Les affaires s’annoncent moroses, c’est le moins qu’on puisse affirmer, pour Sindika Dokolo, le parrain du Debout Congolais, un mouvement lancé il y a à peine quelques mois, qui appelle au départ de Joseph Kabila du pouvoir. Samedi 17 décembre 2017, la section belge de « Congolais Débout » a tenu sa deuxième réunion d’information, après celle de Londres, sous la direction de son initiateur, Sindika Dokolo. Une centaine de Congolais triés sur le volet avait pris part à la rencontre rapportée par Jean-Cornelis Nlandu Tsasa, qui sont rentrés chez eux sans réponses aux interrogations sur le bien-fondé du combat de l’association dans la crise politique que traverse leur pays.
Les participants réunis à l’Hôtel Crowne Plaza, aux abords de l’aéroport de Zaventem, croyaient avoir enfin en face l’un des pions majeurs pouvant faire partir le dictateur congolais Joseph Kabila. Que nenni. A en croire les déclarations de son président, le mouvement, « Les Congolais debout » n’a en perspective que l’idée de changer les mentalités des Congolais, par des séances de formation à travers ce grand pays.
Et de préciser : « Il s’agit là d’un travail de longue haleine ». Alors même que les Congolais s’attendent eux à une action sinon immédiate, M. Sindika, lui, enfonce le clou : « S’il nous faut une longue traversée du désert, nous le ferons ».
Pour lui, « le problème n’est pas seulement Kabila, mais également les mentalités ». Aussi, le mouvement se focalise sur une mission « à long terme » consistant à « travailler sur les fondamentaux, à savoir changer les valeurs et arriver au respect des principes universels ». Presque du charabia pour la plupart des Congolais, qui sont plutôt avides de voir enfin la fin de leurs misères dans un pays pourtant béni de Dieu.
A la question de savoir si le mouvement ne risque pas de prêcher dans le désert, au moment où les Congolais veulent plutôt voir des actions immédiates visant à provoquer le départ du régime violent, militarisé et corrompu de Kabila, Sindika Dokolo, martèle : « S’il y a des Congolais qui croient qu’il faut prendre des armes, qu’ils déchantent et qu’ils quittent le mouvement ». « Les Congolais debout est un mouvement non violent dont le but est de contribuer au changement des mentalités, par la formation à la citoyenneté. Je ne fais pas de politique », a-t-il expliqué devant une audience médusée.
Le mouvement, qui a été galvanisé par la présence de ce millionnaire congolais, bonifié par ses entrées prestigieuses dans les milieux angolais du pouvoir, compte actuellement plus d’un million de membres dont près de 500 000 rien que dans la ville de Kinshasa, commis au seul sacerdoce d’amener les Congolais à de meilleurs sentiments. Et rien de plus.
En clair, rien à voir avec ce que l’on attendait de Sindila Dokolo dans cette période où la RDC se trouve à la croisée des chemins. Plusieurs personnes dans la salle devaient sûrement déchanter après des déclarations incantatoires de ses lieutenants du mouvement, venus de Kinshasa, de Norvège, de la Grande Bretagne, lesquelles ressemblaient plus à des sermons déjà entendus dans les nombreuses églises qui confinent les Congolais dans leur résignation, en attendant le retour du messie.
J.N.