Où en est-on avec les dossiers de deux experts de l’ONU ainsi que des policiers congolais décapités dans la région du Kasaï, au centre de la RDC, par les terroristes se réclamant de « Kamuina Nsapu ». Est-ce qu’un dossier a été ouvert au niveau interne par la justice congolaise ? Qu’en est-il des fosses communes présumées ? Voilà les différentes questions qui ont été au cœur des discussions entre le groupe d’experts onusiens en mission à Kinshasa, les hauts officiers supérieurs des FARDC et la Ministre des Droits Humains, jeudi 26 octobre 2017, à l’Hôtel du Gouvernement.
Présidée par Marie-Ange Mushobekwa, cette rencontre était focalisée sur l’enquête qui devra être diligentée par ces experts internationaux, sur les atrocités commis dans le Kasaï. Toutefois, la Ministre des Droits Humains a saisi l’occasion pour recadrer certains points, contrairement, au rapport publié par le Haut Commissariat aux Droits de l’Homme de l’ONU, sur le drame dans cette partie du pays. Elle a insisté sur la nécessaire impartialité des enquêteurs onusiens sur le terrain, tout en les assurant du soutien du gouvernement. « Nous vous garantissons tout notre apport afin que les choses soient tirées au clair. Les enquêtes prendront les temps qu’elles peuvent prendre, mais l’essentiel est que le travail se fasse calmement. Que ce soit la mort des experts de l’ONU ou de 39 policiers congolais. La volonté du gouvernement y est. Toutes les victimes ont droit à la justice. Ne soyez pas influencés par qui que ce soit. Nous sommes prêt à vous accompagner jusqu’au bout de l’enquête », a déclaré Marie- Ange Mushobekwa.
S’agissant de la question sur les enfants recrutés par la Milice « Kamuina Nsapu », la partie gouvernementale a signifié que plus de 300 mineurs ont été démobilisés et récupérés et d’ores et déjà mis à la disposition de l’UNICEF pour leur réadaptation sociale. Concernant le processus de réconciliation, il faut noter que le vice-premier ministre, ministre de l’Intérieur et sécurité poursuit avec les dialogues entre les communautés antagonistes. « On ne toutefois pas espérer réconcilier durablement sans que la vraie justice soit rendue», a souligné un expert du gouvernement.
Pour sa part, l’Auditeur Général des FARDC a présenté un rapport aux enquêteurs onusiens qui atteste le travail abattu par la justice militaire congolaise en collaboration avec le Bureau Conjoint des Nations Unies des Droits de l’Homme, (BCNUDH), sur les crimes au Kasaï. Le Général-Major Ponde a indiqué que des dossiers ont été ouverts et sont sous instructions de l’Auditorat (parquet) militaire dont l’évolution est en cours. « Une enquête judiciaire ne se précipite pas. L’assassinat de deux experts de l’ONU à Kananga ne fait nullement honneur à notre pays », a dit le haut magistrat militaire. « Nous vous garantissons que vous allez travailler librement. Nous croyons que dans le cadre de la recherche de la vérité, les Forces Armées de la RDC restent ouvertes afin de vous appuyer pendant votre enquête. C’est pour vous montrer que notre justice fonctionne », a-t-il renchéri.
Nommés depuis le mois de juillet dernier par le Haut-commissariat des Nations Unies aux Droits de l’Homme, ces enquêteurs ont un mandat de travailler pendant une année à cheval entre Kananga et Genève. « Nous avons pris acte de la disponibilité et de toutes les réponses qui nous ont été données lors de cette rencontre. Cela prouve l’engagement et la volonté du Gouvernement congolais de coopérer avec les experts de l’ONU, sur cette question du Kasaï », a conclu le Chef de la Délégation des experts Onusiens.
Jordache Diala