Dans son empressement à devenir Calife à la place de son Calife, l’ancien gouverneur de la défunte province du Katanga, Moise Katumbi, a multiplié impairs et faux-pas au point que le rêve qu’il caresse depuis près de deux ans maintenant et dont il situait la concrétisation à trois mois de sa rupture fracassante avec son « créateur », Joseph Kabila, paraît de plus en plus chimérique. Le richissime ex. roi du Katanga n’a pourtant jamais lésiné sur les moyens pour réaliser sa lancinante ambition. Une partie de la fortune amassée sur le dos des Katangaises et des Katangais y a été massivement consacrée. En vain jusqu’à ce jour. Le projet de cet ancien livreur de poissons aux cantines de l’entreprise d’Etat, la Gécamines, de s’emparer du prestigieux ‘top job’ de la RDC avec l’appui d’un groupe de mercantilistes européens et américains en échange de juteux carré miniers prend les allures d’un château en Espagne.
Transposant en politique une méthodologie qui lui avait spectaculairement réussi en affaires grâce à l’entregent de son demi-frère, l’homme d’affaires Katebe Katoto, Moïse Katumbi avait fini par vouloir s’imposer dans les affaires d’Etat en surfant sur la célèbre « philosophie » du « chance eloko pamba », chère à une catégorie de petits débrouillards congolais. Décidé à faire feu de tout bois, l’homme a fini, en n’hésitant pas à utiliser tous les moyens, licites ou illicites à cette fin, par démobiliser beaucoup de ceux qui avaient vu en lui un nouveau leader capable de gérer, même par procuration la République Démocratique du Congo.
Apologie des crimes terroristes au Kasaï
Début 2016, à la suite d’un conflit de succession entre lignées rivales au sein de la famille régnante de la petite chefferie traditionnelle de Kamuina Nsapu au Kasaï Central, Jean-Pierre Pandi, le leader d’un des deux clans rivaux s’était soulevé contre les autorités provinciales qui traînaient trop à son goût à prendre acte de sa suprématie sur cette entité coutumière du territoire de Dibaya. Pour soutenir ses revendications et faire pression sur le gouverneur du Kasaï Central, ce tradipraticien qui se faisait pompeusement appeler « médecin » a levé une milice privée composée de jeunes désœuvrés et d’enfants qu’il a drogué et entraîné au maniement d’armes blanches et d’armes à feux dont ils se sont emparés en attaquant des postes de police du Kasaï Central. Des représentants des pouvoirs publics, agents de l’ordre, préposés de la Commission Electorale Nationale Indépendante et d’inoffensifs citoyens, dont le seul tort était de ne pas parler les dialectes en usage dans cette province furent harcelés, attaqués, massacrés de préférence par décapitation dans des circonstances particulièrement atroces et néanmoins théâtrales. Diverses infrastructures sociales dont des écoles, des hôpitaux et des paroisses ont été pillées et réduites en cendres par ces malfrats.
Les services de police débordés, les Forces armées de la RDC seront envoyées à la rescousse des populations civiles dont plusieurs dizaines de milliers, épouvantées, trouvèrent refuge dans des provinces voisines, voire en Angola, dont le territoire jouxte la province du Kasaï Central.
Curieusement, alors que la Nation toute entière et la communauté internationale s’émeuvent de cette nouvelle forme de criminalité jamais expérimentée en RD Congo, les bandes terroristes revendiquant, souvent abusivement l’étiquette de Kamuina Nsapu alors que le litige de succession qui avait provoqué la radicalisation de Jean-Pierre Pandi, mort lors d’affrontements avec les forces de sécurité, venait de trouver une solution avec l’intronisation de son successeur selon les règles de la coutume locale, les responsables de l’opposition dite « radicale » se cantonnent dans un silence assourdissant face à tant de barbarie, peut-être dans l’espoir d’en tirer profit. Plusieurs chroniqueurs ont critiqué cette attitude de cette partie de la classe politique congolaise que nul n’a jamais entendu prendre clairement position pour la fin de ces violences humainement inacceptable. L’opinion publique sera particulièrement intriguée lorsqu’il y a quelques mois, une antenne kinoise des terroristes Kamuina Nsapu sera démantelée par les forces de sécurité de la capitale à la suite d’une série d’attaques ciblant des établissements pénitentiaires et le marché central de Kinshasa dont l’administrateur et son garde du corps seront abattus froidement. Selon le porte-parole de la Police nationale, les présumés assaillants seront présentés comme des activistes connus et reconnus d’un parti de l’opposition radicale, recrutés au quartier général de ladite formation politique dont les responsables se tinrent coi.
Mais pour sa part, Moïse Katumbi ne s’est pas embarrassé des mêmes précautions. Dans une vidéo postée sur You Tube, l’ex roi du Katanga a carrément apporté son appui aux égorgeurs et les engageant ‘expressis verbis’ à « ne pas déposer les armes tant que Joseph Kabila demeurera au pouvoir ». En français et en langues nationales, lingala et swahili. Ce que ses clients et alliés de l’aile dite radicale du Rassemblement de l’opposition pensaient peut-être tout bas, Katumbi, candidat déclaré à la présidence de la République, de plus en plus pressé d’en découdre, l’a dit tout haut. A ses risques et périls, car les actes qu’il a ainsi encouragés, ne sont ni des petits vols à l’étalage, ni des incivilités ordinaires mais des crimes terroristes.
