Selon Le Soft online, publication dont le fondateur n’est autre que le professeur Kin-Kiey Mulumba, élu de Masimanimba, les élections de 1960 avaient vu Cléophas Kamitatu triompher face à Antoine Gizenga. Notre confrère estime qu’à l’issue de ce scrutin, le premier organisé au Congo ex-Belge, il y avait eu un partage des postes qui aurait laissé Antoine Gizenga « groggy » au point de se voir proposer en guise de consolation le poste de vice-Premier ministre par Patrice Lumumba, le grand vainqueur de cette consultation nationale. Une affirmation qui a fait bondir Joachim Diana Gikupa, éditeur de La Colombe, un lumumbiste pur et dur proche du patriarche-fondateur du Palu. « Il veut nous dire que ces élections avaient eu lieu avant la Table-Ronde de Bruxelles de janvier 1960 comme si, à suivre le professeur Kin-Kiey, alias T. Matotu, le partage des postes avait eu lieu avant l’indépendance. Etonnant ! », fulmine Diana qui ne s’arrête pas en si bon chemin et décide de remettre les points sur les i en réparant ce qu’il considère comme « des véritables erreurs historiques et politiques commises par le professeur Matotu dans sa haine contre le patriarche lumumbiste, Antoine Gizenga ». Pour le confrère, « lorsqu’on est trop imbu de soi, souvent, si pas toujours, on s’enferme dans l’ignorance ». S’estimant obligé d’aller jusqu’au bout parce que, « après que les lumumbistes aient subi la loi de l’iniquité, eux qui avaient remporté les élections organisées par les Belges, personne ne peut plus accepter aujourd’hui les indélicatesses de la cinquième colonne ».
En termes clairs, pour Diana Gikupa, personne ne peut impunément se décharger sur Patrice Lumumba, Pierre Mulele, Mzee Laurent Désiré Kabila ou Antoine Gizenga, …
Dans la livraison du Soft qu’il entreprend d’autopsier rageusement, il accuse T. Matotu, assimilé au Fondateur de cette publication de prendre depuis un temps le parti de Cléophas Kamitatu qu’il proclame « héros de l’indépendance ». « On laisse aux Congolais et aux Kwilois d’en juger. En attendant que le professeur se mette à l’école de ‘Je connais le Congo’ et se laisse enseigner par Thomas Luhaka Losendjola. Mettons à nu ces erreurs indignes d’un professeur d’université.
Sous le sous-titre ‘mystico-religieux’, parlant de Antoine Gizenga, des Pende et des Mbuun, il –(Kin-Kiey) écrit que bien que ne provenant pas d’une même lignée angolaise,Pende et Ambuun sont si liés peuplant des territoires si voisins qu’ils ont ensemble subi la pire rébellion qui se soit abattue sur le Kwilu, la première de l’histoire du pays. Une histoire qui aide à débrouiller l’écheveau des rapports enchevêtrés qui marquent cette province de l’ex-Bandundu, certainement l’un des derniers bastions du kabilisme ». Voilà qui a le don de provoquer la furie de Diana, qui n’a jamais fait mystère de ses affinités avec le régime de Joseph Kabila, allié du Palu de Gizenga : « Le Kwilu est l’un des derniers bastions du kabilisme, reconnaît Kin-Kiey. Et pour lui, ce kabilisme se fait dans le regret, voire dans le rejet de la lutte de Pierre Mulele. On se demande donc, lorsqu’il parle de kabilisme, à qui il pense. Sans doute à Joseph Kabila. Il est en déphasage avec les vrais kabilistes dont Joseph Kabila lui-même. Pour tous ces kabilistes non opportunistes, le kabilisme renvoie à Mzee Laurent Désiré Kabila alors que Kin-Kiey lui, un des chantres du mobutisme du vivant de Mobutu, est d’une autre école, celle des chantres-flatteurs ». Car pour le patron de La Colombe, le lumumbisme est né après la mort de Lumumba comme le christianisme est né après la mort du Christ. Raison pour laquelle de son vivant, Joseph, fils de Mzee Laurent Kabila a toujours abhorré le culte de personnalité.
