En annonçant son intention de récupérer la permanence acquise au nom de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) par son défunt président, Etienne Tshisekedi wa Mulumba, la désormais autorité morale de ce parti, Bruno Tshibala Nzenzhe, a levé un gros lièvre. L’affaire de la propriété immobilière, plutôt cossue, située sur le Petit Boulevard à hauteur de la 10ème rue à Limete, est sur toutes les bouches et menace d’emporter ce qui reste de « la fille aînée de toutes les oppositions ». En témoigne, cette réaction, plus épidermique que rationnelle, de Félix Tshilombo Tshisekedi, le fils du défunt Etienne Tshisekedi wa Mulumba, qui s’est autoproclamé successeur de son géniteur à la tête du parti. « C’est une perte de temps et une tentative de distraction pour nous détourner de notre véritable problème qui est le 31 décembre. Il (Tshibala) n’a ni poids, ni influence pour changer les choses à l’UDPS. Celui qui remplacera Etienne Tshisekedi n’est pas celui qui baisse son pantalon devant Kabila. L’UDPS n’est pas divisée. Ils veulent profiter de cette histoire de Permanence pour nous trainer en justice afin de nous écarter des élections», a déclaré avec sa truculence habituelle et sans vraiment convaincre Félix Tshilombo au cours d’une matinée politique, dimanche 17 décembre 2017 à Kinshasa. Le fils Tshisekedi réagissait en des termes crus aux menaces on ne peut plus sérieuses proférées par l’actuel premier ministre du gouvernement d’union qui avait pris l’engagement de rendre au parti le siège acquis en son nom par son défunt président. « On a acheté ce siège avec les contributions des membres de l’UDPS avec le soutien de ceux qui aiment l’UDPS. Ce n’est pas parce qu’aujourd’hui Tshisekedi n’est plus qu’on doit laisser cet immeuble revenir à Monsieur Tshilombo. Je vous informe qu’il y a le nom de monsieur Tshilombo parmi les propriétaires de cet immeuble. Et ça c’est intolérable, inacceptable. L’UDPS est propriétaire de ce siège, c’est son patrimoine (…) », avait clairement expliqué à la presse, Patrick Mutombo, un proche de la nouvelle autorité morale de l’UDPS.
Au sujet du siège de l’UDPS à Limete circulent, en effet, des informations rien moins qu’explosives, faisant état de l’accaparement des lieux par la famille biologique du défunt Etienne Tshisekedi, au détriment des combattants et de tous ceux qui se sont sacrifiés pour le parti. Des sources rapportent que la saga de la « permanence de l’UDPS » remonte à 2011, lorsqu’un certain Samy Badibanga, le même qui est devenu chef du gouvernement central issu de l’accord de la Cité de l’OUA en septembre 2016 et a été, de ce fait déclaré « auto exclu » du parti de Limete, ainsi que Daniel Madimba, ancien ministre de la Recherche scientifique de son équipe. Les deux hauts cadres de l’UDPS, bien introduits en Europe, avaient en effet pris l’initiative de lever des fonds au profit du candidat n° 11 à la présidentielle qui se tenait cette année-là. Plus de 4 millions de dollars américains auraient été récoltés, d’un certain nombre de grands donateurs, notamment.
Plutôt bon gestionnaire de l’argent du parti, le défunt Etienne Tshisekedi disposait encore d’un reliquat d’environ 1 millions de dollars après la campagne électorale, et décida de l’affecter à l’acquisition d’une permanence digne de l’image du deuxième plus grand parti du pays qu’il dirigeait. Il proposa le projet à une équipe triée sur le volet de ses plus proches collaborateurs de l’époque : Jacquemin Shabani Lukoo, Bruno Tshibala, et un certain Kalenda. Ce sont eux qui dénichèrent les lieux qui avaient appartenu avant l’UDPS à la veuve du propriétaire du « Village Bercy », un cercle distractif réputé en son temps et bien connu des ambianceurs kinois. Moyennant le versement de quelques 980.000 dollars, Etienne Tshisekedi et l’UDPS purent ainsi acquérir ce bâtiment situé à un endroit stratégique de la commune de Limete à Kinshasa. La vente, rapportent des sources, avait été conclue entre sieur Kalenda et la propriétaire du « Village Bercy », avant que Kalenda ne cède par la suite le bien acquis à l’UDPS.
Les mêmes sources rapportent que depuis mars 2017, soit un mois seulement après le décès dans une polyclinique bruxelloise d’Etienne Tshisekedi, un procès-verbal de réunion de famille aurait attribué cet immeuble, jusque-là propriété du parti, aux six enfants du défunt issu de son mariage avec Mme. Marthe Kasalu, la génitrice de Félix Tshilombo Tshisekedi. Un procès à rebondissements en perspective, c’est le moins qu’on puisse dire, quoique s’en défende, fougueusement et maladroitement Félix Tshilombo Tshisekedi qui semble enclin à confondre sa famille biologique avec la personne morale UDPS.
J.N.