Dans une note publiée sur la chaîne de télévision américaine CNN peu avant son périple africain, la représentante permanente des Etats-Unis aux Nations-Unies a clairement défini les intérêts de son pays sur le continent, qui sont essentiellement humanitaires, économiques et stratégiques. En séjour en RD Congo, l’émissaire de Donald Trump a manifesté tout l’intérêt que son pays porte sur les problèmes humanitaires en consacrant la primeur de ses activités à un déplacement express à Kitchanga, un camp de déplacés qui abrite 15.000 âmes. C’est de ce camp situé dans le Masisi, dans la province malmenée du Nord Kivu qu’ont été lancées les premières déclarations de l’américaine sur la situation sécuritaire et humanitaire de la RD Congo. Le 26 octobre 2017, Nikki Haley a recommandé à la communauté internationale, notamment, de faire ce qui est nécessaire pour permettre aux femmes déplacées de retourner dans leurs milieux d’origine, en réponse aux préoccupations qu’elles lui avaient soumises. Une recommandation diversement commentée par les observateurs, et qui amène d’aucuns à se répandre en conjectures parce qu’elle touche au problème fondamental de la RD Congo : l’insécurité à la base du drame humanitaire vécue par les populations de l’Est de ce territoire vaste comme un continent et riche, très riche de son sol et de son sous-sol, qui font l’objet de la convoitise de tout ce que le monde compte de puissants, dont… les Etats-Unis d’Amérique. A Kichanga, ce sont les pyromanes que Nikki Haley a appelé à tout faire pour mettre fin au drame humanitaire que vit la RD Congo depuis 20 ans. Et cet appel a été perçu comme mou, et quelque peu timide pour ceux des observateurs qui sont persuadés que la toute puissante Amérique ne peut pas ne pas savoir ce qui se dissimule derrière l’insécurité récurrente dans les régions minières de l’Est rd congolais : la mainmise étrangère, pour ne pas dire des puissances du globe, sur les richesses naturelles de la RD Congo. L’émissaire de Donald Trump aurait ainsi évité de s’aventurer trop loin dans la dénonciation d’une situation humanitaire dont l’amélioration demeure tributaire de certains intérêts économiques et stratégiques, parmi lesquels ceux des Etats-Unis (?), dans la région.
A Kichanga, tous les représentants des puissants de la planète s’y rendent depuis 20 ans, mais rien ne change dans la région, notent de nombreux Congolais qui se sont abondamment exprimé sur la question dans les réseaux sociaux. En appelant mollement « la communauté internationale » à mettre fin au drame est rd congolais, Nikki Haley a enfoui la responsabilité de son pays derrière cette entité anonyme et hybride. Ce qui a été perçu comme une fuite devant d’évidentes responsabilités. Pour ne pas compromettre la possibilité de « faire des affaires » sur le dos des femmes meurtries et déplacées de Kichanga, pour ne citer qu’elles.
A cet égard, certains observateurs rappellent fort opportunément que l’une des toutes premières décisions de l’administration Trump fut l’abrogation de la loi Dodd Frank adoptée en 2010 sous Barack Obama sur les minerais dits du sang. Cette législation visait à mettre fin au drame vécu par les populations de l’Est rd congolais en brisant les liens entre l’exploitation des minerais et la prolifération des groupes armés dans la région en obligeant des sociétés cotées en bourse aux Etats-Unis à s’assurer de la provenance de leurs approvisionnement en matières premières. En abrogeant la Dodd Frank, l’administration Trump aura en réalité conribué à encourager indirectement les exactions des bien nommées « forces négatives » qui sévissent à l’Est de la RD Congo, estiment des analystes comme Samy Bosongo, journaliste et analyste rd congolais. Au nom des intérêts stratégiques et économiques américains qui passent avant toutes choses pour le nouveau locataire de la Maison Blanche.
J.N.