, stipule qu’un Président de la République en place ne quitte le pouvoir que par les élections. Pas par une pression, fut-elle celle des chrétiens catholiques, qui du reste, ne sont pas les seuls croyants dans ce pays laïc.
L’appel des prélats de l’église catholique rd congolaise indexe donc arbitrairement les fidèles catholiques qu’il sépare d’autres fidèles et croyants en Dieu. Mais surtout, il met à mal la foi des uns et des autres.
Les cloches de l’abomination n’avaient pas que des beaux jours devant elles, assurément.
6ème CONFERENCE DES GOUVERNEURS DE PROVINCE : Le gouvernement payera les arriérés de la rétrocession
Arrivé à Goma lundi 18 décembre 2017, le Président de la République, Joseph Kabila Kabange, avait personnellement lancé et dirigé les travaux de la 6ème conférence des gouverneurs de provinces. Axée sur le thème « la mobilisation des recettes propres des Provinces et leur structure de dépenses », la conférence de Goma a conclu, entre autres, en la nécessité de renforcer les capacités mobilisatrices des régies financières provinciales, parce que leurs recettes suffisaient à peine pour les dépenses courantes. C’est ce qui justifie, manifestement, l’engagement pris par le gouvernement central, dont les ministres des finances et du budget étaient présents à Goma, d’assurer le paiement des arriérés des financements dus aux provinces et de les payer régulièrement, désormais.
Après la clôture des travaux de la conférence de Goma, mardi 19 décembre 2017, le Président de la République s’est entretenu, mercredi 20, avec les chefs des parlements des provinces. Le contenu des échanges du Chef de l’Etat avec les dirigeants d’organes législatifs qui ont brillé par des remous dans leurs rapports avec les exécutifs provinciaux ces derniers mois n’avait pas été rendu public.
J.N.