Conduite par le ministre de l’Environnement et conservation de la nature, Amy Ambatobe, la délégation de la RD Congo au COP 23 à Bonn (Allemagne), a déclaré que son pays interdirait l’usage des sachets plastiques. Le pays de Kabila rejoindrait ainsi l’UE qui observe cette directive depuis le 1er janvier 2017.
Mais, en France, sans doute pour des raisons financières, ce n’est qu’en juillet dernier qu’en application de la loi sur la transition énergétique, les sacs en plastique à usage unique ont été interdits aux caisses des magasins. Depuis lors, les sacs en plastique d’épaisseur inférieure à 50 micromètres, sans considération de volume, sont également interdits. En échange, les consommateurs se voient proposer des sacs en plastique réutilisables (plus de 50 micromètres) ou des sacs en papier.
En RD Congo, les articles et ouvrages en plastiques ont rapporté plus de 560 millions de FC au Trésor à titre de droits d’accises relevant du régime intérieur en 2015, et plus de 530 millions de FC contre des prévisions d’un peu plus de 640 millions de FC, soit un taux de réalisation de 82 %.
Au premier trimestre 2017, le taux de réalisation était de 85 %, soit plus de 135 millions de FC sur 160 millions attendus. Les assignations de la Direction générale des douanes et accises pour les articles et ouvrages en matières plastiques en régime intérieur, dans le budget général 2017, sont de 643 millions. Les prévisions sont de près de 920 millions de FC pour les droits d’accises des articles et ouvrages importés.
On le sait, importateurs chinois, libanais et indopakistanais se disputent le marché des plastiques non seulement à Kinshasa mais aussi dans de grandes agglomérations de l’arrière-pays. Lufu, ce port sec à la frontière angolaise, n’est pas en reste. Les droits d’accises perçues à l’importation sur les articles et ouvrages en matières plastiques sont en constante augmentation. Ils étaient à plus de 800 millions de FC en 2015 et, rien que pour le premier trimestre 2017, la DGDA a perçu pour le compte du Trésor plus de 404 millions de FC, soit un taux de perception de plus de 300 % par rapport aux assignations de moins de 125 millions de FC.
Mais il demeure que l’usage le plus courant et, par ricochet, de plus abusif du plastique en RD Congo s’atteste dans les industries des produits cosmétiques ainsi que celles des eaux, limonades et jus. Bien qu’une unité de recyclage ait vu le jour au quartier industriel de Limete, à Kinshasa, des bouteilles en plastique jonchent les rues de la capitale et débordent des cours d’eau au point de former des passerelles.
Les organisations non gouvernementales du secteur de l’environnement déplorent l’absence d’une réelle politique de l’Etat face au phénomène « bouteilles en plastiques dans les rivières». Il est aussi vrai que la question des déchets en plastique s’avère un enjeu environnemental mondial. Une campagne de l’ONU rappelle récemment qu’ils constituent près de 80 % de déchets présents au fond des océans. Naturellement, toute ONG qui s’intéresse à la question a beaucoup de chance de recevoir un financement consistant des partenaires extérieurs. L‘Etat rd congolais a prévu quelque 128 milliards de FC, moins de 100 millions de dollars, pour la protection de l’environnement en 2017. Une somme qui ne représente qu’une goutte d’eau dans un océan de bouteilles en plastiques destructrices de l’environnement.
Selon un récent rapport des Nations-Unies, chaque année, plus de 8 millions de tonnes de plastique terminent leur périple dans les océans, générant près de 8 milliards de dollars en dommages aux écosystèmes marins. Pour les environnementalistes, l’Etat doit appliquer un régime fiscal on ne peut plus rigoureux contre des industries de fabrication d’eaux de table, des limonades, des jus ainsi que des lotions et des laits de beauté.
PL.