Tribaliste de bas étage
Diana reproche à T. Matotu de réduire Antoine Gizenga à sa tribu au point d’écrire : « Les icônes ne meurent jamais. Vénéré comme nul autre dans le Kwilu, par sa tribu Pende qui majoritairement peuple Gungu, territoire de l’Est du district depuis province, Gizenga qui fête ses 93 ans de vie lundi 25 septembre, dans une énième propriété du cossu quartier de Ma Campagne offerte par l’Etat en signe de reconnaissance du patriarcat, reste et restera un mythe jamais percé ». Il y voit un comble de contradiction de la part d’un homme qui ignore tout de la dialectique. « Son article est intitulé : ‘Gizenga la fin’. Comme pour dire que l’icône serait morte, Qui peut le prendre au sérieux ? L’Etat qui a honoré Gizenga, est-il un Etat pende ? Le plus ridicule, c’est lorsqu’il voudrait opposer à Gizenga le défunt Cléophas Kamitatu tout simplement parce qu’il serait de Masi-Manimba comme lui. Il prétend même que Gizenga aurait émergé à l’ombre sinon aux côtés de Kamitatu qu’il liste à tort comme un des fondateurs du Parti Solidaire Africain (PSA) ». Manifestement Joachim Diana s’insurge de lire dans les pages du Soft au sujet du Patriarche Antoine ce qui suit : « Son nom fait surface avec un certain Cléophas Kamitatu, originaire comme lui du Kwilu, issu de l’ethnie minoritaire Ngongo, dans le territoire de Masimanimba à l’Ouest avec qui, à l’aube de l’Indépendance, il fonde le PSA, Parti Solidaire Africain ». Mais aussi que « c’est Pierre Mulele, Ambuun (ou Mbunda ou Mumbunda), ethnie minoritaire de Gungu, du secteur Lukamba qui en conçoit le projet ‘nationaliste radical révolutionnaire panafricain’, en offre la présidence à Antoine Gizenga, un homme sans histoire œuvrant dans le privé et dans l’enseignement, issu de l’ethnie Pende majoritaire de Gungu quand il se réserve le poste de Secrétaire Général et confie la méga-province de Léopoldville à Cléophas Kamitatu ».
Mensonge ou ignorance
Pour Diana Gikupa, c’est soit du mensonge, soit de l’ignorance, ou les deux ensemble. Car selon lui, « Kamitatu n’est ni fondateur, ni cofondateur du PSA. Car, si tel était le cas, il n’aurait pas laissé la direction de ce parti politique à Gizenga. On sait que tout son combat aura été de ravir le leadership de ce parti des mains de Gizenga ». Il ajoute que Kin-Kiey verse dans une véritable confusion. « Selon lui, Kamitatu (avec Gizenga) aurait créé le PSA et Pierre Mulele en aurait réalisé le projet et la ligne nationaliste et panafricaine. Qui peut comprendre cela ? Gizenga crée un parti (avec Kamitatul) et Mulele lui en aurait confié la direction. Est-il concevable que l’on crée un parti et que non seulement l’on en reçoive la direction d’une tierce personne, mais aussi que l’on en laisse à une autre personne le soin d’en concevoir le projet ? », s’interroge le confrère pour qui la création d’une formation réside dans la réalisation de son projet politico-idéologique, ce qui disqualifie selon lui la thèse selon laquelle Kamitatu aurait créé avec Gizenga le PSA auquel Pierre Mulele aurait donné un contenu idéologique. « Incompréhensible surtout lorsqu’on sait que cette ligne nationaliste et panafricaine ressort dans la dénomination du parti, « Parti solidaire africain, donc dans le projet même de création du parti ».
La vérité pour Diana, c’est que Mulele avait créé le PSA. Il était à la recherche d’un leader pour le diriger. Son choix s’est porté sur Antoine Gizenga qui, d’ailleurs, s’était fait prier pour accepter. Il est d’avis par ailleurs que si Gizenga était « sans histoire », Pierre Mulele et ses amis ne seraient pas allés le quérir pour incarner ce parti. « Pendant ce temps, Kamitatu nourrissait l’ambition de diriger ce parti. C’est ainsi qu’après avoir offert la direction nationale à Gizenga, on en confiera la direction provinciale du Kwilu à Kamitatu. Ce sera une vraie catastrophe parce que Kamitatu dirigera le parti en province comme un bien sans maître, ne rendant aucun compte à Léopoldville retenant même pour son usage personnel les cotisations des militants de la province, fief vital du parti. Ce qui explique des lettres de la direction nationale rappelant Kamitatu à l’ordre. Kin-Kiey devrait s’informer avant d’écrire n’importe quoi ».
