2017 aura été l’année de gestion de l’UDPS… conséquence médiate des accords politiques du 16 octobre et du 31 décembre 2016. Mais autant les désignations de Samy Badibanga et Bruno Tshibala comme Premier ministre ont érodé l’Union du parti autant le progrès social n’aura guère été perceptible durant 2017 en RDC.
De Badibanga, l’on retiendra qu’il a hérité de Matata Ponyo un déficit béant de plus de 200 milliards de FC, un Etat en quasi cessation de paiements à fin décembre 2016. Mais à fin mai 2017, un rapport disponible au ministère du Budget note que la gestion de Samy Badibanga a dégagé un solde global positif de 55 milliards de FC. Selon les statistiques de la Direction générale des recettes administratives, judiciaires, domaniales et de participations, DGRAD, qui portent sur les exercices 2015, 2016 et le premier trimestre 2017, c’est sous Badibanga que certaines recettes de l’administration ont été derechef retracées dans le budget de l’Etat. Il s’agit notamment des droits sur les visas de transit aller-simple ou aller-retour, des droits de délivrance du formulaire de demande de passeport perçus par le ministère des affaires étrangères, des pénalités du fait des astreintes pour non dépôt et dépôt tardif des tableaux de synthèse (ministère des Finances), les pas de porte sur revisitation des contrats miniers et les royalties des entreprises minières d’exploitation (ministère des Mines), le bonus de production, les droits de vente des rapports, des cartes géologiques ainsi que des résultats des recherches géologiques et pétrolières (ministère des Hydrocarbures). La liste des actes générateurs des recettes réactivées sous Badibanga n’est pas exhaustive. Il sied de relever aussi que tous les droits et taxes relevant du ministère de l’Intérieur ont été collectés à plus de 290 % à fin mars 2017. Une première ! (…).
De l’avis d’experts, le Premier ministre issu de l’Accord d’octobre 2016 pouvait mieux faire s’il n’avait pas hérité des effets dévastateurs d’une décision du précédent gouvernement portant interdiction de l’importation du ciment gris ainsi que la suspension de la perception de la TVA sur les importations des miniers jusqu’à fin août 2017. Cette décision a entrainé un manque à gagner de 30 milliards de FC par mois, selon la DGDA (douane). Toutefois, l’amendement du décret sur l’importation des véhicules d’occase de 10 ans porté à 20 ans par Badibanga devrait rapporter de substantiels revenus à la douane, au bas mot 15 millions de dollars. Au Premier trimestre 2017 – période qui ne porte pas d’échéances fiscales majeures -, le taux d’exécution de la paie de la Fonction publique, y compris l’armée et la police, a quand même été de 98 %, selon le ministère du Budget. Alors que le financement de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, a bénéficié de dépenses exceptionnelles de 125 milliards de FC à fin mai 2017, soit plus de 110 millions de dollars. Le taux de change est resté maintenue en dessous de 1450 FC pour un dollar. Hélas, au départ du gouvernement Badibanga, les effets du grand gouffre de l’exercice 2016 continuent de rudoyer les finances publiques et par ricochet le social. Dans son speech de la rentrée, le 15 septembre 2017, Aubin Minaku y est revenu avec fougue. «D’aucuns se posent plusieurs questions sur la situation socioéconomique actuelle du pays. Pour une frange de l’opinion, on se demande pourquoi, contre toute attente, nous nous sommes retrouvés dans une situation de profonde précarité au moment où le pays devait bénéficier des retombées d’une croissance proche de 10 % enregistrée sur trois exercices… ». A cette période, le gouvernement Bruno Tshibala était en fonctions depuis 5 mois. La rémunération de l’administration publique est devenue si confuse que le gouvernement se décide de ne pas payer ses fonctionnaires pour épargner le Franc congolais d’une dégringolade historique face au dollar. Se fondant sur des données de recoupement de la DGM, Direction générale de migration, ainsi que des licences de transfert de