Ça ne va pas mieux entre Bruxelles et Kinshasa. Présentée comme une visite officielle de l’espoir, le séjour, très bref du vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères à Kinshasa, aura accouché d’une souris. Arrivé un peu plus tôt qu’annoncé par la presse, dimanche 26 novembre 2017 dans la capitale rd congolaise, le plénipotentiaire libéral belge a inauguré la nouvelle ambassade de Belgique à Kinshasa, lundi 27 novembre, avant de visiter quelques œuvres sociales, d’animer une conférence de presse, et de reprendre l’avion pour Abidjan en Côte d’Ivoire.
D’entretiens avec les officiels rd congolais, le vice-premier ministre n’en aura pas eu. Pas un seul. Ce n’était ni envisagé ni prévu, rapporte une source au ministère des affaires étrangères dont, du reste, le patron, Léonard She Okitundu, est absent du pays. Traduction : Kinshasa a refusé de parler à Didier Reynders. C’était déjà le cas en septembre dernier à l’occasion de l’assemblée générale des Nations-Unies à New York, lorsque Joseph Kabila avait reçu en audience Charles Michel, le 1er ministre belge. « La délégation congolaise a insisté pour que M. Reynders n’assiste pas à la rencontre », révèle une dépêche de Belga datée du 26 novembre 2017.
Pas de communications officielles à l’occasion du bref séjour de Didier Reynders à Kinshasa, donc. Mais des messages ont bien fusé, ci et là. A commencer par cette manifestation organisée devant la nouvelle ambassade par un groupe de rd congolais mécontents de la politique belge sur leur pays. Des dizaines de manifestants ont littéralement chahuté le vice-premier ministre et ministre belge des affaires étrangères. Cela n’était jamais arrivé par le passé.
Didier Reynders aussi s’est exprimé, par médias interposés. Pour dire exactement la même chose que l’opposition radicale, ce que Kinshasa lui reproche. Pour la première fois depuis la publication du calendrier électoral le 5 novembre dernier, le ministre belge des affaires étrangères s’est quasiment prononcé contre le chronogramme présenté par la CENI, qui a pourtant fini par gagner l’adhésion de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), cette autre opposition radicale à la Majorité au pouvoir à Kinshasa et à Joseph Kabila. «L’impasse actuelle ne peut être résolue que par des élections libres et transparentes. Il faut mettre des moyens mais avant tout rétablir la confiance par un calendrier électoral crédible et un processus électoral qui permettent à tous de participer de manière équitable et d’exprimer des opinions librement. Mais aussi rétablir la confiance entre la RDC et ses partenaires internationaux », a-t-il soutenu au cours de l’allocution prononcée à l’inauguration de la nouvelle ambassade belge à Kinshasa.
J.N.