L’ex-Premier Ministre lance un appel d’urgence pour la tenue d’une conférence internationale des donateurs
« Premier ministre honoraire de la RDC, je me joins à l’appel d’urgence des églises catholiques et protestantes du Congo lancé à la communauté internationale pour une conférence internationale des donateurs pour le Kasaï. Une opération humanitaire au Kasaï s’impose pour mettre fin à une situation humaine tragique. Il faut dépasser la question des élections, et arrêter de voir le Congo à travers ses richesses minières. Les violences, l’insécurité et les massacres aveugles qui terrorisent la population appellent à une remise en question totale de l’action internationale au Congo. Les droits humains élémentaires sont piétinés à grande échelle. Les actes terroristes commis en 2017 contre les enquêteurs de l’ONU et les casques bleus ne doivent pas nous décourager. Au contraire, car les valeurs fondatrices de la Charte des Nations Unies sont mises en question sur le sol du Kasaï. Pour les rétablir, une action humanitaire d’urgence s’impose pour apporter au moins une aide alimentaire et médicale. Parce que les moyens manquent cruellement pour une crise négligée jusqu’à maintenant, il faut une conférence internationale des donateurs. Le Congo est la deuxième population d’Afrique avec près de cent millions d’habitants. L’agenda 2030 des Nations Unies ne sera jamais atteint sans des progrès humains importants au Congo. Et cela se joue aujourd’hui au Kasaï ». C’est qu’écrit en substance le premier ministre issu du dialogue et l’accord de la cité de l’OUA, conclu entre les acteurs politiques et de la société civile de la RD Congo en septembre 2016.
Ressortissant de la province démembrée du Kasai Oriental, Samy Badibanga explique que selon le Programme Alimentaire Mondial, 250.000 enfants vont mourir si une aide alimentaire ne leur est pas apportée d’urgence. La déclaration commune des églises catholiques et protestantes du Congo, faite le 10 décembre à Kinshasa, journée internationale des Droits de l’Homme, doit alerter la communauté internationale. Mais aussi que grâce à ces deux églises à leurs réseaux sur le terrain, une action d’urgence est réalisable si les financements sont là. Près de 10 milliards de dollars de cuivre et de cobalt sont extraits chaque année dans le pays avant d’être exportés. Selon Global Witness, 6 % seulement de la valeur totale des exportations minières est versé au budget de l’État. Mais comment expliquer aux Congolais du Kasaï que la communauté internationale ne peut pas réunir les 812 millions du plan d’action humanitaire 2017 pour la RDC ?, interroge cet ancien président du groupe parlementaire UDPS & Alliés à l’Assemblée nationale, par ailleurs ancien cadre de la multinationale BHP-Billiton qui a dirigé l’exécutif rd congolais durant près de quatre mois. Et sait donc de quoi il parle.
« Un an après l’explosion des violences au Kasaï, alors que les violences ont tendance à s’atténuer, la population est passée de l’extrême pauvreté à l’extrême urgence humanitaire, en niveau 3. Alors que certains qui avaient fui rentrent progressivement, c’est le moment de lancer une opération humanitaire d’envergure, que l’Etat Congolais, trop fragile et frappé par une sévère crise économique, n’a pas les moyens de financer. Il est temps de faire appel à la solidarité mondiale et la générosité de la communauté internationale pour mobiliser une aide à la hauteur de l’urgence humanitaire au Congo et venir au secours d’une population en détresse absolue », estime Samy Badibanga.
« Pour toutes ces raisons, en tant qu’ex-premier ministre, citoyen et élu de mon pays, j’appelle la communauté internationale, en appui de l’appel des églises, à une conférence des donateurs pour le Kasaï. Je sais que les congolaises et les congolais ne sont pas les seuls au monde à vivre une grave crise humanitaire. Mais aucun pays sans guerre ne compte autant de personnes déplacées. Je sais que les capacités d’intervention et de solidarité mondiale permettent de venir rapidement au secours d’une population, qui, déjà piégée dans l’extrême pauvreté, a été frappée par des violences atroces qui les l’empêche de subvenir à ses besoins primaires. Avec l’immense réseau des églises catholiques et protestantes du Congo, et avec la Monusco, nous pouvons agir vite. Et nous devons agir vite. Au 21ème siècle, la communauté internationale sait se mobiliser pour venir au secours de population en détresse. Cet appel à l’urgence humanitaire pour une conférence internationale des donateurs pour le Kasaï lui est adressé », a-t-il conclu.
J.N. AVEC APO