fonds vers l’étranger obtenues auprès des banques commerciales, le gouvernement décèle des discordances béantes de chiffres entre les statistiques collectées auprès des banques commerciales et ceux du compte général du trésor de la Banque Centrale du Congo. Le rappel à l’ordre des minings s’avère payant, et la dépréciation du Franc congolais face au dollar s’est estompée ramenant le taux autour de 1.500 FC le dollar. Le gouvernement remet sur table les fameuses 28 mesures urgentes levées en janvier 2016 pour sauver les finances publiques. L’Etat s’en va derechef en guerre contre la contrebande transfrontalière. Les postes frontaliers de Lufu, Kasumbalesa, Kasindi, etc., sont dans le viseur des pouvoirs publics. Le ministre de l’Economie, Paul kapika, et celui du Commerce extérieur, Jean-Lucien Bussa, montent aux premières lignes de front avec mission non seulement d’aider les régies financières à maximiser leurs recettes mais aussi de sauvegarder les industries locales de trop pleins des produits importés frauduleusement. Mais hélas, les entreprises ferment à la queue leu leu sans jamais bénéficier d’une subvention de l’Etat. Il s’agit notamment de la Bralima/Boma et Mbandaka, de la Brasimba à Lubumbashi et de Nestlé/RDC. «Nous avons obtenu, pour la première fois depuis plusieurs décennies, une ligne de crédit de 750 millions de dollars auprès d’AFREXIMBANK et autres partenaires, avec un taux d’intérêt hors concurrence, pour le développement du secteur agricole en RDC. C’est le début d’un immense projet pour nourrir la RDC, l’Afrique et le monde », s’est flatté le Premier ministre devant la représentation nationale. Sur terrain, le résultat est difficilement perceptible si bien que, sur initiative d’un sénateur, le code agricole a été amendé dans l’espoir d’attirer des investisseurs privés. Par ailleurs, l’entretien des routes n’est plus financé que par les bailleurs de fonds, a indiqué le ministre des ITPR, Thomas Luhaka. Pendant ce temps, de fortes présomptions d’embourgeoisement facile planent singulièrement sur le Premier ministre issu de l’opposition.
Les projections en annualisées à fin juin 2017 indiquent que l’inflation atteindrait 57,1 % à fin décembre 2017, loin de l’objectif de moyen terme du cadrage de la loi des finances de l’exercice en cours. La perturbation de la stabilité des prix intérieurs sur le marché des biens s’est poursuivie tout au long de l’année 2017 à la suite de la dépréciation de la monnaie nationale, induite notamment par l’insuffisance de l’offre de devises sur le marché des changes et les anticipations des agents économiques, notent les experts du Budget. Qui poursuivent que la persistance de la pression sur les prix observés sur le marché des biens et services au cours de l’année 2017 est due à deux raisons principales : la poursuite de la forte dépréciation du Franc congolais sur le marché de change, les effets d’anticipation dus aux incertitudes socio-politiques de fin d’année. Pour la fin de l’année 2017, le taux de change prévisionnel pourrait se situer à 1.692,8 CDF le dollar américain. Le 17 novembre dernier, le gouvernement a annoncé une nette augmentation des recettes internes due à la remontée des cours des produits miniers d’exportation, qui ont augmenté de 15 % à la fin du mois d’octobre 2017. De même que le solde du compte de trésorerie de l’Etat a donné lieu à une augmentation des recettes de 379,5 milliards de FC. Les comptes courants du Trésor sont, eux aussi, passés d’une situation débitrice à une situation créditrice de 69 milliards de FC, qui représente une marge nette de trésorerie pour le reste de l’année. Les réserves internationales de change ont connu un rebond, passant de 690 millions de Dollars Américains fin juillet à 762 millions de Dollars Américains fin octobre 2017. Cette situation ira en s’améliorant, étant donné la reprise des ventes des devises à la Banque Centrale par les banques commerciales. Cependant, les deux chambres du Parlement s’étonnent de la modicité du budget 2018.
POLD LEVI.