27 morts, dont 2 éléments de la Police Nationale Congolaise. C’est le bilan officiel de 3 jours de manifestations contre « la loi électorale » organisées à l’appel de l’UNC de Vital Kamerhe les 19, 20, et 21 janvier 2015 à Kinshasa et dans certaines villes de l’arrière-pays, Goma et Bukavu notamment. Ces statistiques macabres qui lui avaient valu d’occuper le haut du piédestal des travées de l’opposition politique en RD Congo, Vital Kamerhe en conserve une nostalgie mal dissimulée. Et ne rêve que de l’occasion de rééditer l’exploit. Les débats qui ont entouré l’adoption des modifications de la loi électorale à la chambre basse du parlement le week-end dernier lui en offre une occasion, à en juger par les réactions au sein de l’Union pour la Nation Congolaise.
Quoiqu’ayant pris part aux débats de l’Assemblée National sur les problèmes du seuil électoral, du cautionnement des candidatures et de l’adoption de la machine à voter (la machine à imprimer les bulletins, en fait, selon les explications de la commission PAJ qui en a proposé l’adoption), étant battu à la régulière par vote, l’UNC en appelle à la rue. Dimanche 3 décembre, son tout nouveau secrétaire général, Jean-Baudouin Mayo Mambeke, a réuni les cadres du parti pour « peaufiner des stratégies » en vue de barrer la route au vote de la loi électorale à l’Assemblée Nationale. L’œuvre est jugée discriminatoire, porteuse de germes de conflits et favorable aux seuls riches, selon l’UNC qui rejette en tout en bloc, comme les plus radicaux de l’opposition, du reste.
En conséquence de quoi, l’UNC en appelle à la coalition de toutes les forces de l’opposition, comme en 2015, afin de sauver la Nation en danger, entend-on du parti des rouge et blanc.
Mais de l’avis d’observateurs avisés, la conjuration du parti kamerhiste reste un rêve. « Les conditions ne sont plus les mêmes, l’opposition paraît plus divisée et encore moins crédible qu’avant », fait-on observer, rappelant l’échec du dernier appel à manifester des radicaux de l’opposition et d’organisations dites de la société civile qui leur sont proches. « Justement, on n’a pas ni vu ni particulièrement entendu parler des leaders de l’UNC le 30 novembre dernier. Il y a eu comme un carence de solidarité », note, sur le ton du reproche, cet étudiant kinois. Qui veut sans doute dire que les partenaires de l’UNC dans l’opposition, qui reprochent déjà à VK de les avoir torpillés en prenant part au dialogue de la cité de l’OUA en septembre dernier, pourrait se dispenser d’accourir à une manifestation convoquée à l’appel de l’ancien de speaker de l’Assemblée Nationale pour le compte du parti présidentiel, le PPRD.
Mais il y a aussi cette lutte sournoise de leadership dans les travées de l’opposition, qui fragilise une entende qui ne tient qu’à un maigre fil : le départ de Joseph Kabila. Le plus petit détail, même relatif aux modalités de ce départ, suffirait à distendre interminablement les lignes de recomposition de l’opposition politique rd congolaise. Une véritable indéniable que reconnaît également le dernier rapport en date d’International Crisis Group qui note que « « La situation en RDC est foncièrement bloquée ; le régime, déterminé à rester au pouvoir, est en position de force par rapport à l’opposition et les acteurs extérieurs semblent à la fois découragés et divisés ». Et ce ne sont pas les récentes nominations au sein d’un parti qui a enregistré une saignée sans pareille des meilleurs de ses cadres qui amélioreront la côte de confiance des populations envers le parti de VK.
J.N.