Partage du pouvoir et confusion de genres
Pour Diana Gikupa, là où T. Matotu est impardonnable, c’est lorsque, évoquant les élections de la première législature postcoloniale, il les situe en 1959 et parle d’un partage du pouvoir dans le gouvernement Lumumba en y mêlant Cléophas Kamitatu. « Il enjambe, sans doute par ignorance, une importante étape des relations entre Kamitatu et Gizenga. Il semble ne pas savoir qu’avant les élections qui ont conduit Patrice Lumumba au pouvoir, existait déjà un PSA/Gizenga allié à Lumumba et un PSA/Kamitatu allié à Kasa-Vubu. Quand est-ce que donc, on aurait donné à Kamitatu la province de Léopoldville après que Gizenga se soit retrouvé bredouille ? En fait, Kamitatu figurait dans le quota de Kasa-Vubu alors que Gizenga faisait partie du lot des lumumbistes ».
Plus grave, lorsque Le Soft fait état des élections de 1959 au terme desquelles Kamitatu aurait « tout raflé », Diana ironise : « Voudrait-il nous prétendre que Patrice Lumumba est devenu Premier ministre avant la Table-ronde de Bruxelles, donc avant l’indépendance ? En réalité, Kin Kiey confond et parle des élections municipales qui furent les seules à être organisées avant la table-ronde de Bruxelles, les législatives n’ayant eu lieu qu’après la table-ronde de Bruxelles de 1960 dans le but de doter au pays d’institutions avant l’indépendance prévue le 30 juin 1960. « Sauf par une alchimie institutionnelle inédite, on ne distribue pas les postes de gouverneurs de provinces à l’issue des élections législatives nationales », fait observer à ce sujet Diana pour nul n’a pu donc confier à Cléophas Kamitatu la province de Léopoldville « au détriment d’Antoine Gizenga resté groggy, recevant de Lumumba la vice-primature du gouvernement central comme un lot de consolation ainsi que l’a écrit le professeur Kin Kiey, alias T. Matotu ». Et de souligner, à propos des législatives d’après la table-ronde de Bruxelles, que le PSA/Kamitatu n’apparait nulle part. « Le MNC/Lumumba s’en est sorti avec 41 sièges, le PSA/Gizenga 13 sièges, l’ABAKO de.Kasavubu 12 sièges. Pour disposer de la majorité au parlement, Lumumba s’était allié au PSA/Gizenga, au CEREA de Kashamura et à la Balubakat de Jason Sendwe auquel appartenait le jeune Laurent Désiré Kabila. Dans cette coalition, Antoine Gizenga était donc un véritable poids lourd poids, son parti constituant la deuxième force du regroupement lumumbiste. On ne quémande pas un poste de vice Premier ministre dans ces conditions. C’était dans l’ordre normal des choses. C’est ça l’histoire et il ne faut pas la falsifier ». Comme pour mettre en valeur Kamitatu aux dépens de Gizenga T. Matotu en a rajouté : « La province de Léopoldville est très vaste. Elle couvre tout le pays Kongo, s’étend sur l’actuelle ville de Kinshasa, le Kongo Central et l’ex-Bandundu. Régner sur un tel territoire, une puissance économique et politique de premier ordre, fait de l’ancien président provincial du PSA-Kwilu, un personnage central de la scène politique nationale » a-t-il écrit. Réaction de Diana : « C’est un véritable galimatias au sujet des élections législatives post-table-ronde. On se demande si dans la tête de Kin-Kiey les choses sont claires. Il confond la coalition qui a donné la majorité parlementaire et le cartel de jadis qui avait mis le PSA et l’Abako ensemble. Un cartel qui avait volé en éclats autant que le PSA lui-même divisé en en deux blocs, l’un pro Kasavubu avec Kamitatu à sa tête et l’autre lumumbiste avec comme chef de file incontesté Antoine Gizenga. Lumumba lui-même ne s’y est pas trompé en appelant Gizenga à la plus haute charge de l’exécutif national après lui. Seul le professeur Kin Kiey ‘Matotu’ semble croire qu’il vaut mieux être gouverneur de province que vice-Premier ministre du gouvernement central. Pour tout intellectuel normalement constitué, entre ces deux personnalités de l’ex-Bandundu, il n’y a pas photo ».
Dont acte.
Le Maximum