Le terrorisme de ces bandes que l’on a vu à l’œuvre dans l’espace kasaïen et dans la capitale se décline comme un déferlement de violence aveugle destiné à causer le maximum de victimes innocentes possibles et à semer dans la population une terreur qui a fait de dizaines de milliers de Congolais des déplacés dans leur propre pays et poussé d’autres sur les chemins de l’exil à l’étranger. Leurs rituels barbares (décapitations systématiques et rites anthropophagiques) qui poursuivaient l’objectif aussi bien de gagner définitivement des très jeunes recrues (enfants de moins de quinze ans) à cette barbarie durant toute leur vie que d’atteindre de la plus belle manière l’objectif ultime du terrorisme, à savoir répandre et entretenir une peur panique parmi les paisibles populations du cru. Sans aucun scrupule, tout entier engoncé dans une sorte de folie de grandeur, Katumbi se sera donc permis de parrainer une des formes les plus dégoûtantes du terrorisme contemporain.
Des parrains gênés
Nombre d’observateurs avertis de la situation en République Démocratique du Congo auraient depuis lors entrepris de recommander aux membres de la cour que Moïse Katumbi s’est constituée particulièrement au sein du premier parti de l’opposition rd congolaise, l’UDPS, de recommander avec insistance à ces derniers de prendre quelque distance de l’ancien gouverneur de l’ex. Katanga. L’homme pour qui le tapis rouge était déroulé dans nombre de capitales occidentales et qui bénéficiait des soutiens de taille jusqu’au Vatican semble de plus en plus isolé. Dans ces milieux très frileux par rapport aux fléaux du terrorisme et de la criminalité transfrontalière, des voix s’élèvent pour fustiger l’inaptitude incurable de Moïse Katumbi, qui n’a pas su tirer son épingle de jeu des lobbyings menées par des mercantilistes sans foi ni lois. Ils s’y sont tous piqués à force de s’y frotter. La légèreté avec laquelle l’homme s’est acoquiné avec les égorgeurs du Kasaï dont on a eu récemment une idée de l’indicible cruauté avec la scène du viol suivi de décapitation filmés d’une femme coupable de leur avoir servi un plat « non conforme » à leurs gris-gris, aura plus contribué à ternir son image que ses incohérentes arguties dans les médias périphériques aux ordres.
Le premier à avoir donné le ton de cette disqualification de Moise Katumbi au sein de la pègre néocolonialiste n’est personne d’autre que Félix Tshilombo Tshisekedi, réputé jusque-là pour être son factotum en chef. En annonçant sa candidature à la présidence de la République dans le dos de celui qui avait jusque-là soutenu son train de vie dispendieux, le fils d’Etienne Tshisekedi a donné la première alerte auprès des faiseurs des rois occidentaux sur le fait que Moise Katumbi n’avait décidément pas la posture de rassembleur de l’opposition congolaise qu’on lui prêtait, à tort. Comme quoi il y a des choses que l’argent ne peut parvenir à acheter durablement…
Par ailleurs, restée longtemps délibérément sceptique sur le caractère terroriste des milices estampillées Kamuina Nsapu, les médias globaux auront été confondus par une évidence apodictique des faits, notamment à travers les images filmées par les concernés eux-mêmes de leurs scènes macabres, dont celle de décapitation de deux experts des Nations Unies, Zaïda Catalan et Michael Sharp. Circonvenus par des milieux du Rassemblement de l’opposition avec un certain Clément Kanku à la manœuvre, les deux infortunés étaient tombés dans le piège des bourreaux assoiffés de sang qui n’avaient pas manqué l’occasion de leur faire subir le traitement qu’ils avaient coutume de réserver à leurs compatriotes, voire aux forces de l’ordre, à l’instar de cette quarantaine des policiers assassinés à coup de machette à Kamwesha, alors qu’ils étaient en pleine mission de pacification de la contrée.
Pendant que des médias autrement crédibles et professionnels comme le New York Times, dont on ne peut douter de la sympathie vis-à-vis des milieux du Rassemblement de l’opposition dite radicale, avaient compris, en dévoilant la complicité de Clément Kanku, député national élu de Dibaya, dans les forfaitures des Kamuina Nsapu, écoutes téléphoniques à l’appui, que l’heure de la clarification avait sonné. Notre consœur belge La Libre Belgique, connue pour son anti-kabilisme viscéral, avait pour sa part bu la ciguë jusqu’à la lie en offrant complaisamment ses colonnes à un présumé chef terroriste en fuite pour qu’il se répande en démentis grotesques. Après avoir servi sur un plateau d’or à Clément Kanku un copieux « droit de réponse » sur ses colonnes. Le monde à l’envers, même si on sait qu’en ce qui concerne son ancienne colonie et pour des raisons qu’ils sont les seuls à maîtriser, certains milieux belges ont montré au cours de l’histoire récente leur capacité à faire pire, par exemple faire passer le leader indépendantiste Héros National Patrice Lumumba révéré par tous les Congolais et Africains pour un « dangereux communiste à éliminer à tout prix » et son principal bourreau congolais, Joseph Désiré Mobutu, pour « un sauveur et un allié sûr » pour les nations civilisées.
JBD